DuncanIdaho a écrit :
La plupart des bons romans de SF nécessitent une double lecture. On peut souvent rester à la surface et apprécier l'histoire comme un conte mais je ne connais pas beaucoup d'auteurs qui ont ressenti le besoin de projeter leur action dans un univers imaginaire (ou futuriste) sans que cette projection soit une nécessité pour poser les bases d'une réflexion plus large sur la civilisation, la religion, la politique ou les sciences. Passer à côté, c'est souvent passer à côté de l'intérêt du livre.
La différence de Dune, c'est qu'à partir du 3e tome avec un point clairement culminant sur le 5e, on se prend cet aspect en pleine tronche et qu'on ne peut pas y couper.
Mais même un cycle comme Hyperion qui peut se considérer comme un simple roman d'action en dolby surround THX avec plein d'aliens, de vaisseaux de la mort et de planètes bizarres est aussi blindé de réflexions du genre.
Asimov réfléchit sur les sciences, sur l'évolution des civilisations, la politique.
Je ne parle même pas de tous les "petits" romans comme 1984, Fahrenheit 451, etc.
Citez moi un incontournable de la SF qui soit dénué de ce genre de réflexion
. Je n'en vois pas un seul, même avec un univers original, qui ait traversé les années comme Dune en étant un simple livre divertissant qui ne cache rien de plus.
Je ne dis pas le contraire.
C’est même ce qui fait que certains livres passent à la postérité et d’autres pas.
Le cycle Hypérion-Endymion, que je viens de finir il y a peu, est à mes yeux la plus grande saga SF.
Là aussi, beaucoup de thèmes très forts sont évoqués avec brio : l’amour, la fidélité, l’écologie, la religion, la guerre, l’Histoire, la philosophie, la poésie, la spiritualité, la religion…
La différence je crois, c’est que Dune demande bien plus qu’une simple double lecture.
Au moins une quintuple, et là, bonjour le mal de tête.
1984 et Fahrenheit 451, que tu cites, abordent des thèmes essentiels et complexes mais avec une qualité que n’a pas Dune : la simplicité.
Leur force, c’est de présenter au lecteur des thèmes philosophiques sans lui demander son avis, qui ne se rend même pas compte que la SF n’est qu’un prétexte à la délivrance d’un message.
Un peu comme Star Wars, en fait, on peut y voir uniquement de l’entertainment, mais on peut aussi décider d’aller (un peu, c’est pas Dune non plus) plus loin.
Avec Dune, et surtout avec l’Empereur Dieu de Dune, il faut se faire mal, se faire violence, la difficulté du texte et des sujets interpelle tout de suite, on ne peut pas se cacher, il faut l’affronter, sinon on passe à côté de tout.
Je comprends que ça puisse rebuter quand on pense avoir dans les mains de la bonne SF et qu’on se retrouve avec du Kant.
C’est là où je ne te rejoins pas.
On peut ne pas aimer (beaucoup) Dune et aimer la SF.
J’en suis.