oliolo a écrit :
Tu as l'air de dire soit que les athées nient "l'existence des croyances", mais ça n'a aucun sens, soit qu'ils nient "les raisons ou fondements de celle-ci " et là c'est plus intéressant.
Pour les athées, la pensée rationnelle ne peut se développer que selon une seule méthode et ne tolère pas d'exceptions, à moins de sacrifier la notion de vérité objective.
Il est donc normal qu'un athée convaincu ne supporte pas cette entorse à la rationalité qu'est la croyance en une force surnaturelle, mais il ne nie évidemment pas son existence.
En revanche, de nombreux chercheurs tentent d'étudier les raisons objectives qui poussent les croyants à croire, à suspendre plus ou moins volontairement leur faculté de juger; on peut donc dire qu'ils analysent les fondements objectifs du phénomène de la croyance.
Cette analyse des raisons objectives de la croyance (par la sociologie, l'anthropologie, la psychologie, la psychologie évolutionniste, la psychanalyse, las sciences cognitives...) ne nous avance pas sur l'objet de la croyance (grace à la logique, on sait très bien qu'on ne peut pas prouver l'inexistence d'une chose) mais à la limite ça n'a pas d'importance!
Je ne peux dire qu'un athée nie l'existence des croyances, effectivement. En revanche un athée ne nient pas les fondements ou raisons de la croyances, mais les critique, les décortique comme absurdes, irraisonnées, aliénantes, etc.
Tu soulèves quelque chose d'intéressant. Des recherches sont menées pour analyser le fonctionnement de l'esprit d'un croyant, notamment d'un homme faisant un prière, etc. C'est amusant, parce que récemment un magazine de sciences grand public titrait en première page sur le fait que des scientifiques avaient démontré que la foi était un mécanisme psychique naturel, peut-être même une conséquence (au même titre que la sensibilité au Beau) du développement du cerveau de nos ancêtres, et que fort de cela le sentiment religieux aveint encore de beaux jours devant lui.
Je pense pour ma part que ces scientifiques font l'erreur de concevoir le sentiment religieux comme un phénomène singulier de l'esprit humain. Pour ma part, je le rattache à deux facultés plus générales de ce cerveau, savoir la faculté d'abstraction et la faculté d'imagination, facultés qui combinées permettent à l'être humain de concevoir des notions aussi complexe que la présence et l'absence (nécessaire pour comprendre l'expérience de la mort d'autrui comme pour concevoir l'existence d'un Au-delà).
Ainsi, en tant qu'athée je peux concevoir le sentiment religieux comme une certaine expression de l'aptitude à l'abstraction et à l'imagination qui font la singularité de l'être humain. Je ne peux les nier, il s'impose à moi comme l'expérience du sentiment esthétique par exemple. En revanche, je peux postuler, dans une perspective matérialiste, que ce sentiment religieux est une utilisation primitive de ces facultés (comme les enfants peuvent par exemple en faire autant usage avec le Père Noël)...
Voilà pourquoi le sentiment religieux ne me choque pas, je ne le considère pas comme un signe d'abération mentale (après tout je l'ai moi-même éprouvé autrefois) mais comme un stade de découvrement du monde à franchir, une étape nécessaire.
Edit : En fait, à me relire, je suis un peu un athée bouddhiste ! lol !
J'espère que mon parallèle entre Dieu et le Père Noël ne choquera personne ici, mais j'en avais simplement besoin pour me faire comprendre, et non dans un but de polémiques...