Bonjour
slash2808 a écrit :
..Je voudrais juste savoir si l'on obtient les meilleurs résultats à sec ou sans produit
Il doit manquer quelques mots.
Je trouve très très sympa qu’un luthier vienne sur un forum pour partager quelques-unes de ses connaissances. Sérieusement ! Mais en ce qui concerne l’anglo-saxon… euh…
cg.lutherie a écrit :
le lemon oil n'est pas une huile, juste une essence de nettoyage vendue à pris d'or.
(in english oil : essence)
La principale difficulté vient du fait que les champs sémantiques francophones et anglo-saxons ne se recoupent pas de façon à permettre des transpositions simples, avec des correspondances simples. Fondamentalement « oil », c’est de l’huile. Mais « oil » peut aussi être d’autres choses. En fait, c’est un sujet où l’usage compte énormément. Quelques exemples.
crude oil = pétrole brut
linseed oil = huile de lin
essence (pour moteur à explosion) = petrol (UK) ou gasoline ou gas (USA)
gazole (pour moteur à explosion) = gas oil ou diesel oil ou plus simplement diesel
>>> this car runs on diesel, not on petrol = cette voiture roule au gazole, pas à l’essence
essence (au sens générique de carburant) = fuel
>>> the car is running low on fuel = la voiture commence à manquer de carburant
La « lemon oil » de chez D’Addario (que j’utilise) est bien une huile. Et de mémoire, la « lemon oil » de Dunlop 65 est aussi une huile. Ce n’est pas de l’essence de citron, ou plus exactement de l’huile essentielle de citron. C’est de l’huile minérale très fluide, parfumée au citron (parfum de synthèse) pour que ça sente bon à l’utilisation. Rien de plus.
Cette remarque ne devrait rien retirer des connaissances et compétences de cg.lutherie en tant que luthier.
Il y a d’abord la question du nettoyage des frettes (polissage) et éventuellement du nettoyage près des pieds des frettes, là où la crasse est plus difficile à enlever (si la touche est très sale). Un avis pour le polissage des frettes : en plus des effets de la laine d’acier, j’utilise des gommes abrasives de grain 1000 de chez Hosco (Japon) pour polir la totalité visible de chaque frette. J’abrège sur ces points pour répondre à la question.
Commencer par protéger soigneusement les micros ou l’ouïe avec du masquage. Gratte électrique : les aimants des micros attirent les brins d’acier. Ou gratte acoustique : je n’ai pas envie de retrouver des brins d’acier dans la caisse près de la plaquette électronique du préampli. En plus, je protège toute la caisse ou tout le corps, par exemple avec des sacs poubelle, pour ne pas risquer de rayer la finition avec les poussières de laine d’acier.
Pour nettoyer le bois de la touche, de la laine d’acier quadruple 0 à sec. La quadruple 0 n’est pas facile à trouver mais c’est possible en Europe. Si la touche est en palissandre, le bois va s’éclaircir légèrement. Si la touche est en ébène, la teinte ne va pas beaucoup s’éclaircir.
Le nettoyage à la laine d’acier à sec permet de décoller la crasse et de la récupérer. Si on nettoie la touche à la laine d’acier et qu’on la huile dans le même temps, on ne prend pas le temps de ramasser le maximum de crasse. La crasse se mélange avec l’huile. Au final, on laisse un peu plus de crasse sur la touche.
Faire attention aux brins de la laine d’acier qui vont se séparer de la pelote ou petite boule quand on frotte et prévoir de récupérer les petits brins qui trainent partout, tout simplement avec un aimant.
Nota : les moteurs électriques des aspirateurs comportent des aimants qui eux aussi attirent l’acier. Je dis ça, je ne dis rien. Donc un aimant si possible de belle taille et les poussières d’acier sont facilement récupérées.
Etape suivante. C’est ce que je fais mais ça pourrait déclencher des polémiques. Donc à prendre comme une suggestion à laquelle on peut éventuellement réfléchir. Bref. Pour compléter ce nettoyage mécanique à la laine d’acier, je passe à l’étape suivante d’un nettoyage chimique. Je frotte la touche avec de l’alcool à 90 degrés. C’est très efficace. Le risque est de trop mouiller la touche. J’utilise un minimum d’alcool à 90 degrés sur un chiffon (éventuellement au coton tige pour les petites zones) et je surveille que cet alcool s’évapore rapidement. Ce n’est pas un bain. Et je passe de l’alcool en étant près d’une fenêtre ouverte pour accélérer l’évaporation. On peut remplacer l’alcool à 90 degrés par de l’alcool à brûler. Si tu optes pour un nettoyage à l’alcool, ne pas oublier de protéger toutes les parties vernies avec de l’adhésif de masquage (contre les projections). Si tu n’aimes pas ce nettoyage chimique par crainte de mouiller la touche, tu passes directement à l’étape suivante.
Pour tous les intervenants. On peut craindre de mouiller la touche. En fait, il ne faut pas que des liquides atteignent les pieds des frettes (risque de déchaussement). Avec ma façon rapide de faire et avec une bonne aération, il n’y a aucun risque. Pas de gonflement du bois, pas de frette qui se décolle de la touche. Mais si certains ne veulent pas mouiller la touche, s’ils craignent des gonflements du bois… ben… ils ne le font pas. Disons que la présente méthode comporte une option.
Je sais que certains utilisent un mélange huile de lin + siccatif + essence de térébenthine. Bien sur les portes de maison en bois massif par exemple. Mais sur une touche, ce mélange est un peu trop épais et pas assez fluide à mon goût pour se glisser très légèrement dans les fibres du bois.
La « lemon oil » (traduction mot à mot trompeuse par « huile de citron ») ne comporte pas de véritable huile de citron (huile essentielle de citron). C’est de l’huile minérale parfumée au citron (parfum chimique) pour que ça sente bon à l’utilisation. Pas plus. Selon la présente méthode, cette huile s’applique séparément des nettoyages. Si on a très légèrement mouillé la touche à l’alcool, attendre que le bois soit bien sec. Puis répandre de l’huile et attendre que la touche boive. Mais ce n’est toujours pas un bain ! Durée variable de l’absorption en fonction de la sécheresse de la touche et de l’essence du bois.
Exemple du palissandre. Ce bois absorbe bien les liquides. Et une touche neuve absorbe davantage qu’une touche traitée régulièrement.
Exemple de l’ébène. Les fibres du bois sont tellement serrées qu’il faut compter 2 ou 3 ou 4 fois plus de temps pour que l’ébène boive un peu. Mais globalement l’ébène absorbe moins d’huile que le palissandre.
Je préfère le produit « lemon oil » de chez D’Addario, donc en bouteille et sans applicateur. Ce produit semble être apprécié dans plusieurs pays et effectivement cette huile est stable dans le temps. C’est dispo en Europe. En fait les applicateurs se salissent rapidement, ce que je n’apprécie pas. Cependant le système Dunlop 65 avec applicateur n’est certainement pas rédhibitoire. Donc je prends un peu d’huile D’Addario sur un chiffon et ça fonctionne bien pour appliquer de l’huile exactement là où c’est nécessaire. Faudrait éventuellement comparer les prix qui sont peut-être en faveur du produit de chez Dunlop. Le mélange à base d’huile de lin peut se révéler moins cher, uniquement quand on a de grosses quantités de bois à traiter.
En résumé. Plein de protections contre les brins d’acier et les projections. Puis nettoyage mécanique > nettoyage chimique > huilage.
Un constat est évident. Quand je nettoie une touche, j’y passe du temps. C’est un choix. Je sais que certains nettoient une touche en 10 minutes. C’est pas mon truc mais je ne vais pas me prendre le chou avec d’autres pratiques. Et je n’affirme pas que cette méthode soit la seule valable au monde. Elle me convient
Voili, voilou.
PS : ce n’est pas « ma » méthode. Je l’ai copiée je ne sais où, en la complétant sur la base de divers avis.