Les stagiaires

Le problème, Doc, c'est qu'on n'a pas assez de boîtes dites "coopératives" en France.

Et que les systèmes d'actionnariat salarié et de participation aux bénéfices de l'entreprise qui ont été mis en place en France sous De Gaulle et Pompidou, ça fait belle lurette qu'ils ne sont plus appliqués par la plupart des entreprises.

Les seuls systèmes - hormis les coopératives - qui semblent assez humanistes en France, ce sont les mutuelles d'assurances ou bancaires.
Ou les boîtes qui ont fait l'objet d'un rachat par les salariés.

Doc Loco : je me trompe peut-être mais j'ai l'impression que ce que tu as pu décrire de ta structure c'est plutôt des associés qui mettent en commun une structure type "centre de coûts" mais qu'au niveau de ta pratique professionnelle au sens strict, à savoir le suivi de ta patientèle, tu restes seul maître à bord.

Si c'est le cas c'est peut-être aussi plus facile de s'entendre entre associés quand les seules décisions communes à prendre consistent à gérer l'environnement administratif et à partager les coûts (économies d'échelles).

genre un cabinet de kinés?

c'est triste tous ces gens obligés de travailler alors que de l'argent leur suffirait...

Oui mais toi t'es médecin, tu es de la classe bourgeoise.
Dans un bon système l'Etat serait propriétaire de l'immeuble, te délivrerait l'autorisation d'exercer dans ton cabinet en fixant tes honoraires et le nombre de patients que tu as le droit de consulter par jour, et ça c'est un système plutôt libéral puisqu'il y a un système d'honoraire, une idée bourgeoise à la base.
Tu serais donc un médecin prolétaire mettant en commun ta force de travail au profit du plus grand nombre sans espérer en retirer une quelconque plus value.

L'Etat vertueux, le retour...

Oui c'est plutôt vertueux. Une autre solution serait le modèle maoïste/khmer rouge.
Le seul truc qui sauverait alors Doc de la rizière serait le fait qu'il n'a pas de lunettes.
Finalement, quand on y pense, c'était pas si mal le système post-stalinien tchécoslovaque ou hongrois...

C'est dingue cette manie des gauchistes de vouloir contrôler la vie, le salaire et les pensées des gens

Ton propos est contre-révolutionnaire.

C'est vrai que ça fonctionne beaucoup mieux quand on laisse le marché gérer, 1% de la population détient 50% des richesses. et 2,5 milliards de gens qui vivent dans une extrême pauvreté.

Je me demande quelle proportion de backstagiens fait partie des 1%.
Je dirais 40 ou 50%.

L'idée n'est pas de contrôler la pensée des gens mais que les gens comprennent quelle façon de pensée sert le mieux l'intérêt commun. C'est pour ça que les petits écoliers roumains, tchèques ou polonais apprenaient les bonnes phrases du Manifeste par coeur en classe.


Plus sérieusement, l'équation toute conne M - A - M contre A - M - A est d'une actualité brûlante et pose toujours autant question.
L'autre jour j'ai lu le Manifeste du Parti Communiste, on pouvait décalquer mot à mot ce qui était écrit en 1848 à la situation actuelle, y compris dans les différentes déclinaisons du "socialisme" qui pour mémoire n'est pas forcément marxiste.
C'était assez vertigineux.

Je pense qu'on est pratiquement tous dans les 1%.

Marx dit que ce n'est pas tant une question de revenu brut mais de la modalité de ce revenu : par le travail ou par le capitalisme.
Cela dit, en pratique, joue la question du revenu en lui-même puisque bizarrement capitalisme rime avec richesse...

Ah oui, ben non alors j'ai confondu capital et niveau de vie.
Même avec un bon salaire de cadre supérieur, il faudrait plusieurs vies pour mettre 700000 euros de coté. A part l'héritage, la spéculation, quelques génies, ou l'exploitation de ses congénères, difficile d'avoir une somme pareille sur son compte en banque en travaillant. Et après, on va encore me dire que la lutte des classes c'est archaïque.

Et non, tu te trompes complètement . Il s'agit d'une entreprise de trente personnes, avec du personnel administratif, du personnel d'accueil, d'entretien, différente professions psycho-médico-sociales ... Chaque personne a la même importance, et le même poids sur les décisions et chaque travailleur est co-propriétaire du bâtiment (conséquent vu l'équipe). La "direction" se fait via un conseil d'administration composé uniquement de travailleurs de la structure, réélu tous les trois ans (pas plus de deux mandats consécutifs - et bénévoles par ailleurs) et auquel chacun peut (et est encouragé à) se présenter.