A tous les enseignants, collégiens et lycéens du forum

Pas plus qu'aux professeurs, crois-moi...

Lorsque j'étais en terminale, Claude Allègre avait lancé une campagne de recueil des doléances des élèves. Je ne peux pas préjuger de ce qui a été fait dans d'autres classes que la mienne, mais je me souviens que l'immense majorité des élèves de me term' littéraire ont soit écrit des conneries (c'était le moment défouloir...) soit formulé des propositions abérantes (supprmier la philo au bac L...).

Demander leur avis aux élèves est souvent très délicats parce que même les plus sérieux d'entre eux sont loin d'avoir une vision très large des enjeux fondamentaux qui sont ceux de l'éducation. Tu sais, j'étais un bon élève pour ma part, et bien je peux t'assurer que j'avais une vision très naïve concernant tous ces problèmes avant de rentrer dans la maison éducation nationale, bref avant de passer de l'autre côté du miroir et de constater l'amplzeur et la profondeur des problèmes cités...

Je te donne un exemple. Demande à n'importe quel élève de term' littéraire ce qu'il pense d'une éventuelle réforme de cette section visant à la doter d'un véritable enseignement des matières scientifiques (mettons un choix entre de vrais horaires et un vrai programme maths/SVT ou maths/SP)... Ce sera l'émeute ! Parce que l'immense majorité des élèves de section littéraire ont choisi ce cursus parce qu'il leur permettait de ne pas faire de matières scientifiques ! De ce fait, la section L est devenue progressivement la section poubelle du lycée général...

Pourtant, le sauvetage et la relégétimisation de cette section passe par un nécessaire rééquilibrage de celle-ci par rapport à la section S...

Oui, mais là où ça devient compliqué, c'est que la dite section poubelle est aussi celle que beaucoup (trop) considèrent comme la seule valable.
Quand tu vois des gens t'expliquer qu'on ne fait jamais assez d'humanités, quand tu vois des personnes souffrir (et bien rigoler derrière pour montrer leur, comment dire, mépris) à la moindre explication scientifique, même la plus simple, tu saisis l'ampleur du boulot qui t'attend.
Quand je vois que certains scientifiques ne sont pris en considération que lorsqu'ils ont écrit un livre, ça m'énerve.
Bon, je m'égare alors j'arrête.

Justement, je n'ai pas du tout l'impression que la section L soit considérée comme la seule valable par qui que ce soit aujourd'hui. Même les professeurs de prépas Lettres préfèrent accueillir des bacheliers scientifiques car ils sont réputés plus rigoureux et polyvalents...

Mais je partage ton exaspération à l'égard des "littéreux" qui toisent les scientifiques. Mais l'inverse est également vrai ! Je suis très attaché à l'idéal humaniste de l'homme à la fois accompli dans son corps et dans son esprit, et autant capable de proposer une réflexion littéraire que scientifique.

J'adore ainsi discuter avec mes collègues professeurs de sciences ou avec tel ami féru d'astronomie car j'ai le sentiement fort de combler mes lacunes à leur contact...

Je suis d'accord aussi. J'aurais beaucoup aimé découvrir les territoires pour moi inconnus des maths ou de la physique, surtout de la physique d'ailleurs. Mais lorsque j'étais lycéen, j'ai un peu trop entendu la même phrase pleine de pitié ou de mépris, selon les cas, de la part des profs de matières scientifiques: " ah oui, mais toi tu es un littéraire, c'est normal que ce soit difficile...". J'avais l'impression de souffrir d'une maladie incurable. Et quand je posais des questions, la réponse en général était dy type " la question ne se pose pas de cette manière, c'est autre chose...". Incurable, quoi. C'est pourquoi, très vite, j'ai cessé de me soigner. J'ai lu à peu près tout Henry Miller en cours de maths...

Et bien je suis très content de te lire mon cher Jazzprac. L'esprit "littéraire" ou "matheux" n'existe pas, pas plus que la "logique" que l'on y rattache bien souvent.

Et comme tu l'as si bien ressenti, ce genre de catégorisation amène à des blocages, et ce souvent dès l'école primaire, à cause de parents ou de professeurs avec une vision du monde manichéenne qui met d'un coté les "scienceux" et les "littéraires".

Ce qui fait qu'un gamin qui va rencontrer une difficulté à un moment M dans sa scolarité sur un de ces deux champs disciplinaire se retrouvera catalogué, enfermé, il va développer une "mini psychose" dans le pire des cas.

Et quand aux élèves qui comme moi avec tout simplement un blocage sur UNE matière (en ce qui me concerne, c'était les maths), et bien ils se retrouvent avec le cul entre deux chaises parce qu'on ne peut pas les cataloguer. Ce qui participe d'une exclusion quelquefois...

Je ne balance pas ca comme ca, ceci est une étude que nous avons mené avec une prof de sociologie dans le cadre de ma licence de sciences de l'éducation.

Actuellement, je milite auprès de mes collègues pour qu'on arrête d'enfermer les élèves dans ces schèmes dégradants qui conduisent à des attitudes de refus de la part de certains élèves face à la difficulté parce que l'exercice demandé ne correspond pas à leur "esprit".

Ah non, je vote contre, il y a bien les "littéraires" et les "matheux" :



Ca, c'est ce que dit un littéraire. Un matheux aurait dit :


Saisir cette nuance est capital .

D'ailleurs, si tu pouvais me présenter un(e) prof de maths

sans commentaire lol.

Nan mais sans déconner, il y a eu aussi des expèriences de faites avec des profs volontaires, l'accord des parents et tout, où le but était de bannir du vocabulaire des enseignants et des parents les "toi t'es littèraire, et toi t'es matheux". Et bien les élèves savaient beaucoup mieux gérer leurs erreurs et se remettre en question par rapport à elles.

Mais avant de sortir de ce fantasme des capacités innées de compréhension face à la lecture, de facilité face à l'écriture, etc. ya encore du chemin...

J'aurais plutôt dit à une date t...


Je suis d'accord. Mais je suis également d'accord avec Flo quand il dit qu'il ne faut pas encourager les blocages. J'ai fait un blocage pendant un certain temps sur l'histoire, mais j'ai réussi à me libérer, en essayant de refuser mon blocage.
En fait, je pense que dès lors que tu es convaincu de ton incompétence dans un domaine, tu n'as plus confiance en toi, et tu ne peux plus te débarrasser de cette "catégorisation".
Ce que je trouve dommage, c'est que quelque soit la filière, il est toujours possible de faire des blocages. (on trouveras normal qu'un S soit mauvais en français, et un L mauvais en maths). Je trouve aussi que beaucoup s'appuyent sur l'utilité (soi-disant) d'une matière, ainsi que ses coefficients pour la négliger. Je pense particulièrement à la philo, qui passe auprès des élèves comme étant d'une inutilité profonde, donc d'un intéret nul...Ce que je trouve bien sûr dommage...(certains profs de philo répondront que rien n'est plus utile sérieusement).
Avez vous des arguments en faveur de la philo?

Moi je suis en S, et j'aime pas trop la bio, mais j'adore la philo, c'est une des matieres que je prefere. On apprend à penser autrement, et si le prof est doué, c'est super captivant.
Rien qu'en faisant une dissert, on apprend un paquet de choses.


Le latin aussi c'est super interessant, et il y a malheureusment de moins en moins de monde(dans mon lycée, on doit etre 800, voire plus, et il n'y a que 12 eleves de terminale qui en font)...

bon alors je vais faire part de mon expérience personnelle en matière de philo.
Le problème, c'est que les élèves en terminale aujourd'hui ne sont pas assez mûrs pour faire de la philo…c'est un constat: sur 30élèves,2 vont s'y intéresser. Maintenant, avec mon cursus (BAC S Spé MATHS pour finir en License d'anglais :lol et ma matûrité (j'éspère :mdr, bah je peux te dire que la démarche à la philo se fait d'elle même parce que ça m'interesse maintenant. Malheureusement il me manque du temps. Peut être aussi que la philo ne va pas de soi, je veux dire, peut être qu'il faille une certaine sensibilité littéraire et artistique pour philosopher et y prendre goût.
Enfin bref, la philo en terminale, pour moi actuellement, c'est trop tôt…

Wep, et le pire c'est que généralement, les profs te disent que vu ta filière, c'est pas grave.

Quand j'étais en hotellerie, on m'a souvent dit pour les maths "c'est pas grave, t'en auras pas besoin". Ben maintenant je m'en mords un peu les doigts, quand je vois que j'ai du mal desfois avec des trucs de niveau troisième...

Ca m'a pas empéché d'avoir mon concours avec 16/20, mais j'ai du cravacher pour avoir un niveau que les autres avaient déjà, duraille...

Oui, plusieurs.

- la France est à peu près le seul pays du monde à faire étudier la philo à des lycéens. J'aime bien cette idée, être les seuls à ramer à contre-courant.

- la philo, concrètement, ça ne sert à rien dans le monde du travail. J'aime bien cette idée aussi, fondamentale selon moi: si on apprend des trucs dans un but utilitaire, le mot culture n'a plus de sens.

- la philo, concrètement, ça ne sert à rien: c'est ce que pensent ceux que l'on peut ensuite, dans le monde du travail, manipuler assez aisément.

- la philo globalement, ça apprend à penser selon des critères prédéfinis, passage relativement indispensable selon moi à l'élaboration, ensuite, d'un mode de réflexion personnel.

- enfin, la philo payait mes clopes quand j'étais lycéen: je faisais les dissertations des copains et je les vendais 50 balles.

Je précise une chose: j'ai du mal à lire de la philosophie, en règle générale ça m'ennuie au bout de deux pages parce que j'aime la fluidité. Mais la philo, ce n'est pas que dans les livres. C'est une manière d'envisager les choses et d'acquérir une méthode de réflexion. D'où l'importance cruciale d'un bon prof...

Le journal "le Parisien" de ce jour annonce une nouvelle méthode de notation, qui sera expérimentée dans plusieurs lycées.

Cela consiste à prévenir les élèves des interrogations, et à leur dire sur quoi elle portera.

A quand les questions du bac un mois avant, par courrier?

Si tu voyais mes collègues profs de maths de cette année, t'aurais le kiki mou direct !

Non, je m'en fous, d'abord j'suis avec quelqu'un, et ensuite je suis une quiche sévère en maths.