je me suis demandé si c'était opportun ici, et après réflexion, je poste quand même. ben oui, c'est "le Café du Bassiste" ici, et c'est souvent dans les cafés que se révelent les choses essentielles.
donc, après sa belle prestation touproprsurlui de ce soir, voici l'envers du décor... à méditer d'ici le 6 mai.
je précise qu'il s'agit d'une histoire vraie, vécue par une amie qui s'est rendue hier soir à son meeting, "comme ça, pour voir". et elle a vu.
« A tous les Français, je dis qu’ils ont tous, riches ou pauvres, forts ou faibles, droit au même respect, au même amour, à la même compréhension, et que ce respect, cet amour, cette compréhension ce sont les valeurs, les sentiments qui fondent mon idée de la France. »
C’est ce que Nicolas Sarkozy disait hier soir à son meeting au Palais des Congrès de Dijon. Pendant que le premier candidat aux élections présidentielles proclamait son discours sur les valeurs humaines de fraternité, tolérance, et d’universalité, des gens se faisaient tabasser. Leur seule faute était de se trouver là au mauvais moment.
Avec quelques copains, je suis allée hier soir au Palais des Congrès, « pour voir ». Il y avait une trentaine de jeunes, comme nous, à être venu observer ce qui se passait, voir que nous étions effectivement en désaccord avec les propos de Monsieur Sarkozy. Après quelques minutes passées à l’extérieur, nous nous sommes décidés mes amis et moi, à entrer, par curiosité. Nous ne criions pas, nous ne remuions pas les foules, on aurait pu nous prendre pour de vrais sarkozistes !! Nous n’étions pas à l’intérieur depuis un quart d’heure, que déjà on apercevait un jeune homme se faisant traîner sur le sol par les quatre membres parce qu’il avait hué M. De Robien, ministre. Un de mes amis s’est précipité sur lui pour le soutenir, le relever. Il s’est finalement retrouvé par terre à côté de lui, entouré de 5 ou 6 costauds, chargés de la « sécurité »… Ils les violentaient, ils leur donnaient des coups de pieds, les traînaient au sol…
Nous ne pouvions pas laisser faire ça !! En voulant s’interposer entre ces vigiles et nos amis, nous nous sommes retrouvés tirés vers l’extérieur, on nous tordait les poignets pour qu’on se laisse faire, on nous attrapait par le cou pour que l’on ne crie pas… je n’ai vu qu’un seul homme avec un comportement humain parmi ces machines à allures d’hommes. Nous étions 6, ils étaient une dizaine.
Une fois à l’extérieur, nous avions retrouvé notre calme, pas un seul d’entre nous ne criait, pas un seul n’avait un comportement violent, pas un seul d’entre nous ne buvait ou ne fumait. Nous étions une trentaine. Nous avons alors vu arriver dix CRS, en plus des huit camions qu’il y avait de chaque côtés de la rue. Nous avons décidé de tous nous asseoir par terre, signe pacifiste et non violent par excellence ! Les CRS se sont mis en ligne devant nous, nous poussant, nous tirant par les bras, nous donnant des coups de matraque et nous encerclant. A ce moment là, nous étions 22. Ils étaient 27. Ils refusaient de parler, disaient que c’est interdit d’être là (c’est pourtant bien un lieu public, je me suis renseignée), qu’on avait pas le droit de nous asseoir à cet endroit.
« La Bourgogne, c’est un vieux pays où l’on ne se bat que lorsque c’est nécessaire, que lorsque l’essentiel est en jeu. » continuait Monsieur Sarkozy.
Je ne dois pas avoir la même notion de « l’essentiel » que ces hommes en armes, battant des hommes et des femmes faisant la moitié de leur poids, tous pacifistes, dont la seule faute était d’être là, de ne pas partager les idées de Monsieur Sarkozy.
« L’ouverture dont je veux être le candidat c’est l’ouverture d’esprit. L’ouverture d’esprit c’est être capable de prendre en considération les raisons de l’autre, c’est être capable de penser que l’autre pourrait avoir raison, c’est être capable d’échanger avec l’autre et de le respecter même quand on pense qu’il a tort. »
Nous n’avons pas eu le temps de nous exprimer, que déjà, nous étions encerclés. Nous ne pouvions même pas être là en signe de désaccord, que déjà on nous cachait. La liberté d’expression serait-elle bafouée ?!
« Pourquoi tant de haine ? Parce que je veux que la police fasse son métier ? Qu’elle arrête les délinquants et les fraudeurs ? Qu’elle poursuive les voyous ? Parce que je dis que la victime vaut plus à mes yeux que le délinquant ? »
Nous ne sommes ni des délinquants ni des fraudeurs, ni des casseurs, mais nous sommes bien, nous, les victimes de ce système qui nous attend, de cette société policière à quoi il nous prépare.
« Je veux leur dire que si j’ai voulu mettre la morale au cœur du débat politique, je veux aussi la mettre dans le comportement politique. »
Si elles ressemblent à ce que j’ai vécu, la morale, la démocratie que M. Sarkozy nous propose, je vous avouerai que j’ai très peur…
"J'ai cru que tu faisais la gueule. Ou pire, que tu étais émotif."
Je suis l'un des bassistes de
PöWëR-4