lo-fi reup a écrit :
polémiquer sur droite/gauche sur des sujets aussi transversaux à mon avis on perd du temps d'action et la moindre influence qu'on pourrait avoir
Je ne pense pas, sincèrement. Transversal ne veut pas dire indifférent à la façon de voir les relations de l'individu à son environnement social et naturel.
Le désastre écologique est directement lié à notre économie, économie à comprendre au sens large de système général d'administration des biens et ressources. L'économie capitaliste libérale est fondamentalement a-écologique. Elle ne peut pas tenir compte de cette variable. Je l'ai déjà dit à de nombreuses reprises. Pourquoi?
Le libéralisme, c'est le modèle du commissaire-priseur: à un instant T, en fonction des propositions des différents acteurs présents, le commissaire-priseur fixe le prix de la chose. Dans ce modèle, le prix n'est fixé qu'en fonction des acteurs présents à un moment T, un instant: ni le temps qu'il a fallu pour générer la chose, ni celui qu'il faudra aux acteurs futurs pour se la procurer n'est pris en compte. En un mot: dans le système capitaliste, le temps n'existe pas réellement (c'est une anticipation sur les instants T futurs), et les ressources naturelles sont gratuites. Alors oui, elles coûtent le temps et les moyens qu'il faut pour les extraire. Mais ce coût (au pire quelques semaines ou mois de travail) est négligeable par rapport au coût universel réel pour les produire (quelques millions d'années). Les acteurs peuvent anticiper la pénurie pour eux-mêmes, voire pour leurs enfants ou même leur petits-enfants. Mais comment la fixation des prix pourrait-elle tenir compte du travail que les 5-10 générations futures devront fournir? impossible. Le système libéral est basé sur une fiction, une réduction extrême de la complexité et une exclusion de la majorité des acteurs.
On peut montrer cette incompatibilité du libéralisme avec l'écologie avec la question des frontières. Alors que l'écologie est un système global (c'est même sa définition), le libéralisme est un système clos sur lui-même, et ne peut fonctionner qu'en étant fermé vis-à-vis de son environnement. C'est le concept même "d'environnement": il y a les acteurs qui fixent les prix, et ce qui les environne, qui est parfaitement inerte, sans volonté, des "choses". Cette frontière entre les acteurs et leur environnement est parfaitement arbitraire (et spéciste), fictive, mais nécessaire pour que le libéralisme fonctionne. Impossible de faire participer la nature, les animaux, les générations passées et futures à la délibération sur le prix des choses. Le libéralisme est une forme de cécité auto-entretenue où (pour donner un exemple caricatural mais qui a bien été réel pendant des centaines d'années) une assemblée d'hommes blancs décide du prix des choses du monde.
L'homme est le roi des prédateurs. Le libéralisme est le système de prédation qu'il a mis en place, qui lui permet de justifier l'appropriation massive de la nature à ses propres fins. Donc droite/gauche, ce n'est pas du tout indifférent puisqu'en dernière instance, ces théories politiques proposent deux modèles économiques opposés.
Vous battez pas, je vous aime tous