bann a écrit :
Perfect Tommy a écrit :
Oui !
De même, on a fait de Nietzsche un antisémite pangermaniste, alors que L'Antéchrist est le livre le plus anti-Allemagne qui soit (avec notemment de belles critiques à l'égard de l'antisémitisme allemand) !!
Nietzsche aimait bien certains aspects de la figure de Jésus. Il était surtout opposé à la religion en tant que système de valeurs et de pensée.
Comme je le comprends...
En revanche que des prêtres apprécient Nietsche et sa pensée, c'est possible, mais ça porte un nom : du masochisme !!!
Ah bon
, là encore ma mémoire serait défaillante ! A minima il vaut mieux être fort que faible dans l'univers Nietzschien (on sait ce que cela a donné un peu + tard) ; l'antisémitisme est présent dans ce livre sauf erreur ; je vais le rechercher.
Mea Culpa, je confondais avec
Ecce Homo, que j'ai lu dans une édition de poche où il était précédé par
L'Antéchrist, d'où ma confusion...
Concernant
L'Antéchrist, c'est un livre dans lequel Nietzsche s'attaque au christianisme en tant que
système de valeurs morales. Il a parfois des mots durs à l'égard du judaïsme en tant que
système de valeurs également (qu'il connaissait somme toute assez mal, comme l'ont démontré des spécialistes de son oeuvre) et en tant qu'origine historique du christianisme, mais il n'a jamais tenu de propos racistes à l'égard des Juifs. Antijudaïque certes, mais pas antisémite.
Pour comprendre l'oeuvre de Nietzsche, il faut avoir à l'idée que ce philosophe est un
moraliste : toute son oeuvre est travaillée par la question des origines et fondements de la morale chrétienne, de leurs conséquences (néfastes à ses yeux) et des moyens d'y remédier (créer une nouvelle morale donc, repenser les valeurs).
Concernant toujours son oeuvre, il faut aussi avoir en tête qu'elle est fortement structurée par sa forme. Ses livres sont composés de paragraphes parfois longs et parfois aphoristiques. La contradiction est un jeu dialectique auquel il aime se livrer au sein d'un même livre, en opposant parfois certains paragraphes les uns aux autres. Ce ne sont pas de longs développement logiques hégeliens (heureusement...). Aussi peut-on y trouver de ci de là des passages bienveillants à l'égard du personnage historique de Jésus, que Nietzsche jugeait surtout trahi par ses plus immédiats disciples (un certain Paul de Tarse par exemple, pour ne pas le nommer). Et parfois Jésus s'en prend plein la tronche comme symbole absolu du christianisme !
Avec Nietzsche, ça dépend parfois de l'humeur du jour ! ^^ C'est ce qui le rend attachant, je pense...
Je reviens sur
Ecce Homo également. Voici un extrait haut en couleur qui permettra à chacun d'apprécier à quel point Nietzsche tenait le peuple allemand en haute estime... La quatrième partie est assez savoureuse...
http://www.geocities.com/irene(...).html
Nietzsche était francophile et helléniste. Et il aimait à exalter ses origines polonaise (un passage d'
Ecce Homo qualifie d'ailleurs les Polonais de latins...), et quand on sait en quelle piètre estime les nationalistes allemands tenaient les Slaves et en particulier les Polonais...
Pourquoi tant de polémique autour de son oeuvre ? A cause premièrement de la mésinterprétation de son oeuvre par certains naîfs (excuse-moi Bann, mais quand Nietzsche exalte la force sur la faiblesse, c'est pour toujours parler de force
morale... moi-même, élève de term' à 17 ans, je l'avais compris...
). A cause deuxièmement du véritable travail de faussaire perpétré après sa mort part sa soeur, Elizabeth Forster-Nietzsche, antisémite notoire, et que le philosophe détestait en raison de ses idées étriquées.
De même, Nietzsche s'est brouillé avec Wagner parce qu'il ne supportait plus le pangermanisme et l'antisémitisme du compositeur - largement influencé par Cosima, sa peste de femme.
Sa correspondance de l'époque est très parlante sur ses idées personnelles etle jugement qu'il portait sur tous ces personnages.
Dernière chose. Imputer les idées de Nietzsche à sa folie tardive est un procès éculé. Nietzsche a vraisemblablement été victime d'une tumeur au cerveau, comme d'autres membres de sa famille avant lui (son père semble-t-il). Mais, il suffit de comparer ce qu'il a écrit avant sa crise de Turin (c'est-à-dire son oeuvre philosophique publiée) avec ce qu'il a écrit après (la dernière partie de sa correspondance) pour comprendre tout le gouffre qui sépare d'un côté une pensée forte, profonde et étayée (que l'on peut légitimement ne pas partager) et de l'autre les délires autenthiques d'un homme malade.
Enfin Bann, j'apprécie aussi parfois la fraîcheur des Evangiles. Mais dans le genre conte oriental, permets-moi de préférer
Les Milles et Une Nuits...
Sur ce, il est l'heure pour Shérazade de me charmer de ses contes...