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1er acte : la répression pénale.
Par deux arrêts du 21 juin 2000, la 7e chambre de la cour d'appel de Lyon a condamné M. Jean Plantin, en sa qualité de directeur de publication de la revue Akribeia, à diverses peines, amendes, dommages et intérêts en application de la loi du 16 juillet 1949 « sur les publications destinées à la jeunesse » et de l'article 24 bis ajouté par la loi du 13 juillet 1990 à celle du 29 juillet 1881 sur la « liberté de la presse ». Dans la première affaire, M. Plantin était poursuivi pour avoir effectué dans les trois premiers numéros de la revue Akribeia de la publicité en faveur de publications dangereuses pour la jeunesse : le prévenu a été condamné à six mois d'emprisonnement avec sursis, 10 000 F d'amende, et à payer aux parties civiles (SOS - Racisme, L.I.C.R.A. Rhône-Alpes, B'nai B'rith - Loge Enfants d'Izieu) 30 000 F de dommages et intérêts et 24 000 F au titre de l'article 475-1 du code de procédure pénale ; a été ordonnée en outre la confiscation de deux ordinateurs saisis lors d'une perquisition effectuée le 14 janvier 1999. Dans la seconde affaire, M. Plantin était poursuivi, en application de la loi Gayssot, pour contestation de l'existence de crimes contre l'humanité, c'est-à-dire pour le contenu du numéro 4 de la revue Akribeia et plus particulièrement pour des articles de M. Mark Weber sur les camps de concentration de Buchenwald et de Bergen-Belsen et pour quatre notes de lecture : le prévenu a été condamné à une peine de six mois d'emprisonnement avec sursis assortie d'une mise à l'épreuve durant trois ans avec interdiction d'éditer des ouvrages ou de travailler dans l'édition, à une peine de 30.000 F d'amende, et à payer à deux parties civiles dont SOS - Racisme la somme de 45 000 F de dommages et intérêts et de frais de procédure.
On aurait pu penser qu'après ces lourdes condamnations pénales prononcées le 21 juin 2000, l'affaire Plantin était terminée. C'était sans compter avec l'acharnement de l'association SOS - Racisme et de syndicats étudiants relayés par la presse, désireux d'obtenir l'annulation d'une part, du diplôme d'études approfondies d'histoire délivré par l'université Lumière Lyon 2 à M. Plantin en 1991 à l'issue de la soutenance de son mémoire intitulé : « Les épidémies de typhus exanthématique dans les camps de concentration nazis, 1933 - 1945 » et, d'autre part, du mémoire de maîtrise établi par l'intéressé en 1990 sur le thème : « Paul Rassinier (1906 - 1967) socialiste, pacifiste et révisionniste », maîtrise délivrée par l'université Jean Moulin Lyon 3.
2e acte : un D.E.A. d'histoire annulé... neuf ans après sa délivrance.
Par une requête enregistrée au greffe du tribunal administratif de Lyon le 25 juillet 2000, l'association SOS - Racisme, se prévalant de l'arrêt de la cour d'appel de Lyon ayant condamné M. Plantin pour contestation de l'existence de crimes contre l'humanité, sollicitait l'annulation d'une décision par laquelle le président de l'université Lumière Lyon 2 avait implicitement rejeté une demande tendant à l'ouverture d'une procédure d'annulation du diplôme de D.E.A., diplôme obtenu... neuf ans auparavant ! Une telle procédure administrative était à la fois abusive et choquante. Abusive puisque l'association SOS - Racisme dont l'objet social, aux termes de ses statuts, est « d'entreprendre toute action susceptible de résoudre les problèmes du racisme en particulier auprès de la jeunesse », n'a évidemment aucun intérêt pour agir et pour demander l'annulation d'un diplôme délivré à un ancien étudiant. Cette association ne dispose pas encore du pouvoir d'ordonner à un établissement universitaire d'ouvrir des procédures d'annulation de certains diplômes, de s'ériger en quelque sorte en comité d'épuration des productions universitaires, en tribunal d'exception habilité à tout moment à remettre en cause la validité des titres universitaires. L'action de l'association SOS - Racisme était par ailleurs choquante dès lors qu'elle prétendait remettre en cause le principe fondamental de la souveraineté du jury d'examen, étant précisé qu'aux termes de l'article L. 141-6 du code de l'éducation : « Le service public de l'enseignement supérieur est laïc et indépendant de toute emprise politique, économique, religieuse ou idéologique ; il tend à l'objectivité du savoir ; il respecte la diversité des opinions. Il doit garantir à l'enseignement et à la recherche leurs possibilités de libre développement scientifique, créateur et critique ».
La requête de l'association SOS - Racisme constituait en réalité une manipulation destinée à effrayer les instances universitaires - la peur est un ressort qui se révèle souvent efficace auprès des notables, universitaires ou non - sommées de prendre une décision grossièrement illégale. Cette procédure était l'aboutissement d'un montage de plusieurs mois, fait d'articles de presse et de déclarations de syndicats violemment hostiles à M. Plantin et ayant déjà provoqué la démission de deux professeurs à la suite d'une campagne de délation acharnée. En attaquant une décision de l'université Lumière Lyon 2 refusant d'obéir à ses injonctions, l'association SOS - Racisme maintenait une pression de tous les instants sur le président de ladite université, M. Bruno Gelas, accusé de vouloir « étouffer une affaire ». Après avoir paru résister un temps aux remontrances des organisations dites antiracistes, après avoir lancé de Montréal le 3 octobre 2000 à l'adresse des personnels de l'université Lyon 2, une invitation à ne pas « s'inscrire dans des procédures de sinistre mémoire commanditées par un pouvoir ou une idéologie », M. Bruno Gelas allait à Canossa deux mois plus tard et abdiquait son autorité le 7 décembre 2000 en annulant « la délibération du jury de soutenance du mémoire du diplôme d'études approfondies d'histoire concernant Jean Plantin, en date du 9 juillet 1991 ».
3e acte : une maîtrise d'histoire revisitée... onze ans après.
Après cette victoire sans précédent dans les annales universitaires - l'annulation du diplôme d'un ancien étudiant, conséquence d'une condamnation pénale d'un éditeur -, les associations ou « communautés », pour reprendre l'expression de Maurice Bardèche, dirigeaient leurs attaques sur l'université Jean Moulin Lyon 3 sommée d'annuler le mémoire de maîtrise d'histoire auquel un jury souverain avait attribué en juin 1990 la mention « très bien ». A la fin de l'année 2000, les « historiens de l'université Jean Moulin » décidaient qu'ils ne pouvaient « rester plus longtemps silencieux » et soutenaient « une éventuelle démarche du jury visant à obtenir l'annulation du diplôme de maîtrise obtenu il y a quelques années par l'éditeur négationniste » (Lyon Figaro, 1er décembre 2000, p. 6). Le 25 avril 2001, on apprenait que M. Gilles Guyot, président de l'université Jean Moulin, sensible aux préoccupations d'un « collectif d'associations mobilisées », avait consulté une seconde fois le ministère sur la procédure à suivre après le refus de délibérer opposé par les professeurs Ladous et Prudhomme, membres du jury en 1990 (Le Progrès, 25 avril 2001, p. 6).
M. Plantin et les professeurs Ladous et Prudhomme étaient finalement convoqués le 27 juin 2001, ces derniers hésitant toutefois à « se retrouver pour ce pénible désavoeu (sic) de leur propre travail » (Le Progrès, 13 juin 2001, p.
. Le 27 juin et en l'absence de M. Plantin, les deux récalcitrants, après avoir accepté de rentrer dans le rang, se réunissaient dans la salle des professeurs de l'université Lyon 3 devant un parterre de représentants des organisations responsables de la mise en scène. « Pitoyable », « confusion », « tragi-comique », « mise en scène frisant la bouffonnerie » : voilà en quels termes était rapportée par la presse locale du 28 juin la singulière cérémonie de « repentance » qui s'était déroulée à l'instigation de M. Gilles Guyot et sur injonction de l'association SOS - Racisme (laquelle avait mis en cause auprès du ministre de l'Education nationale la « valeur scientifique [... du] mémoire »). Un monsieur Prudhomme lisant à 14 h 37 une longue déclaration et en appelant à « une réflexion collective », un professeur Ladous « aux mains tremblantes » et à la « voix pâle » déversant sur le public sa « bouillie idéologique » avant de conclure par une apostrophe en direction d'un fauteuil vide : « Faut-il aller le chercher en taxi, ou en ambulance ? » Tels étaient, selon une presse pour le coup bien inspirée, les membres du jury auxquels le président de l'université Lyon 3 avait ordonné de « redélibérer » onze ans après l'obtention, par l'intéressé, de sa maîtrise d'histoire. C'est ainsi qu'à l'issue d'une « délibération » de huit minutes, un jury dépourvu de toute qualité et sommé de s'exécuter prononçait la phrase suivante : « Le jury attribue au mémoire de maîtrise de M. Jean Plantin la mention inacceptable à la demande expresse des autorités universitaires et sous réserve de la légalité de la décision ». Pour la première fois dans l'histoire de l'Université française, un jury formé en section spéciale osait attribuer sur ordre la mention « inacceptable » à un mémoire qu'un jury souverain avait honoré onze ans plus tôt de la mention « très bien », démontrant ainsi que l'Université est sous influence.