A tous les enseignants, collégiens et lycéens du forum

De grâce !
La théorie du bouquin dont je voudrais débattre en agacera probablement plus d'un, comme j'ai moi même été agacé au début de sa lecture.

Ce bouquin, que les enseignants le connaissent peut-être déjà, s'intitule
La fabrique du Crétin.
Il s'agit bien évidemment d'une critique du système éducatif, dans la voie qu'il prend depuis le milieu des années 1970.

Comme je l'ai déjà dit, au début de la lecture, j'ai eu un haut le coeur. ça m'avait l'air d'un pamphlet droito-conservatisto-âge d'oriste, assez peu argumenté et étayé.
Mais force m'est de constater qu'au fur et à mesure de la lecture je me laisse convaincre que tout n'est pas cliché et exagération.

D'abord, l'auteur n'est pas un journaliste qui veut faire du fric en tapant sur la table.
Non, Jean-Paul Brighelli est normalien (Fontenay), agrégé de lettres, enseignant depuis trente ans à tous les niveaux, du primaire à l'université, dont 15 ans passés en ZEP (lycée des tarterêts, Corbeil/ Montgeron Ulis). Il est aussi l'auteur de plusieurs manuels scolaires.

Je tente de résumer son propos, sa thèse en quelques points.

- depuis la réforme Haby de 1975, le nombre d'heures de cours des matières fondamentales (lettres, langues, maths, français) baisse très sensiblement. Ont été ajoutées des matières liées à la technologie, trop de "sorties" avec les élèves.

- le changement de l'éducation tient selon à la lutte contre un prétendu ennui des élèves en classe, qu'il faudrait contrecarrer de trois façons. Plus de sorties, plus de proximité avec l'élève (étudier du rap, des films...) => l'objectif est de s'adapter à l'élève, et non plus qu'il s'élève au niveau du prof => et donner plus de valeur à l'opinion de l'élève. L'auteur semble se hérisser en entendant fréquemment le "c'est votre opinion pas la mienne", ou des élèves de 12 ans parler d'avoir "sa" personnalité". En gros, tout est légitime, quelle que soit la personne qui parle, son expérience.

- l'enseignement est mathématiquement moins performant qu'il y a trente ans. On entrait naguère en école normale d'instituteurs (ancien IUFM) en fin de 3eme. Aujourd'hui, il faut au minimum une licence ! Or l'allongement des études n'est qu'un mensonge orchestré en haut lieu.
Là où un bac suffisait il y a trente ans, une maîtrise suffit à peine aujourd'hui. En gros, on fait faire aux étudiants des années d'études inutiles, mais nécessaires parce qu'on a renoncé à toute sélection a priori des élèves, et qu'il faut discrètement faire passer la pilule que nous ne sommes pas tous égaux face à l'enseignement.

- le contenu des manuels scolaires devient plus pauvre, quantitativement et qualitativement. Le Lagarde et Michard a progressivement été remplacé par des bouquins à peu près 4 fois moins denses.
Ce qui fait les choux gras des éditeurs de manuels scolaires, de cahiers de vacances...etc.
En outre, la région, qui paie les bouquins, fait des économies (papier) quand le bouquin est mince.
Ce dont disposaient les élèves il y a trente ans serait aujoud'hui (et encore) contenu dans le manuel réservé à l'enseignant.

- les enfants lisent de moins en moins et leur niveau d'orthographe baisse, le nombre d'heures passés sur la télévision, internet, les jeux, dehors, réduisent mathématiquement le nombre d'heures de lecture.
Ils n'ont plus les mots pour se défendre, pour pouvoir eux-mêmes rédiger une lettre à un avocat où aux prud'hommes quand on les virera.


- ON VEUT que le niveau des élèves baisse, à droite comme à gauche, pour plusieurs raisons.
=> celui qui ne sait pas ne peut se révolter. Il est à la merci des puissants, des discours électoralistes
=> l'économie a essentiellement besoin d'exécutants, et pas de cadres. On veut donc faire en sorte que le plus d'élèves restent à un bas niveau. C'est l'objectif des bacs multiples (30!) et donc spécialisés, de l'abaissement de l'âge de l'apprentissage, de l'adaption des programmes aux besoins de l'économie.Or selon l'auteur, c'est quand on a reçu une formation généraliste qu'on est à même de faire face à toutes les situations.
=> on donne le bac à tous les élèves, dans la mesure où accueillir les redoublants impliquerait des frais impossibles à tenir. Plus d'enseignants pour l'Etat, plus de lycées à construire pour les régions qui n'ont pas les moyens...
La carte scolaire et les ZEP permettent d'organiser volontairement une endogamie sociale. Seuls les riches peuvent mettre leurs enfants à Henri IV ou Louis le Grand.

L'auteur donne de nombreux exemples.

- Ainsi celui de la Bretagne, où le taux de réussite au bac était "anormalement élevé" aux dernières sessions. Le ministère à diligenté une enquête. Il en est ressorti que le taux d'enseignants proches de la retraite, appliquant les bonnes vieilles méthodes, était très élevé.
On a alors prescrit des formations aux sorties scolaires, à l'école comme lieu de vie etc...

- extrait d'un rapport d'inspection : " la mission du professeur a évolué en fonction des mentalités et des besoins de la société. Il ne s'agit plus de dégager une élite capable d'absorber et d'utiliser par elle-même des connaissances valorisées" SIC.

- l'auteur affirme que le taux de réussite au bac serait de 50% si les notes réelles étaient conservées.

- en 1998 et 2005, l'association "sauver les lettres" a fait faire une dictée à 2500 élèves, donnée au BEPC de 1988.
En 1998, 26% de 0. EN 2005, 56%. et en 2010???
Pour que les élèves aient les mêmes notes, en 1999, la dictée est passée de 150 mots à 63.
Mais ça ne suffit plus, alors on propose de compter les mots justes.

bref, l'éducation nationale, un foutage de gueule? Enseignants, qu'en pensez-vous?
" Raphaël" 5e vendeur de disques en 2005. Pauvre France.
BiZ
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    BiZ
    le 17 Janv 2006, 12:20
Je l'ai lu y a 2 semaines sur les conseils de Flomarceau, et au contraire de toi j'ai adhéré tout de suite, sûrement mon côté un peu élitiste qui a trouvé dans ce livre la parfaite description de l'idée de la décadence de l'école que je me faisais depuis longtemps...
Il faut reconnaître qu'il exagère assez rarement, et que les chiffres qu'il donne sont édifiant. Je ne comprends pas comment les politiques peuvent laisser faire ce massacre programmé, prédit, et maintenant largement critiqué sans broncher...
If you think life's a vending machine, where you put in virtue
And you get out happiness, then you're probably gonna be disappointed.

marseillet: ben,oui.j'assume complètement mon status de parasite de la société.
et comme les français ont choisi de faire dans le social,c'est pas demain que je vais prendre le chemin de la boite!!!!!
clarissep
BiZ a écrit :
Je l'ai lu y a 2 semaines sur les conseils de Flomarceau, et au contraire de toi j'ai adhéré tout de suite, sûrement mon côté un peu élitiste qui a trouvé dans ce livre la parfaite description de l'idée de la décadence de l'école que je me faisais depuis longtemps...
Il faut reconnaître qu'il exagère assez rarement, et que les chiffres qu'il donne sont édifiant. Je ne comprends pas comment les politiques peuvent laisser faire ce massacre programmé, prédit, et maintenant largement critiqué sans broncher...


Je constate que décidément c'est partout pareil...malheureusement.
Pour ce qui est du politique, ils s'en rendent bien compte mais n'ont pas l'air de vouloir agir. Ils auront ainsi moins de résistance à faire gober n'importe quoi à n'importe qui. Et malheureusement, seul une élite parviendra à avoir une éducation correcte qui cela continue ainsi....
De grâce !
Ben alors je suis surpris que quelqu'un m'ait répondu .
Alors deux personnes, vous imaginez mon émoi.

Je ne m'attendais pas à tant.

J'ajoute que ce bouquin est paru chez "Jean-Claude Gawsewitch Editeur", dans la collection "coups de gueule".

Je croyais que la critique du "déclinisme" était très mal vue au sein du corps enseignant, que beaucoup d'études contredisaient la baisse des élèves... etc.
Alors, les enseignants?
" Raphaël" 5e vendeur de disques en 2005. Pauvre France.
dr.fenderstein
Moi aussi je pense ça, et j'ai pas eut besoin de lire le bouquin, c'est peut être dû au fait que je suis en plein dedans avec le LMD…
Enfin bref, ce que les gens autour de moi pensent en tant que "futur profs" (espérons le pour eux), c'est l'enseignement de deux matières (anglais et autre par exemple), de moins en moins de postes, une dénatinalisation à terme (ou en tout cas un statut de fonctionnaire à oublier)…et j'en passe des meilleures (pires dans ce cas là)
Aujourd'hui en France, on a des concours qui sont maintenus alors qu'on sait pertinemment qu'on prendra aucun externe, on a 90% de réussite au bac et 70% d'étudiants qui sortent de la fac sans diplôme ( et avec le LMD le Deug n'est plus reconnu comme un diplôme!)…les supermarchés demandent un Bac+2 pour une caissière…
Bref, ce que les gens pensent, c'est qu'à plus ou moins long terme, on va avoir besoin d'une révolution pour enfin avoir une volonté politique et un objectif national…vu comment ça va, je pense que ça va pas tarder…
Il n y a qu'à juger par les envies de chacun: là où les gens voulaient rester en France à tout prix il y a 10ans, maintenant , mes potes font tout pour aller à l'étranger (angleterre ou USA) parce qu'ils n'ont aucun débouché!
lemg
  • lemg
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  • #6
  • Publié par
    lemg
    le 17 Janv 2006, 13:54
Je ne suis ni enseignant, ni étudiant, ni lycéen, ni collégien mais je fus les trois derniers il n'y a quand même pas si longtemps. Encore que collégien, ça commence à remonter.

L'auteur, je l'avais vu à Culture&Dépendance un soir où Bernard Debré avait réalisé l'exploit de ne pas être sur le plateau. J'avoue qu'au début j'étais sceptique, comme dit dans le premier post ("tiens, encore un qui vient pleurnicher"). Et puis, même si je ne peux adhérer à tout (parce que je ne connais ni les tenants ni les aboutissants, je ne suis pas dans le milieu, donc je n'ai pas de motif de comparaison, je ne vais pas dire amen comme-ça), il y a un point avec lequel je suis d'accord parce qu'on peut le généraliser à d'autres domaines et il est évoqué dans ce paragraphe :

Citation:
- le changement de l'éducation tient selon à la lutte contre un prétendu ennui des élèves en classe, qu'il faudrait contrecarrer de trois façons. Plus de sorties, plus de proximité avec l'élève (étudier du rap, des films...) => l'objectif est de s'adapter à l'élève, et non plus qu'il s'élève au niveau du prof => et donner plus de valeur à l'opinion de l'élève. L'auteur semble se hérisser en entendant fréquemment le "c'est votre opinion pas la mienne", ou des élèves de 12 ans parler d'avoir "sa" personnalité". En gros, tout est légitime, quelle que soit la personne qui parle, son expérience.


Comme Biz, ma part d'élitisme qui ressort. D'ailleurs elle n'a pas de difficultés à le faire, elle n'est pas enfouie bien loin.
J'en avais déjà parlé ailleurs, je trouve qu'il est dommage que le chemin se fasse toujours dans le même sens (en gros, le prof descend vers l'élève). Je ne développe pas, ça reviendrait à redire à peu près la même chose.

D'autres considérations :
_ Son livre est sans doute intéressant mais virez-moi ce titre qui sent le service marketing de la maison d'édition à plein nez ("Ouais cool, après treize heures de brainstorming intensif au café du Coste, on a pensé que La fabrique du Crétin ça le ferait. Ca fait indépendant d'esprit qu'à même pas peur et que même, il est pas politiquement correct. Trop bien. Avec ça, t'as Ardisson direct." ) Effectivement il a eu Ardisson, assis à côté de lui en tant qu'invité chez Giesbert.
_ Pour avoir traîné quelques temps en fac, oui, c'est évident, l'égalité des étudiants c'est joli, encore faut-il la trouver.
DuncanIdaho
Ca a l'air intéressant comme bouquin. C'est marrant, je suis super sceptique dès que l'on commence à me sortir le refrain du "c'était mieux avant" : 90% des fois, ça relève plus du fantasme que d'une réelle constatation. Le best of the best, c'est sans doute l'évolution du niveau du bac. Combien de mecs de 20 ans j'ai entendu dire pendant mes études : "wouarf, le bac, c'est de la plaisanterie maintenant à côté de quand je l'ai passé". C'est sûr, en deux ans, la donne a changé . Je vois plus la dedans une espèce de masturbation visant à valoriser la mention qu'on a décroché quelques années avant, genre "à l'époque elle valait plus qu'aujourd'hui, l'être humain était plus intelligent".

Pour moi, la vérité est qu'en quelques années, on ne peut pas voir l'évolution. C'est sûr, le type qui sort de prépa et qui regarde les sujets du bac va les trouver pipo. C'est pas qu'ils sont plus faciles : s'il prenait la peine de ressortir ses propres sujets, il les trouverait sans doute pipo aussi. En deux ou trois ans, on ne peut pas noter une évolution significative. Quant à celui qui peut témoigner de 30 ans d'évolution (genre Papa Maman ou Tonton Tata ), bah, force est de constater qu'il est capable de remarquer les changements du programme mais est bien souvent trop has been pour dire sérieusement si l'évolution est positive ou négative (quand je pense que ma mère apprenait la couture à l'école ).

Si l'on sort de ces expériences persos qui sont donc bien souvent biaisées, on va lire des bouquins comme celui cité dans ce topic. Bien souvent, ce genre de bouquin est biaisé aussi (rien qu'ici, comme vous l'avez dit, le titre flaire le discours pas sérieux). Donc il faut piocher un auteur dont les références jouent en sa faveur : qualification et peu d'intérêt à orienter son sujet artificiellement. Ici, l'auteur semble remplir ces conditions. Comme en plus il défend une thèse qui me rend naturellement méfiant, je me dis que s'il arrive à me convaincre, c'est que c'est pas que des conneries .

Bref, tout ceci donne bien envie de le lire. L'idéal serait d'avoir un bouquin de qualité équivalente et qui défende la thèse opposée.
Les petits pains, ça fait du bien au ventre et les gros pains, ça fait du mal aux oreilles.
De grâce !
DuncanIdaho a écrit :
Ca a l'air intéressant comme bouquin. C'est marrant, je suis super sceptique dès que l'on commence à me sortir le refrain du "c'était mieux avant" : 90% des fois, ça relève plus du fantasme que d'une réelle constatation. Le best of the best, c'est sans doute l'évolution du niveau du bac. Combien de mecs de 20 ans j'ai entendu dire pendant mes études : "wouarf, le bac, c'est de la plaisanterie maintenant à côté de quand je l'ai passé". C'est sûr, en deux ans, la donne a changé . Je vois plus la dedans une espèce de masturbation visant à valoriser la mention qu'on a décroché quelques années avant, genre "à l'époque elle valait plus qu'aujourd'hui, l'être humain était plus intelligent".

Pour moi, la vérité est qu'en quelques années, on ne peut pas voir l'évolution. C'est sûr, le type qui sort de prépa et qui regarde les sujets du bac va les trouver pipo. C'est pas qu'ils sont plus faciles : s'il prenait la peine de ressortir ses propres sujets, il les trouverait sans doute pipo aussi. En deux ou trois ans, on ne peut pas noter une évolution significative. Quant à celui qui peut témoigner de 30 ans d'évolution (genre Papa Maman ou Tonton Tata ), bah, force est de constater qu'il est capable de remarquer les changements du programme mais est bien souvent trop has been pour dire sérieusement si l'évolution est positive ou négative (quand je pense que ma mère apprenait la couture à l'école ).

Si l'on sort de ces expériences persos qui sont donc bien souvent biaisées, on va lire des bouquins comme celui cité dans ce topic. Bien souvent, ce genre de bouquin est biaisé aussi (rien qu'ici, comme vous l'avez dit, le titre flaire le discours pas sérieux). Donc il faut piocher un auteur dont les références jouent en sa faveur : qualification et peu d'intérêt à orienter son sujet artificiellement. Ici, l'auteur semble remplir ces conditions. Comme en plus il défend une thèse qui me rend naturellement méfiant, je me dis que s'il arrive à me convaincre, c'est que c'est pas que des conneries .

Bref, tout ceci donne bien envie de le lire. L'idéal serait d'avoir un bouquin de qualité équivalente et qui défende la thèse opposée.


Je comprends ton scepticisme et je le partageais aussi. Pour moi le mythe de l'age d'or, ça sonne bien, mais c'est douteux.
D'autant que pendant la première partie du bouquin, je n'étais pas du tout convaincu, ça ressemblait plus à un règlement de comptes.
Pas de statistiques, pas de règles générales.
Mais à force d'exemples concrets, tu te mets à te dire, merde, ce nivellement par le bas, c'est pas du pipeau.
Pour l'orthographe, je trouve que ce site est finalement assez châtié, bravo aux gratteux.
Mais quand je fais des parties de AOE en réseau, je me rends compte que beaucoup de jeunes ne prennent pas la peine de dire boujour, ni salut, mais "lu" .
Quand je dis bonne chance on me dit "toit aussi". Quand je le fais remarquer, on me dit "on san fou".
ça fait un"faisceau concordant d'indices" comme on dit en droit.
Mais je n'ai pas fini la lecture, je vous en dirai plus après.
" Raphaël" 5e vendeur de disques en 2005. Pauvre France.
Perfect Tömmy
Je suis moi-même professeur de Lettres et mon avis va totalement dans le sens de ce livre ! Il me serait long de détailler chaque point de la thèse de l'auteur, aussi vais-je prendre un exempe que tu cites, De Grâce, à savoir l'abaissement des exigences que l'on peut constater dans le contenu des manuels, qui sont après tout les reflets pratiques (même si imparfaits...) du contenu des programmes...

Un de mes amis est aussi professeur de Lettres, tout comme l'a été son père aujourd'hui retraité. Aussi a-t-il "hérité" des divers manuels que son père a pu utiliser durant sa carrière en collège et lycée.

Je lui rends visite un jour et celui-ci me soumet un manuel de français pour classes de BEP datant de la fin des années 70, si j'ai bonne mémoire... Que dire de plus si ce n'est que les objets d'études, le niveau et la longueur des textes étudiés (uniquement des textes littéraires, pas d'articles de journeaux ni de publicités) et la profondeur des questions d'analyse y étaient d'une difficulté équivalente voire supérieur à ce que propose l'actuel programme de français... en classes de première générale et technologique.

Certains pourront penser que j'exagère afin de faire passer un message, il n'en est rien. Je ne fais que constater froidement ce que j'ai eu dans les mains à la lumière de mon expérience de professeur du secondaire ayant justement enseigné ces dernières années en lycée général et en lycée pro'...

Citation:
Je croyais que la critique du "déclinisme" était très mal vue au sein du corps enseignant, que beaucoup d'études contredisaient la baisse des élèves... etc.
Alors, les enseignants?


Disons que la thèse du déclinisme est mal vue auprès des syndicats, des formateurs IUFM, des inspecteurs, des commissions d'élaboration des programmes... bref, auprès des gens qui tiennent la machine... Forcément, ils ne sont tout de même pas assez idiots pour se tirer une balle dans le pieds...

En revanche, discute avec des professeurs, des gens qui sont sur le terrain depuis un certain temps, des gens qui n'ont pas un petit privilège à perdre en ouvrant leur gueule, des gens qui ne se sont pas planqués derrière de "hautes" responsabilités, etc., et tu entendras un son de cloche très différent.
DuncanIdaho
Cela dit, pour apporter ma contribution à la critique de l'enseignement, je livre ici une constation que j'ai faite quand j'étais au lycée. Ce n'est pas une comparaison dans le temps car comme je l'ai dit, je ne pense pas que le commun des mortels (et moi dedans) soit capable d'analyser objectivement l'évolution de la qualité globale de l'enseignement (et j'insiste sur le globale : la baisse en orthographe peut être compensée par une hausse dans d'autres domaines).

Donc, après la seconde, j'ai quelques amis qui ont choisi d'aller en section littéraire. La question qui tue alors car les 1ere S commencent assez rapidement les trinômes dans la continuité du programme de maths de seconde est : "en L, que faites vous en math". Et bien j'avais à l'époque constaté avec stupeur que l'enseignement des maths en L régressait par rapport à la fin de la seconde. Comme ci le constat de base était : les littéraires sont des brêles en math, ils ont forcément été largués en 2nde, on va refaire plus simple pour eux.

Où est le problème ? Si on décide que jusqu'à la 2nde, il n'y a pas de sections, c'est que ce qu'on y enseigne est utile à tous. Celui qui ne le maîtrise pas doit redoubler où trimer pour se mettre à niveau, on ne peut pas sacrifier les littéraires qui ont compris ce qu'était une équation affine sous prétexte que d'autres n'ont pas la bosse des maths. Ou alors on dit que le programme de maths de 2nde n'est pas utile à tous et on met des sections différentes dès cette année là !

Il y a deux ans, j'ai eu l'occasion de voir le sujet de bac des L en math. Affigeant : 15 points ou presque sur le calcul de pourcentages. Comme si le constat était : il n'y a que les filles qui partent en L, apprenons leur à ne pas se faire avoir pendant les soldes et c'est tout (:lol.

Je ne sais pas si je suis objectif sur ce point mais il me semble que le niveau en S des matières littéraires (français en première et philo en terminale) n'est pas si faible en comparaison, relativement au nombres d'heures consacrées dans ces matières bien sûr. Je veux dire, en français comme en philo, j'ai bien le sentiment qu'il y avait moyen de se vautrer si on ne faisait pas d'effort. Le devoir de maths section L au bac, le petit frère en 6e pourrait avoir 20 et avoir le temps de rentrer chez lui une heure avant se faire des tartines pour le goûter .

Bref, je trouve ceci assez significatif du nivellement par le bas dont se bouquin parle, et de l'adapation du programme aux élèves et non l'inverse.
Les petits pains, ça fait du bien au ventre et les gros pains, ça fait du mal aux oreilles.
Perfect Tömmy
Ton analyse, Duncan, est cruelle... mais tellement juste ! Ce n'est pas pour rien si les sections L sont aujourd'hui considérées comme les "poubelles" des sections générales... Les Bac S et ES restent les plus cohérents en terme de compétences à avoir... Mais attention ! Les sections S pâtissent aussi du fait de leur succès : beaucoup de classes de premières et de terminales S sont constituées d'élèves ayant choisis cette orientation mais n'ayant pas de dispositions partitculières pour les matières scientifiques, préférant une "voie royale" à une voie plus adaptée à leur profil... Franchement, quand je pense à mes amis ayant fait un bac S, qui ont trimé en maths, en physique et en SVT... pour faire une fac d'histoire ou une prépas Lettres par la suite, je me dis qu'il y a un problème...

Quand je repense à ce que disait cyniquement mon professeur de philo de Terminale : "Vous savez pourquoi je n'ai jamais besoin de montrer ma carte d'identité quand je règle par chèque mes courses à l'hypermarché ? Parce que toutes les caissières sont d'anciennes élèves de terminale L..." Ca faisait froid dans le dos...

Le sauvetage (difficile) de la section L passe par l'imposition à celle-ci d'un programme de matières scientifiques conséquents (l'option maths de part son niveau "correct" gagnerait à être insérée dans le tronc commun...)
NiKoRn69
J'ai pas tout lut. est ce que le question est :"l'education francaise est elle en declin?"
Je pense effectivement que oui, par rapport a ce quelle a etait dans le passe. mais elle reste relativement elevee par rapport aux autres educations que l'on peut trouver sur la majeur partie du globe.
Par exemple, j'ai eu mon Bac l'annee derniere, et maintenant je fais une annee aux etats-unis, dans une classe similaire a la term,et bien je peux vous garantir que j'en suis fiere maintenant de l'education francaise !!!
Attention, j'ai pas dit USA = reste du monde.
Ce que je veu dire c'est que la france est facilement dans le top 10 voir 5 au niveau mondial, en ce qui concerne l'education .
JPZ
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  • Publié par
    JPZ
    le 17 Janv 2006, 16:30
Perfect Tommy a écrit :

Quand je repense à ce que disait cyniquement mon professeur de philo de Terminale : "Vous savez pourquoi je n'ai jamais besoin de montrer ma carte d'identité quand je règle par chèque mes courses à l'hypermarché ? Parce que toutes les caissières sont d'anciennes élèves de terminale L..." Ca faisait froid dans le dos...


MONSTRUEUX ! !!
De grâce !
DuncanIdaho a écrit :
Bref, je trouve ceci assez significatif du nivellement par le bas dont se bouquin parle, et de l'adapation du programme aux élèves et non l'inverse.


à ce propos, je me rappelle une discussion entre un prof d'histoire et ma prof de philo quand j'étais en terminale...
c'était du genre: "mais vous avez vu ce qu'a dit l'inspecteur? Il faut que les élèves se rapprochent de notre niveau!
Mais il ne manquerait plus que ça ! C'est le monde à l'envers!

Le problème est : si on ne donne pas le bac à tous les élèves, que vont faire ceux qui ne l'ont pas... il faut retravailler tout l'ensemble à ce moment-là.

perfect tommy, c'est vrai, alors ces notes remontées au bac? Comment ça se passe concrètement?

Je m'étonne de ne pas avoir vu de lycéens s'exprimer... il faut leur dire que choisir la facilité n'est pas dans leur intérêt...

Citation:
MONSTRUEUX ! !!


oui enfin... j'ai un bac L et c'est bien...
" Raphaël" 5e vendeur de disques en 2005. Pauvre France.
lemg
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  • Publié par
    lemg
    le 17 Janv 2006, 17:14
NiKoRn69 a écrit :
J'ai pas tout lut. est ce que le question est :"l'education francaise est elle en declin?"
Je pense effectivement que oui, par rapport a ce quelle a etait dans le passe. mais elle reste relativement elevee par rapport aux autres educations que l'on peut trouver sur la majeur partie du globe.
Par exemple, j'ai eu mon Bac l'annee derniere, et maintenant je fais une annee aux etats-unis, dans une classe similaire a la term,et bien je peux vous garantir que j'en suis fiere maintenant de l'education francaise !!!
Attention, j'ai pas dit USA = reste du monde.
Ce que je veu dire c'est que la france est facilement dans le top 10 voir 5 au niveau mondial, en ce qui concerne l'education .


Dans les fameux classements, on doit être entre la dixième et la vingtième place.
Bon, il faut voir les critères de classement.

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