Guitariste professionnel

Rappel du dernier message de la page précédente :
rotoboy
Kida a écrit :
Pour Roto, je pensais que ca te rapportais beaucoup plus que cela ce generique diffusé quotidiennement....et ta musqiue pour le "sixieme sens" , sans vouloir être indiscret....(limite la somme je m'en fou) , mais est ce que touche un eu d'argent d'ai que le film est diffusé ??


Pour le sixieme sens, c'est encore pire car c'est une musique d'illustration rapportée sur une bande son originale. Je n'ai pas les chiffres en tête mais c'est pas élevé du tout (c'est plus le prestige qu'autre chose...).
Il faut savoir aussi que c'est dégressif au nombre de diffusions. Un générique quotidien sur 1 an c'est pas comme 360 diffusions d'un morceau différent. Bref, c'est super compliqué.

Meringue, la forte somme de ton prof, c'est sûrement dû à un fort coef genre la diffusion d'un morceau original, peut être live, ou une création spéciale pour l'émission, il y a tellement de paramètres, la somme indiquée est tout à fait possible, mais rare.
Quand j'ai débuté, j'avais touché 20 000 fr pour un téléfilm d'Edouard Molinaro sur une seule diffusion à 20h30 sur France 2. C'est pas du tout les mêmes coef. Et quand il y a eu rediffusion de ce téléfilm, les droits sont tombés très bas.

Moi je suis dans la musique d'illustration (librairies à thèmes), c'est là que les coefs sont les plus bas. Pour vivre, il faut avoir un nombre énorme de morceaux utilisés quotidiennement. J'ai plus de 600 morceaux déclarés à la Sacem et une diffusion mondiale de ces morceaux. Je n'ai donc pas de soucis, mais la retombée des droits a pris des années... Quand je reçois mes feuillets de répartition Sacem, j'en ai 40 pages et il y a une trentaine d'utilisations par page. Mais à chaque fois c'est des petites sommes. D'ailleurs, je préfère les petites sommes, car ça veut dire que le fond de roulement fonctionne. Un gars qui fait beaucoup de droits sur 1 ou 2 gros coups, c'est pas bon car le jour où il perd ses gros coups, il est mort...

Bref, contrairement à ce qu'on croit, un gars qui veut vivre de ses compos, dans un premier temps il faut vraiment qu'il compte sur la vente des morceaux plutôt que sur les droits (qui tombent minimum 6 mois après la diffusion). Si il a la chance de faire un générique ou un fond sonore dans un magazine TV par exemple, c'est cool, mais pas du tout suffisant pour vivre... Et si il ne compte que sur la France, c'est l'échec assuré.
mashgau
  • mashgau
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C'est vraiment super interressant Rotoboy ton expérience, car je ne connaissais pas du tout ce métier et tout ce qui en découle d'un point de vue pécunier.

Merci à toi de nous faire partager ça
meringue
Effectivement, merci pour les infos, on se couchera moins bêtes ce soir. Un autre de mes profs, qui vit aussi de compos (des court-métrages essentiellement) m'avait aussi dit un peu la même chose: la somme reçue pour une commande particulière dépasssait souvent les droits d'auteurs...surtout lorsque le court métrage était de l'ordre du confidentiel...
je ne suis ni pour, ni contre, bien au contraire...
rotoboy
meringue a écrit :
Effectivement, merci pour les infos, on se couchera moins bêtes ce soir. Un autre de mes profs, qui vit aussi de compos (des court-métrages essentiellement) m'avait aussi dit un peu la même chose: la somme reçue pour une commande particulière dépasssait souvent les droits d'auteurs...surtout lorsque le court métrage était de l'ordre du confidentiel...


ah oui, quand tu travailles à la commande, faut toujours essayer de se goinfrer un max au départ parce que les droits... et dans le cinéma Français, c'est devenu la misère.
J'ai fait une musique de film pour un jeune réalisateur dont c'était le premier long métrage. Le gars était très sympa mais tellement angoissé de se planter que c'était assez pénible, avec des délais ultra courts, des modifs sans arrêt... une galère sans nom. Là aussi, heureusement que j'ai pris des sous à la commande car la sortie du film s'est faite dans quelques salles seulement, quasiment pas de droits...
lalimacefolle
Excellent ce témoignage rotoboy...
J'avais su les droits qu'avaient Schaeffer (ou un autre du GRM) pour le jingle de la SNCF, diffusé des dizaines de fois par jour dans des centaines de gare, puis dans des pubs etc...
Putain, ça faisait peur
coyote
  • coyote
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Pour less musiques d'émissions susceptibles d'apporter de belles rémunérations, les sociétés de prod' s'arrangent généralement pour acheter non seulement le morceau mais aussi les droits de ce dernier (i' a pas de petits bénéfices!! Entuber plus pour gagner plus!!). Le graphiste du logo de loft story c'était fait avoir par exemple (c'est le même principe pour l'image), son célèbre clin d'oeil a été payé moins de 100 euros!!! Je crois me souvenir que le graphiste en question était encore étudiant dans une école de graphisme et n'était pas du tout au courant au sujet des tarifs et des droits d'auteur. Dans le même ordre d'idée, les droits d'interprêtation des musiciens en studio passent eux aussi souvent à l'as, tu signes le bout de papier ou on fait jouer quelqu'un d'autre!
"Have you ever been to Electric Ladyland"

"Il est difficile de vaincre ses passions, et impossible de les satisfaire."

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cbien
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  • Publié par
    cbien
    le 21 Oct 2008, 23:30
coyote a écrit :
Dans le même ordre d'idée, les droits d'interprêtation des musiciens en studio passent eux aussi souvent à l'as, tu signes le bout de papier ou on fait jouer quelqu'un d'autre!


Oui,c'est une cession de droits et c'est très courant !!
Pas necessairement monnayé(directement),mais parfois compensé par des "heures sup",tu passes 4 heures en stud' comptées 8..
rotoboy
Sans parler du chantage pur et dur... genre "je suis patron de la programmation de la radio X, tu me composes le jingle d'une rubrique mais en échange tu me cèdes 50% des droits..."
C'est comme ça qu'il y a à la Sacem des tas de gars qui n'ont jamais écrit une note de musique mais dont les feuillets sont bien remplis... (du vécu....).
meringue
Dans un monde d'enculés, il y a pas de doublures... Bon parfois aussi, les sommes versées à la commandes sont sympas. Pour ceux qui connaissent Uneven, Sony leur a demandé un morceau pour un jeu video PS2, ils ont eu une petite somme conséquente, je ne veux pas dire de conneries, enfin quand même de quoi se financer l'achat de matériel pour un studio. En contre-partie, ils ont dû céder les droits d'auteur, et officiellement, ils ne peuvent plus jouer le morceau en concert.
je ne suis ni pour, ni contre, bien au contraire...
rotoboy
meringue a écrit :
Dans un monde d'enculés, il y a pas de doublures... Bon parfois aussi, les sommes versées à la commandes sont sympas. Pour ceux qui connaissent Uneven, Sony leur a demandé un morceau pour un jeu video PS2, ils ont eu une petite somme conséquente, je ne veux pas dire de conneries, enfin quand même de quoi se financer l'achat de matériel pour un studio. En contre-partie, ils ont dû céder les droits d'auteur, et officiellement, ils ne peuvent plus jouer le morceau en concert.


Ca aussi c'est interessant d'en parler, le jeu vidéo peut être très lucratif en terme de droits vu le nombre de copies. Je ne connais pas Uneven mais normalement, ils auraient dû céder les droits tant que le montant de la commande n'est pas remboursé mais bon, ça dépend de leur deal. Ca a été mon cas avec un grand editeur de jeux. Ca permet aux boites de se faire des musiques gratos, ils ont juste à avancer l'argent. Un peu comme un prêt à taux 0...
Lärry
  • Lärry
  • Vintage Total utilisateur
coyote a écrit :
Pour less musiques d'émissions susceptibles d'apporter de belles rémunérations, les sociétés de prod' s'arrangent généralement pour acheter non seulement le morceau mais aussi les droits de ce dernier (i' a pas de petits bénéfices!! Entuber plus pour gagner plus!!). Le graphiste du logo de loft story c'était fait avoir par exemple (c'est le même principe pour l'image), son célèbre clin d'oeil a été payé moins de 100 euros!!! Je crois me souvenir que le graphiste en question était encore étudiant dans une école de graphisme et n'était pas du tout au courant au sujet des tarifs et des droits d'auteur. Dans le même ordre d'idée, les droits d'interprêtation des musiciens en studio passent eux aussi souvent à l'as, tu signes le bout de papier ou on fait jouer quelqu'un d'autre!


C'est tellement monnaie courrante ce genre de trucs. En même temps (que ce soit en musique ou en graphisme) tu ne trouvera personne pour te payer le prix que ce genre de travaux vaut réellement.
Et puis les grosses boites en profitent pour se gaver (doux euphémisme) sur ton dos dès qu'ils peuvent.
A million flies can't be wrong.
acnime
  • acnime
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meringue a écrit :
... et officiellement, ils ne peuvent plus jouer le morceau en concert.


Le truc, c'est pas qu'ils peuvent le jouer mais que s'ils jouent ce morceau, le responsable du concert doit payer des droits?
rock'n'roll
DoDwDn
  • DoDwDn
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Bonjour,

Ce dernier point me fait poser une question :

Est-ce qu'en cédant les droits pour un enregistrements, on garde un poids sur l'utilisation qui en est faite ?

Par exemple on cède les droits pour un générique, il est utilisé pour le générique => ok. Mais si d'un coup la personne qui a acquis les droits pour le générique se dit "tiens, je vais m'en faire un remix techno-transe !", l'auteur conserve un droit de regard ou pas ?

(la propriété intellectuelle de l'oeuvre est incessible, donc je me dis que peut-être on peut considérer qu'il y a atteinte à son image, et filtrer son usage ?)

Et non, ça ne m'est pas arrivé
meringue
Oui, effectivement j'aurais dû dire "ils ne peuvent plus jouer le morceau a moins que des droits soient payés au nouveau propriétaire des droits d'auteur"

A ce sujet, je ne veux pas dire de conneries, mais lorsqu'un morceau ne t'appartiens plus, je crois bien que quoique fasse le nouveau proprio, tu n'as plus aucun droit de regard sur la façon dont il l'utilise. Mais peut être est-ce un peu plus subtile que ça...
je ne suis ni pour, ni contre, bien au contraire...
rotoboy
Tout ça c'est juste une question de contrat entre l'artiste, son éditeur et l'utilisateur du morceau. Tout est possible, tout est négociable.
Cependant, dans le cas d'un remix techno comme cité en exemple, il faut obligatoirement l'autorisation du compositeur d'origine et une renégociation des droits car le remixeur apporte une part de créativité donc il a droit à toucher des droits. Le morceau sera redéposé à la Sacem avec un nouveau titre et donc une nouvelle répartition des droits. En fait, c'est un autre morceau. J'ai fait des tonnes de remix (y compris des techno trance ) j'ai toujours co-signé avec le compositeur d'origine entre 25% et 50%.
DoDwDn
  • DoDwDn
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Merci pour ces infos.

Et quand le morceau est utilisé tel quel dans un autre contexte ?

Parce que quand tu fais une musique pour une pub, qu'il soit utilisé dans ladite pub est logique, mais si l'acquéreur des droits d'exploitation cède à nouveaux les droits du morceaux à un autre acquéreur, peut-on exprimer un certain véto, ou bien c'est prévu dans le contrat ? (ou encore on peut plus rien dire)

En ce moment sur bla bla et guitare...