shenton a écrit :
nous sommes parfaitement d'accord. les premieres approches de la musique se font dans un cadre tonal. mais si ça reste vrai dans des musiques simples ou dans la plupart des melodies de varité, on s'en ecarte rapidement dans des musiques plus sophistiquées. et pas seulement dans des musiques modernes. on peut trouver de nombreux cas (pour ne pas dire plus) dans les oeuvres de Bach, Vivaldi, Mozart, Ravel et bien d'autres ou meme si on est sur une base tonale on est obligé d'avoir une approche modale pour etudier les developpements.
Ca c'est ce que tu crois sans doute parceque tu n'as peut être pas assez bossé le tonal et cherché d'emblée des alternatives parceque tu ne parvenais pas à analyser ce qui se passait.
Très souvent c'est juste du tonal qui est élaboré et sophistiqué, et non une approche avec des plages modales qui s'enchainent plus ou moins rapidement, et si on a pas une oreille très solide sur les bases tonales, on va passer à côté de la logique et de ce qu'a vraiment cherché à faire le compositeur et du coup se compliquer.
Un exemple type qui met justement en valeur le raccourcis qui rallonge que tu prends c'est par exemple le morceau de Donna Sumer love to you baby, dont il a été question dans un autre sujet.
Comme tu as tendance à vouloir tout expliquer en modal par accord dès que des notes semblent pas rentrer dans la gamme majeure, alors tu jettes l'éponge du tonal et te lance dans une analyse modal.
Mais faire ça c'est justement plus compliqué.
C'est comme si tu vas un bal masqué, et que tu vois des gens avec toutes sortes de masques et déguisement. Normalement tu dois te dire à tiens c'est jean paul avec un masque et germaine avec un déguisement, mais avec ton approche tu vas te dire, ha mais que sont ces formes de vies étranges, qui sont ces extraterestres ?
Sur le morceau de donna summer c'est typiquement, ça tu vois quelques chose qui ne te rappelle rien, alors qu'en fait c'est une cadence en quinte descendante avec quelques artifices.
Et c'est en fait très souvent comme ça.
Sur pas mal de trucs de jazz je pourrais pas dire quelle est la base, mais je considère que c'est parceque j'ai pas le niveau pour saisir.
Et pour ma part je pense que si on comprends pas la logique, et les subitilités qui ont amenés là, alors c'est même pas la peine de chercher à improviser dessus.
C'est pour ça que je pense que la technique que tu proposes n'apporte pas grand chose, car elle va tenter de court circuiter ce qu'on ne saisis pas sans permettre de construire petit à petit .
Encore une fois le morceau de donna summer est l'exemple type. C'est parceque j'ai bossé le tonal que je me suis rendu compte que la base était bel et bien tonale.
Une fois qu'on a saisis la base ça permet de ne considérer que les petits modifications au cas par cas.
C'est plus simple à appréhender que se retrouver avec à chaque fois des choses qui ne semblent avoir aucune cohérence
shenton a écrit :
tu dis ensuite :
"Generalement quand on parle de mode sur chaque accord c'est qu'on considère chaque accord isolément et qu'on considère qu'ils n'ont pas de rôle spécifique dans une cohérence globale."
c'est tout a fait vrai. mais d'une part, en jazz, on est souvent (pour ne pas dire tout le temps) confronté à des grilles ou la logique harmonique est quasiment absente, soit parceque le compositeur l'a voulu, soit parcequ'il y a tellement de modulations et de substitutions qu'on n'y reconnait plus rien. (si tu veux des exemples, je peux t'en donner, mais je suis sur que tu n'as pas besoin de moi pour ça).
d'autre part, meme s'il y a une coherence globale, il n'est pas impossible de faire une etude modale isolée de chaque accord sans que ça detruise le moins du monde la coherence de la grille et la presence des fonctions. ça a d'une part le grand avantage de bien gerer les substitutions et ça se prete parfaitement à l'evolution de l'improvisation modale, technique fondamentale dans le jeu out.
voila pourquoi depuis longtemps deja je me suis orienté vers cette approche (developpement des gammes modales de chaque accord) et j'en ai tiré un resultat totalement satisfaisant.
dire que c'est une mauvaise voie pour debuter, c'est sur qu'il y a des choses plus fondamentales à faire avant, mais je suis persuadé que c'est rapidement une excellente approche pour developper son jeu d'improvisation. et c'est pour ça que je me permet d'insister lourdement à chaque occasion meme si ça gonfle un certain nombre d'entre vous, ce qui ne m'amuse pas du tout contrairement à ce qu'on pourrait croire.
Tu peux avoir un compositeur qui fait exprès de fuir par endroit la cohérence tonale, mais même là, il n'ignore pas le tonal, il joue de sa grande connaissance du sentiment tonal pour s'en écarter et en jouer.
Et là dessus considérer d'emblée qu'il n'y aucune cohérence tonale n'est pas la bonne approche, car on perd le peu de repères qui existaient.
bref pour moi l'exemple du sujet avec donna summer exprime parfaitement le problème de ton approche qui est bien trop "c'est tout ou rien" alors qu'il y a pas mal de marge avant d'arriver à rien.