Les stagiaires

Allez, je fais un dernier effort:

Il s'agit d'une ASBL regroupant une majorité de salariés et quelques indépendants (et non, ces derniers ne sont pas "les chefs" ). Une trentaine de travailleurs au total.

Il ne s'agit pas d'un conseil d'administration "collectif" mais bien d'un conseil d'administration élu par l'assemblée générale des travailleurs de la maison médicale (dont font partie TOUS les travailleurs de la structure), tous les trois ans, auquel peut se présenter (et se présente) chaque travailleur de l'entreprise. On se retrouve donc avec un conseil d'administration de cinq-six personnes composé de façon la plus représentative possible (pas question de n'avoir que des médecins ou kinés, que des administratifs, que des accueillant(e) etc etc ). Pas de possibilité de s'incruster au-delà de deux mandats (bénévoles) consécutifs.

Ce conseil d'administration prend TOUTES les décisions concernant la gestion de l'ASBL (personnel, matériel, finances). Seules les grandes décisions d'orientation (s'agrandir, créer un poste etc etc ...) sont du ressort de l'assemblée générale des travailleurs (+ donc l'élection du CA).

La gestion propre du bâtiment est elle confiée à la coopérative créée pour acheter et entretenir le bâtiment, et dont sont actionnaires tous les travailleurs de la structure.

C'est plus clair?



A part le nom, presque rien de commun avec ce que je décris - lis le lien que j'ai mis à la page précédente.

Le monde de l'entreprise n'a rien de démocratique, aujourd'hui encore. C'est un monde d'opacité, de pouvoir, de concurrence finalement ouverte. Je ne remets pas en cause ton institution, j'essayais juste de la faire coller à ma propre expérience et à ce que je connais du métier de médecin: profession à très haut niveau de spécialisation. Le comptable ne saisira pas nécessairement l'utilité de l'achat de tels appareils et devra s'en remettre à ton avis. La démocratie, en principe, nécessite une égalité de compétence (je parle de domaines de compétences, pas de niveaux).

Il est bien évident que le type de système que je vis et décris ne fonctionnera pas avec des médecins (ou psychologues, kinés, ou je ne sais quoi) imbus d'eux-même, jaloux de leurs prérogatives, incapables de travailler en équipe sur un pied d'égalité en reconnaissant à chacun ses compétences propres.
Ce type de structure ne fonctionne qu'avec une transparence totale et une multitude d'avis consultatifs: par exemple, le conseil d'administration ne prendra jamais une décision concernant un pôle (accueil, assistance sociale, médecin ... ) sans consulter ce dernier sur le bien-fondé de sa décision. Certes la décision finale lui revient, mais de façon réfléchie et équilibrée. La gestion d'une telle structure, ça ne s'improvise pas: c'est beaucoup de travail, énormément de patience, d'écoute, de formation aussi. Les systèmes les plus "démocratiques" ne sont pas les plus "simples" pour ceux qui veulent y participer. Mais c'est sacrément enrichissant.

Ca implique aussi d'engager des personnes non seulement sur leurs compétences professionnelles, mais aussi sur l'adhésion à un projet nettement plus vaste: les qualités humaines de sociabilité, de sens des responsabilité et d'engagement (pas au sens politique du terme, ou alors en revenant au sens étymologique du terme!) sont essentielles.

Accessoirement, il faut aussi des travailleurs pas uniquement guidés par le fric: si les administratifs ou accueillantes sont payés de façon plutôt avantageuse, les kinés ou les médecins par exemple gagnent moins que s'ils étaient à leur compte en pratique libérale. A mes yeux, c'est totalement compensé par le confort et le plaisir de travailler dans une équipe multidisciplinaire autour d'un but commun (améliorer la qualité de la première ligne de soins).

ni les bourgeois convertis à l'autogestion, ni les nostalgiques du stalinisme n'apprécient qu'on leur rappelle la réalité historique :


« Tout le monde était d'une manière ou d'une autre contre les collectivisations, sauf les travailleurs eux-mêmes. Certes, la CNT-FAI les revendiqua comme "sa" création et ce sont la plupart du temps des militants de ces organisations qui en prirent l'initiative. Mais le décret qui les limite et les dénature fut aussi, en grande partie, son œuvre.
Les travailleurs qui avaient réalisé et défendu l'autogestion de nombreux secteurs industriels et agricoles avaient donc pour ennemis non seulement les militaires et les fascistes représentant la bourgeoisie, mais aussi objectivement les nouvelles couches bureaucratiques qui, placées sous les mêmes drapeaux qu'eux, avaient déjà commencé à rétablir, sous des formes parfois nouvelles, la vieille exploitation du travail salarié et la hiérarchisation totalitaire de la vie sociale. »

Carlos Semprun-Maura, Révolution et contre-révolution en Catalogne

Voilà ce qui affecte/infecte n'importe quelle organisation politique ... no future

Les enfants de bourges post-situ qui n'ont jamais mis les pieds dans une usine et qui viennent donner des cours de marxisme, d'anarchisme et d'autogestion avec des copier/coller de l'encyclopédie des nuisances ou d'Ivrea, c'était risible, mais avec la répétition ça devient pénible.
Sinon Jules Albert, ça y est ton père t'a payé une Ferrari, ou il attend le grand soir ?

Bah il a raison.

Sinon, je n'ai jamais mis les pieds non plus dans une usine. Sauf si on considère que l'hôpital public en est une.

Tout comme les fils d'ouvriers, qui n'ont jamais fait plus de 38 heures semaine, sans investissement de leur argent propre, sans supporter la pression et le risque financier en cas de faillite, etc et qui viennent donner des leçons de gestion d'entreprise.

Ça va dans les 2 sens.

DSL mais là je vais m'énerver caribroute
Je suis fils d'ouvrier et j'ai déjà fait bien plus que 40h par semaine, et ouais mec

Non, ça ne va pas dans les deux sens.

D'une part je pense que tu n'as pas capté a quoi je faisais référence en parlant de d'enfant de bourge post-situ, il faut que tu lises un peu, ça ne te fera pas de mal.

D'autre part, j'ai monté une boite avec deux associés avant de me mettre en indépendant et j'ai perdu pas mal de thune sur cette affaire. Tout le monde n'a pas la chance comme toi de reprendre ou de travailler dans la boite de papa.

Shaolintao, il n'y a rien de dénigrant dans mon propos, je disais juste qu'il est difficile de donner des leçons quand on a qu'un son de cloche.

Sur 3 mécaniciens en cdi, j'en ai 2 malades pour le moment. J'en suis à 5000 eur de perte. Et ça je suis certain qu'aucun des deux ne s'en doute, et surtout qu'il s'en fichent.

Ça c'est MA réalité. Ils ont la leur bien entendu.

Mon beau frère bosse en usine, et toutes ses heures supplémentaires sont payées. En moyenne il touche 2.000 eur net par mois. C'est un métier difficile mais qui paie bien pour quelqun sans formation à la base.

Blowup ce n'était pas une attaque envers toi, pas la peine de toujours me relancer sur le chanceux fils à papa...

Tu nous saoules avec tes gif à la con, on les connait, va poster des nichons.