Voila un texte qui va plutôt en sens inverse, mais dont la théorie n'a pas de sens pour certains ! A lire quand même :
Banlieues parisiennes: des émeutes «organisées»?
* Le modèle français d’intégration mis en échec?
Monde - Echauffourées
Paris/Mathieu Van Berchem
Publié le 05 novembre 2005
Les violences urbaines seraient orchestrées par les responsables de l'économie souterraine. C'est la thèse, controversée, de syndicats de policiers. Et de Nicolas Sarkozy.
Le scénario de ces dernières nuits d'émeutes, avec ses affrontements ciblés, sa montée progressive et sa violence «spontanée», voire «légitime», n'a pu être écrit par des jeunes banlieusards. Trop bien ficelé. C'est du moins l'avis de Nicolas Sarkozy et de son disciple Eric Raoult. «Il y a quelque chose de trop organisé» dans les violences de ces huit derniers jours, affirme le député-maire du Raincy, une commune voisine de Clichy-sous-Bois, où tout a commencé jeudi 27 octobre.
Mal des banlieues, chômage, jeunes issus de l'immigration qui n'en peuvent plus d'être stigmatisés: l'explication socio-économique est loin de satisfaire l'ancien ministre de la Ville. «La communauté musulmane en a assez, mais il y a un certain nombre d'agitateurs, de provocateurs», soutient Raoult.
Le ministre de l'Intérieur Nicolas Sarkozy ne dit rien d'autre. Pour lui, les violences sont «parfaitement organisées». L'existence d'une sorte de hiérarchie diffuse expliquerait la rapidité de la propagation des émeutes et le petit
air de ressemblance entre les incidents à Aulnay-sous- Bois en Seine-Saint-Denis, à Trappes dans les Yvelines ou à Garges-lès-Gonesse dans le Val d'Oise.
Le jeu des caïds
«Le drame de Clichy-sous-Bois (ndlr: la mort de deux mineurs électrocutés jeudi dernier en fuyant la police) a servi d'élément déclencheur, mais les «caïds» s'en servent pour défendre leur territoire contre toute intrusion policière», affirme Marc Gautron, secrétaire national du syndicat UNSA Police.
Le 2 novembre, rappelle M. Gautron, M. Sarkozy avait prévu de déployer dans les banlieues de Paris et d'autres grandes villes françaises 17 compagnies de CRS, censées venir renforcer les forces de sécurité publique. Avec pour objectif de s'attaquer notamment à l'économie souterraine. Une présence insupportable pour ceux qui contrôlent les trafics des cités, note le syndicaliste. Les attaques récentes contre des postes, des centres culturels et des commissariats, tous symboles de l'Etat, constituent autant de preuves de l'instrumentalisation du mouvement par la criminalité organisée, estime Marc Gautron.
Ce discours tombe à pic pour Nicolas Sarkozy. Cela lui permet de justifier sa fermeté, voire ses propos, si controversés, sur la «racaille» et les «voyous» des banlieues. «Il existe sans aucun doute des groupes qui cherchent la confrontation avec la police. Mais il ne faudrait pas oublier le contexte qui favorise ces violences», estime le sociologue et criminologue Sebastian Roché, pour qui le phénomène dépasse largement le cadre des réseaux organisés. «Les groupes agissant dans les cités sont assez autonomes. Il n'existe pas de véritable réseau les associant, poursuit M. Roché. Surtout, l'économie souterraine recherche la tranquillité, la «sécurité». Ces émeutes, avec le surplus de forces policières qu'elles entraînent, ne lui sont guère profitables.»
La flambée de violence gagne la Haute-Savoie
ALAIN JOURDAN
«On sentait qu'il allait se passer quelque chose», raconte un habitant de Marnaz. Les images de voitures brûlées ont échauffé les esprits et donné des idées. Jeudi soir, un groupe de jeunes gens s'en est pris au bar brasserie le Floryvia à Marnaz, dans la banlieue de Cluse. L'établissement situé face au stade, et planté au cœur d'une cité a été incendié. Vers 23 h 30 un groupe d'une dizaine d'adolescents a mis le feu à un véhicule, une Ford Escort, puis l'a projeté dans la vitrine du bar. Les dégâts sont importants. L'immeuble d'un étage a été ravagé par les flammes. Les deux appartements qui se trouvent au-dessus ont dû être évacués.
«En début de soirée, ils avaient commencé à lancer des pétards», poursuit un témoin de la scène. Sur la façade des garages voisins, les graffitis sont explicites: «mort à Sarkozy», «Tous solidaires...» Le maire de la commune, Arlette Debalme, s'est immédiatement rendu sur place. Cluse et son agglomération sont confrontés depuis plusieurs années à un phénomène récurrent de délinquance urbaine.
Depuis plusieurs années, cette insécurité fait les choux gras du Front national qui voit le score de ses candidats progresser à chaque élection. La flambée de violences de ces derniers jours a pourtant surpris les habitants. Du moins les plus anciens. En même temps que brûlent les voitures, c'est tout le travail des services sociaux qui part en fumée. Dans la même nuit, neuf véhicules ont également été incendiés un peu plus loin sur la commune de Scionzier dans le quartier des Crozets. Des actions délibérées et particulièrement violentes. Les incendiaires ont fabriqué des cocktails Molotov d'une redoutable efficacité. L'un des véhicules ciblés se trouvait accolé à un immeuble d'habitation. Les flammes auraient pu se propager et mettre ainsi en danger la vie des locataires.
A situation exceptionnelle, mesures exceptionnelles. Tous les services de l'Etat ont été mis en alerte. Des réunions ont été organisées en urgence dans les cités sensibles pour tenter d'apaiser les esprits. La police et la gendarmerie ont planché sur les mesures à mettre en œuvre en cas de montée en puissance des actes de provocation. Pour autant le scénario d'une «insurrection» qui se propagerait à toutes les cités est exclu. Les incendies criminels restent le fait d'une poignée d'individus le plus souvent bien connus des services de police. Hier, la tension n'était pas retombée. En fin de journée un bus était victime de jets de pierres à Scionzier.