Blackthorne a écrit :
C'est vrai que c'est une très bonne idée de développer l'utilité de cette gamme et ses différents modes dans un autre contexte que le tonal, car il me semble, qu'elle est plus utilisée dans les autres contextes justement (?).
D'ailleurs, ça me rappelle .. j'ai lu quelque part (ça fait longtemps déjà) que la gamme mineure harmonique était utilisée en phase montante et la mélodique en phase descendante (c'était un songbook qui analysait des solos de Malmsteen si je ne m'abuse).
Quand est-il? Était-ce un cas particulier ou bien une règle générale?
Du mineur harmonique a découlé le mineur mélodique. La sixte (Fa en La mineur), devant le trou béant laissé par la sensible (Sol# en La mineur, à des années lumières, heu pardon une tierce mineure du degré précédent) a jugé bon de rejoindre la rebelle exilée en se haussant d'un demi ton (Fa -> Fa#). Ce qui donne :
La Si Do Ré Mi Fa# Sol# (La), en mouvement ascendant.
Dans l'esprit de la musique classique, où l'attractivité horizontale des degrés d'une gamme joue vraiment un rôle, la même logique prévaut, mais dans le sens inverse. C'est la sensible (Sol#) qui se voit "attirée" par une sixte non altérée, contente de retrouver ses deux notes conjointes (quinte et sensible) à portée de main (c.a.d. maximum un ton pour garder un coté diatonique "fluide"). D'où le shift down (Sol# -> Sol) qui ramène le mineur harmonique en mineur naturel dans un mouvement conjoint descendant.
* 1) La Si Do Ré Mi Fa Sol# (La) : min harmonique
* 2) La Si Do Ré Mi Fa# Sol# (La) : min mélodique (attractivité du Sol#) en mouvement ascendant
* 3) La Sol Fa Mi Ré Do Si (La) : min naturel (attractivité du Fa) en mouvement descendant.
A noter:
- 1) Dans le même esprit, l'attractivité du La sur le Si peut conduire, dans un mouvement conjoint descendant, à utiliser La Sol Fa Mi Ré Do
Sib La (mêmes notes que Do mixolydien). On peut réitérer le processus, selon la couleur voulue, et transférer les "centres attractifs". Ainsi, on peut aussi penser à : La Sol Fa
Mib Ré Do
Sib La (mêmes notes que Sib majeur, mais utilisé dans un contexte tonal en La mineur).
Cette approche, purement mélodique, ne doit pas ignorer les règles de l'harmonie. Ainsi, en La mineur et sur l'accord de Am (par exemple), l'utilisation de Mib peut poser des problèmes de frottement si on ne traite pas la note de manière appropriée (non accentuée, ou temporairement très courte comme une note de passage, par exemple). Cela dit, dans la musique classique, chaque voix a son propre poids et une relative indépendance (c'est un raccourci, mais bon...on se comprend). La construction, dans une logique de contrepoint, ne procède que rarement par plaquage des accords, comme on peut le faire dans la musique plus moderne. Dans le classique, les accords découlent plus des voix que l'inverse. Donc pour un compositeur classique, ce problème de frottement est trivial.
- 2) Dans le Rock et le Jazz (que je connais certes très peu), ces subtilités sont rangées au placard.
PS : Malmsteen ne traite que rarement ce genre de subtilité et joue allégrement mineur naturel en mouvement ascendant et mineur mélodique ou harmonique en descendant (soit tout le contraire de ce que je viens de dire). Et il n'y a rien d'interdit à cela. On fait comme on aime !!! Tout dépend de l'effet recherché (ou même de la flemme quand on ne veut pas jouer la tierce mineure caractéristique du mineur harmonique, essentiellement pour des raisons bassement digitales
)
Yngwie forever.