lerebelle a écrit :
Le pb de Kyoto est bien plus complexe qu'il n'y paraît à regrder les Guinols de l'info. Cf. ce texte de la documentation française :
La position américaine: impasse ou alternative ?
Les Etats-Unis constituent le premier "producteur" de gaz à effet de serre avec une part des émissions égal à environ 25 % du total mondial. Historiquement, l'énergie a été abondante et relativement bon marché sur le sol américain, et la population consomme à peu près 70 % d'énergie (per capita et par dollar) de plus que les habitants de la plupart des pays industrialisés.
Cependant, depuis la fin des années 80, les gouvernements ont été partisans d'une lutte contre l'effet de serre. Consciente de l'insuffisance des mesures incitatives, l'administration Clinton a décidé de s'engager dans une démarche plus volontariste qui l'a conduite à signer le Protocole de Kyoto en décembre 1997.
Ardents promoteurs des permis d'émissions, les Etats-Unis ont réussi à convaincre l'ensemble de leurs partenaires ,y compris les plus réticents, de la pertinence d'un recours à ces "mécanismes de flexibilité".
Toutefois, l'objectif d'une réduction des émissions de 7% par rapport au niveau de 1990 fixé dans le Protocole de Kyoto est vite apparu beaucoup trop contraignant et coûteux en termes de croissance. Le nouveau gouvernement Bush a donc choisi de se retirer des négociations tout en proposant quelques mois plus tard un plan alternatif au modèle de Kyoto.
LE REFUS DU PROTOCOLE DE KYOTO
Le 13 mars 2001, le président américain nouvellement élu, G.W. Bush, annonçait le refus des Etats-Unis de réglementer leurs émissions de gaz à effet de serre et leur rejet du Protocole de Kyoto.
Cette position a été formulée dans une lettre adressée à quatre sénateurs républicains opposés au Protocole: MM. Chuck Hagel (Nebraska), Jesse Helms (Caroline du Nord), Larry Craig (Idaho) et Pat Roberts (Kansas).
"Je vous remercie de votre lettre du 6 mars 2001 à propos de la position de mon gouvernement sur les changements climatiques mondiaux, en particulier sur le protocole de Kyoto et sur les mesures prises pour réglementer les émissions de gaz carbonique dans le cadre de la loi sur la salubrité de l'air. Mon gouvernement accorde une grande importance à la question des changements climatiques mondiaux.
Comme vous le savez, je suis opposé au protocole de Kyoto parce qu'il exempte 80 % du monde, notamment des pays très peuplés tels que la Chine et l'Inde, et parce qu'il porterait gravement atteinte à l'économie des Etats-Unis. Le vote du Sénat (95 voix contre 0) montre que les sénateurs sont d'avis que le protocole de Kyoto constitue un moyen injuste et inefficace de faire face aux préoccupations relatives aux changements climatiques mondiaux.
Comme vous le savez, je suis en faveur d'une politique énergétique nationale qui soit équilibrée et qui tienne compte de la nécessité d'améliorer la qualité de l'air. En conséquence, j'ai l'intention d'oeuvrer de concert avec le Congrès en vue de l'élaboration d'une stratégie exigeant que les centrales réduisent leurs émissions d'anhydride sulfureux, d'oxydes d'azote et de mercure. Une telle stratégie devrait prévoir une réduction progressive des émissions au cours d'une période de temps raisonnable, tout en offrant une certitude sur le plan réglementaire et des incitations commerciales visant à aider ce secteur à remplir les objectifs fixés. Toutefois, je ne pense pas que l'Etat doive exiger que les centrales réduisent leurs émissions de gaz carbonique, car ce gaz n'est pas un " polluant " selon la loi sur la salubrité de l'air.
D'après un rapport récent du ministère de l'énergie, " Analysis of Strategies for Reducing Multiple Emission for Power Plants " (Analyse des stratégies visant à réduire les émissions de plusieurs gaz par les centrales), la limitation des émissions de gaz carbonique dans le cadre d'une stratégie de réduction des émissions de plusieurs gaz entraînerait un abandon encore plus considérable du charbon au profit du gaz naturel pour la production d'électricité et une hausse bien plus forte des prix de l'électricité que si l'on réduisait uniquement les émissions d'anhydride sulfureux et d'oxydes d'azote.
C'est là une nouvelle information importante qui justifie une réévaluation (de notre position), en particulier dans une période de hausse des prix de l'énergie et de grave pénurie d'énergie. Le charbon est la source de plus de la moitié de l'électricité aux Etats-Unis. Alors que la Californie connaît déjà une pénurie d'énergie et que d'autres Etats de l'Ouest s'inquiètent au sujet du prix de l'énergie et de son offre cet été, il nous faut faire très attention de ne pas prendre des mesures susceptibles de causer un préjudice aux consommateurs. C'est tout particulièrement nécessaire étant donné l'état incomplet des connaissances scientifiques relatives aux causes des changements climatiques mondiaux et aux solutions en la matière, ainsi que l'absence sur le marché des techniques nécessaires pour enlever le gaz carbonique et pour le stocker.
Vu ces préoccupations, nous continuerons d'examiner dans le détail les questions ayant trait aux changements climatiques mondiaux, notamment la science, les techniques, les systèmes commerciaux et les solutions novatrices destinés à s'attaquer aux concentrations de gaz à effet de serre dans l'atmosphère. Je pense avec beaucoup d'optimisme que nous pourrons, en consacrant l'attention nécessaire et en collaborant avec nos amis et alliés, mettre au point les techniques, les incitations commerciales et d'autres moyens novateurs de s'attaquer aux changements climatiques mondiaux.
Je compte collaborer avec vous et avec d'autres personnes afin d'aborder les questions relatives aux changements climatiques mondiaux dans le cadre d'une politique énergétique nationale qui protège notre environnement, nos consommateurs et notre économie."
Source : diffusé par le Bureau des programmes d'information internationale du département d'Etat
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L'APPROCHE GRADUELLE : "CLEAR SKIES AND GLOBAL CLIMATE CHANGE INITIATIVES"
Les Etats-Unis n'ont toutefois pas totalement renoncé à prendre des mesures de lutte contre le changement climatique.
Au niveau local, plusieurs programmes avaient été initiés en l'an 2000 et depuis 2001, le Massashusetts, le New Hampshire, la Californie et le Texas ont mis en place des mesures de contrôle des émissions pour différents secteurs industriels et énergétiques.
En outre, avec un Sénat contrôlé après juin 2001 par une majorité démocrate, le gouvernement fédéral s'est vu forcé d'adopter une démarche plus constructive.
Ainsi, "Clear Skies and Global Climate Change", le plan alternatif présenté par Georges W. Bush le 14 février 2002, développe une approche graduelle, à moyen ou long terme, vis-à-vis du problème climatique.
L'idée est de chercher dans un premier temps à ralentir l'augmentation des émissions de gaz à effet de serre plutôt que de la stopper afin que le croissance économique n' en pâtisse pas.
Le plan prévoit un objectif chiffré:
- Diminuer l'intensité en gaz à effet de serre du PIB (calculée en tonnes métriques par million de dollars de PIB) de 18 % au cours de la prochaine décennie
Afin d'y parvenir, le gouvernement préfère miser sur l'incitation plutôt que sur la contrainte:
- 700 millions de dollars supplémentaires (soit 4, 5 milliards) seront consacrés aux activités liées au changement climatique.
- 4, 6 millliards de dollars de crédits d'impôts sur 5 ans sont débloqués afin d'encourager l'investissement dans les énergies renouvelables.
Il prévoit également un bilan en 2012 :
" si les progrès sont insuffisants et qu'une science fiable justifie une action plus approfondie ... les Etats-Unis répondront par des mesures additionnelles qui pourraient inclure des programmes basés sur le marché ainsi que des incitations supplémentaires et des mesures volontaires."