PATRICK LARBIER a écrit :
En fait, la littérature musicale classique utilise une terminologie, des concepts d'interprétation beaucoup plus fins que ce terme anglo-saxon passe-partout (le Feeling).
La finesse d'interprétation, l'intelligence à mettre en évidence l'humanité d'une musique, sont décrits chez les classiques avec une subtilité confondante.
Le terme Feeling est un peu au vocabulaire musical ce que le SMS est à la littérature.
bon je crois que la démarche des musiciens classique est autre:
elle est d'interpréter une oeuvre , d'en faire ressortir toute l'émotion.
l'émotion en question n'est donc pas la sienne mais il doit faire entendre ce que Mozart ou Vivaldi a voulu faire passer à travers cette oeuvre.
dans un orchestre , il est plutôt au service du chef et de l'ensemble , il ne joue donc certainement pas suivant son "feeling".
ces musiciens sont très lecteurs , et les partitions classiques sont très détaillées : y figurent en particulier les nuances.
pour le musicien de jazz c'est autre chose (même si la plupard sont lecteurs aussi) . s'il interprête un thème de monk ou un autre , il est improvisateur , (donc compositeur sur un plan spontanné) et là , l'émotion qui passe est la sienne ( voire plutot celle de l'ensemble : trio , quartet , quintet?). c'est vraiment lui qui a quelque chose à dire.
un bon batteur de jazz va savoir faire percevoir instantanément à ses complices la tournure rythmique à adopter pour un morceau , son bassiste et les autres vont devoir capter le truc tout de suite.
*1
il y a donc des musiciens avec qui il est d'ailleurs très agréable de travailler qui "t'envoient" quelque chose qui te
pousse à surenchérir.
feeling = sentir?
ces "impulsions" sont aussi perceptibles par le public qui lui sera aussi très prompt à dire qu'on "swingue" pas et qu'on joue le jazz comme des fonctionnaires!
de quelle nature est cette
télépathie? le mystère reste entier!
les psy diraient sans doute "hystérie momentannée" lol et il est probable qu'ils ont raison!
d'un autre point de vue , pour un groupe , une chose à amener pour améliorer le "feeling" est un travail sur les
nuances dont j'ai parlé plus haut : je disais qu'elles figurent sur les parto classiques , mais pas en jazz (ou rock ou autres) !!! un groupe doit donc savoir faire un crescendo ou le contraire ou un passage très "piano" puis tout à coup très fort. comment? complicité et écoute....
autre chose incontournable bien sur : le placement rythmique , dans certains styles de jazz on joue plutôt "au fond du temps"...c'est quoi ça...
, d'autres: en avance.....glups....les croches plus ou moins ternaires....
mais le "feeling" doit rester quelquechose de mystérieux et il ne faut pas le dévaloriser! il est très important! c'est l'ame de notre musique! non mais!
oui le terme est hélas galvaudé parfois......
et pour recadrer ce post dans le sujet:
aucune incompatibilité pour moi entre feeling et théorie , c'est même sensé être complémentaire. je réapprouve la suggestion de zigmout qui nous encourage à chanter ce qu'on jouerait pour préparer une impro.
le chant globalement a d'ailleurs un tas d'autres qualité , il est important de le maitriser à peu près. la guitare étant un instrument assez complexe que nous ajoutons à notre corps d'humain , il est primordial d'avoir d'abord maitriser celui là (plus simple?) que nous avons "incorporé d'origine".
*1: normalement , c'est plutôt le contraire qui doit se passer : le soliste part sur une idée et les autres le suivent (l'accompagnent quoi!).
conseil: votre copain démarre son solo , jouez tout doucement ! pas fort du tout au début de son impro: il sera ainsi à l'aise et pourra démarrer sur quelques petites notes tranquilles , quand le solo prend une vraie orientation il est normal de "bourriner" un peu plus.
valà que j'me met à écrire des pavés moi aussi....