Le Berry...
J'ai vécu cinq ans dans l'Indre étant petit, et j'ai le souvenir d'un très beau pays, certes moins beau que le Bourbonnais, parce qu'il ne faut pas exagérer quand même, mais très beau!
Pour l'oeil de l'homme moderne, toutes les campagnes se ressemblent.
Je pense que l'engouement pour les îles tropicales a plus tendance à germer et fleurir dans l'âme... d'un beauf.
L'homme distingué affectionne les séjours bucoliques au milieu de haies et de hêtres, de frênes ou de chênes.
Il lit des bons livres l'été, en savourant le doux et léger bruissement du vent dans les branches du châtaigner, et l'hiver au coin du feu, avec le crépitement des flammes dans l'âtre. Il aime à se promener le long des étangs, à admirer cistudes, martin-pêcheurs, col-verts, hérons ou sarcelles.
Il hère dans les bois de feuillus, il surprend un chevreuil, reconnait quelques geais, dont l'azur de ses plumes supplante en beauté celui des lagons.
Le beauf boit des cocktails, l'homme distingué préfère le bon vin.
Il préfère les couleurs chatoyantes du chardonneret élégant, qui porte bien son nom, à celles des vulgaires oiseaux exotiques qui ornent les photos du beauf en vacances.
Le beauf ne peut pas envisager de vivre à la campagne sans faire joujou avec une mobylette, puis une moto, puis une voiture, en rêvant de plages ou de grandes villes.
L'homme distingué est blasé des plages et blasé des villes, et surtout, blasé de ses contemporains, si bêtes et si inélégants, il aspire à la quiétude, et à la beauté, simple, digne, et noble.
Il sait l'apprécier où autrui ne peut la voir.
«Une polémique dite courtoise est un duel avec des épées mouchetées.» (Léon Daudet)
Raw Section.