zweig a écrit :
Citation:
Le blues, c'est d'abord une plainte. Une plainte qui vient de la condition des nègres aux Etats-Unis au début du XXème mais qui comme le courant littéraire de la négritude lancé par Senghor, Césaire et Damas, se veut universelle parce c'est une condition que tout homme a pu ou peut être amené à ressentir. Cette plainte s'exprime avec le langage de ces hommes aux lointaines origines africaines dont les ancêtres ont été déracinés sur un autre continent où existent d'autres cultures indigènes et acculturés par les blancs.
C'est bien sûr faux .
Le blues est un
mélange de diverses cultures d'immigrés qui n'a cessé d'évolué .
Réduire le blues à une plainte, on passe franchement à côté du truc. Si on écoute Freddy King, ou Howlin wolf, j'ai surtout l'impression d'une énergie formidable. Les paroles, quand elles sont "plaintives", portent souvent sur les rapports hommes-femmes et ça c'est juste universel.
Le blues émerge dans un contexte très particulier qui est celui du Mississippi delta post-esclavage, où les noirs commencent à échapper à l'emprise des grands propriétaires mais se retrouvent aux prises avec les "petits blancs" et la ségrégation. Le fond musical africain (instrumental, rythmique, chant) était resté caché et d'un coup il sort à la lumière, aidé par les enregistrements et l'électrification.
La musique nait dans un contexte complètement rural, ce qui est quand même exceptionnel. Entre 1920 et 1940 il y a une effervescence dans un coin complètements paumé mais surpeuplé, ou les gens veulent s'amuser, s'alcooliser, écouter de la musique. Ces gens là ont une culture du rythme et du chant particulière, donc ça sort sous cette forme, mais c'est d'abord quelque chose de festif (et pas d'introspectif).
D'ailleurs si je pense à des blues qui expriment une plainte, je vois d'abord des morceaux créés par des blancs, comme Million Miles Away de R Galhager ou I got the same Old Blues de JJ Cale