Le Blues...Pourquoi ? Comment ?

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zweig
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    zweig
    le 31 Juil 2023, 23:48
Pourtant toute la musique que t'aimes elle vient de là .
Ahouimaisnon
zweig a écrit :
Citation:
Le blues, c'est d'abord une plainte. Une plainte qui vient de la condition des nègres aux Etats-Unis au début du XXème mais qui comme le courant littéraire de la négritude lancé par Senghor, Césaire et Damas, se veut universelle parce c'est une condition que tout homme a pu ou peut être amené à ressentir. Cette plainte s'exprime avec le langage de ces hommes aux lointaines origines africaines dont les ancêtres ont été déracinés sur un autre continent où existent d'autres cultures indigènes et acculturés par les blancs.


C'est bien sûr faux .
Le blues est un mélange de diverses cultures d'immigrés qui n'a cessé d'évolué .


Réduire le blues à une plainte, on passe franchement à côté du truc. Si on écoute Freddy King, ou Howlin wolf, j'ai surtout l'impression d'une énergie formidable. Les paroles, quand elles sont "plaintives", portent souvent sur les rapports hommes-femmes et ça c'est juste universel.

Le blues émerge dans un contexte très particulier qui est celui du Mississippi delta post-esclavage, où les noirs commencent à échapper à l'emprise des grands propriétaires mais se retrouvent aux prises avec les "petits blancs" et la ségrégation. Le fond musical africain (instrumental, rythmique, chant) était resté caché et d'un coup il sort à la lumière, aidé par les enregistrements et l'électrification.

La musique nait dans un contexte complètement rural, ce qui est quand même exceptionnel. Entre 1920 et 1940 il y a une effervescence dans un coin complètements paumé mais surpeuplé, ou les gens veulent s'amuser, s'alcooliser, écouter de la musique. Ces gens là ont une culture du rythme et du chant particulière, donc ça sort sous cette forme, mais c'est d'abord quelque chose de festif (et pas d'introspectif).

D'ailleurs si je pense à des blues qui expriment une plainte, je vois d'abord des morceaux créés par des blancs, comme Million Miles Away de R Galhager ou I got the same Old Blues de JJ Cale
oldamp
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T'as jamais écouté du Lightnin Hopkins ! Rien de tel pour te foutre le cafard !



room135
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Ahouimaisnon a écrit :


Réduire le blues à une plainte, on passe franchement à côté du truc. (...)

Entre 1920 et 1940 il y a une effervescence dans un coin complètements paumé mais surpeuplé, ou les gens veulent s'amuser, s'alcooliser, écouter de la musique.


1eremt) Renseignes toi... Le terme de Blues existe chez les afro-américains des 1870/ 1880... Sans doute avant, mais la premiere trace écrite dans une lettre, manuscrite remonte à cette époque.

Et désigne une personne qui n'a pas le moral .

2ement) le blues en temps que forme musicale est déjà présent à la Nouvelle Orléans dès 1900 ...
Brigido
Sans entrer dans les détails sociologiques et historiques (où l'on fini par enculer des mouches), je suis assez d'accord avec Ahouimaisnon sur le fait qu'il y a sans doute une explosion du Blues dans les années 30, avec la multiplication des juke joints, des musiciens itinérants etc. Le Blues est la musique du moment dans cette communauté, et il accompagne les soirées festives. En ça, oui, le Blues est une musique de fête, sur laquelle on danse et on s'amuse. A un moment donné, il faut aussi décorréler la musique du contexte social, historique etc. (même si tout est imbriqué).
Je pense que pour la plupart des gens de cette époque, le Blues n'est que de la musique, et éventuellement le marqueur culturel d'une communauté (et certainement pas quelque chose de politique et d'intellectualisé).

Les analyses sociologiques, ethnologiques, historiques peuvent aussi alimenter beaucoup de fantasmes, parfois bien éloignés de la réalité.
Du Blues, de la Soul, une touche de Jazz, un zeste de Rock, une pincée de Folk, un doigt de Country...
Ahouimaisnon
Bon bah je dis juste que réduire le blues à l'expression d'un mal être c'est réducteur. Et oui, les références ce sont des musiciens de Juke joint , payés pour mettre l'ambiance. Perso j'ai horreur des musiques introspectives qui mettent le plomb et ce que j'aime dans le blues c'est tout le contraire. Peut être pour mettre tout le monde d'accord (impossible) qu'on peut dire que le blues est un moyen de sublimer la tristesse et le côté sordide de l'existence pour en faire quelque chose de beau et de gai. Comme d'ailleurs la plupart des musiques afro américaines du nord au sud.

L'équivalent en littérature c'est Chester Himes, Fossoyeur et Ed Cercueil à Harlem (qui fait d'ailleurs des références au blues dans tous ses livres)
oldamp
  • oldamp
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Pas sûr qu'au début des années 30 (la grande dépression) c'était vraiment festif... Sinon, la musique de danse festive fin 30 début 40 c'était plutôt le swing et le boogie woogie, musique inspirée par le bruit rythmé des roues des wagons sur les rails et initiées par les vagabonds musiciens itinérants voyageant clandestinement sur ces trains.
Ahouimaisnon
oldamp a écrit :
T'as jamais écouté du Lightnin Hopkins ! Rien de tel pour te foutre le cafard !





Ça donne pas le cafard du tout ! D'ailleurs quand on est pauvre on a pas les moyens de se payer une dépression.
Une musique cafardeuse c'est ça :

Biosmog
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Brigido a écrit :
Les analyses sociologiques, ethnologiques, historiques peuvent aussi alimenter beaucoup de fantasmes, parfois bien éloignés de la réalité.


c'est pas plutôt le contraire?
Vous battez pas, je vous aime tous
Biosmog
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Sinon je trouve marrant vos chamailleries sur le "vrai" blues. C'est une question absurde, car la musique est évolution. A peine un style est reconnu, que des musiciens s'en écartent, le travestissent, l'hybride.

Le blues vient bien d'une tristesse, d'une souffrance face à la vie rurale dure, à une condition insupportable dans les plantations, sur les voies de chemin de fer en construction. C'était issu de chants de travail, à une époque où il n'y avait pas d'enregistrement (fin XIXe début XXe). C'est le sens de l'expression. Dans les années 20-30, on n'était déjà plus du tout dans les premières formes de blues. Et déjà la légende s'est emparée du blues, tranformant la tristesse en célébration. Mais c'était toujours du "vrai" blues. Son urbanisation a été très importante, car elle a donné forme à une nouvelle tension, la nostalgie d'une vie passée, d'un ailleurs plus authentique, hors de la civilisation urbaine. Difficile de nier cette trame de souffrance, mais difficile de n'entendre que ça: en devenant une musique de "concert" ou d'animation, elle a dû intégrer d'autres choses, moins douloureuses. Comme aujourd'hui, certains continuent (et non perpétuent, c'est une expression de croque-mort) ce style, en lui ajoutant de nouvelles harmonies, de nouveaux sens, souvent involontairement: on est bien obligé d'exprimer sa contemporanéité.
Vous battez pas, je vous aime tous
Biosmog
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Ahouimaisnon a écrit :

Une musique cafardeuse c'est ça :



non, ça c'est niais.
Vous battez pas, je vous aime tous
tn.s
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  • #432
  • Publié par
    tn.s
    le 19 Août 2023, 00:46
il y a aussi le bon blues et le mauvais blues!
le mauvais blues, il joue, mais ..
le bon blues, il joue aussi, mais ..

Hors blague, je pense que l'essentiel du blues est une ancienne douleur transcendée, spiritualisée, une mémoire et une exaltation.
Un peu comme une maladie vaincue, mais qu'on continue de soigner pour se sentir bien ..
C'est un médoc, quoi!
Biosmog
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tn.s a écrit :
il y a aussi le bon blues et le mauvais blues!
le mauvais blues, il joue, mais ..
le bon blues, il joue aussi, mais ..

Hors blague, je pense que l'essentiel du blues est une ancienne douleur transcendée, spiritualisée, une mémoire et une exaltation.
Un peu comme une maladie vaincue, mais qu'on continue de soigner pour se sentir bien ..
C'est un médoc, quoi!


Je ne comprends pas trop l'histoire de la maladie qu'on continue de soigner, mais oui, il y a quelque chose de référentiel, de truc "qu'on continue de". Je crois qu'il n'existe aucune musique qui ne parle pas de quelque chose de passé, en y ajoutant le présent, qui n'est pas rappel d'un passé avec ajout d'un présent (on se rappelle, maintenant on chante/danse).
Vous battez pas, je vous aime tous
Saitapharnes
Le blues c’est parfois aussi une musique entraînante alors que les paroles sont bien lourdes …

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