Un micral... des micros ?! Vive le Made in France !!!
Ce guide sur les micros pour guitare électrique est principalement destiné aux guitaristes débutants ou de niveau intermédiaire dans le but d'éclaircir certaines notions. Nous allons retracer l'histoire des micros avec bon nombre de marques américaines. Mais je ne saurais trop vous encourager à vous rapprocher des artisans français qui dans ce domaine fabriquent des merveilles sur mesure pour des tarifs très proches de ceux des industriels, le conseil et la personnalisation en plus! Nous vous avons présenté SP Custom récemment sur Guitariste.com, vous pouvez également contacter Benedetti Pickups, HepCat Pickups ou encore Tornade MS Pickups…
Comment ça fonctionne un micro ?
Le sujet des micros est tellement vaste qu'il a fallut faire un choix: celui de se limiter uniquement à ceux dédiés aux guitares électriques "solid body" à savoir à corps plein. Et c'est justement avec l'apparition en 1931 de la fameuse Rickenbacker Frying Pan, une guitare Lap Steel à corps plein en forme de poêle à frire, que l'on trouve le premier micro magnétique pour guitare conçu par Georges Beauchamp. Il entoure deux aimants en forme de fer à cheval de fil de cuivre très fin générant ainsi un champ magnétique. Les cordes, à condition qu'elles contiennent un alliage magnétique comportant du fer comme par exemple l'acier ou le nickel, viennent perturber le champ magnétique une fois mises en vibration, induisant par la même occasion un courant électrique dans la bobine proportionnellement à la fréquence de vibration des cordes.
Le courant électrique traverse ensuite les potentiomètres de volume et tonalité de la guitare avant d'être envoyé vers l'ampli par le câble jack. Puis il traverse l'étage de préamplification de l'ampli, puis celui d'amplification pour finalement mettre en mouvement le haut-parleur et produire du son. Pour résumer, l'énergie mécanique de la vibration de la corde se transforme en énergie électrique grâce au micro avant de redevenir de l'énergie mécanique suffisamment puissante pour faire bouger le haut-parleur.
Ça va? Vous suivez toujours? Comme on peut le voir de nombreux éléments entrent en ligne de compte dans la coloration du son et l'on n'a pas évoqué ce qui se passe en amont du micro, à savoir la lutherie de l'instrument, qu'il s'agisse du choix des essences de bois, l'épaisseur du corps, l'ajout (ou pas) d'une table en érable, le type de jonction corps-manche (vissé, collé, traversant), la longueur du diapason et par conséquent la tension appliquée sur les cordes qui impactera directement la fréquence de vibration qui viendra ensuite perturber le champs magnétique du micro… Tout est lié même si de nombreux débats agitent les forums pour savoir qui du bois (l'œuf) ou du micro (la poule) impacte le plus le son. Changer de micro permet de modifier la personnalité d'une guitare et bien souvent de l'améliorer, le micro magnétique ne pourra pas transformer une Stratocaster en Les Paul et inversement.
Le micro "Charlie Christian"
En 1935, Gibson fabrique le "bar pickup" pour ses Lap Steel de la série EH (Electric Hawaïan) puis les installe dès l'année suivante à la base du manche d'une Gibson ES-150 sous les cordes, configuration popularisée par Charlie Christian grand jazzman de l'époque, si bien que le micro est connu comme étant le micro Charlie Christian! Ce micro est composé de fil de cuivre enroulé autour d'une bobine noire avec au milieu une barre en acier. En-dessous on trouve 2 plaques aimantées longues de 13cm cachées sous la table de la guitare archtop laissant juste apparaître les 3 vis de fixation.
Fender et le simple bobinage
Ce micro à simple bobinage sera suivi notamment par celui développé par Leo Fender en 1944 proche du format qu'on connaît aujourd'hui et encore une fois utilisé sur un Lap Steel dans un premier temps. Il évoluera ensuite lorsque la Broadcaster sera rebaptisée Telecaster durant l'été 1951. Ces micros disposent d'aimants Alnico II individuels sous chacune des 6 cordes pour un ajustement de hauteur adapté aux différentes fréquences de vibration. Car les réglages tout comme l'épaisseur et de la longueur du fil de cuivre ou en particulier le type d'aimant vont déterminer la force du champ magnétique.
Aimants Alnico
Les différents alliages d'Aluminium, Nickel et Cobalt qui forment les fameux micros Alnico étaient les plus puissants disponibles à l'époque. Ils seront détrônés ensuite par les aimants céramiques mais dont le niveau de sortie plus élevé et le son plus aigu ne conviennent pas à tous les styles. Pour les micros de guitares électriques on utilise plus communément l'Alnico II notamment sur les premières Telecaster ou en position centrale pour les configurations à 3 micros. D'après le site de Fender, il apporte un son vintage alors que le niveau de sortie supérieur de l'Alnico V offre plus de puissance et de dynamique installé de préférence près du chevalet là où la vibration des cordes est plus réduite. Enfin l'Alnico III ne contient même pas de cobalt d'où une puissance magnétique plus faible le rendant plus efficace proche du manche où les cordes vibrent avec une plus grande amplitude.
Gibson et le P-90
Le gabarit plus large du P-90 (conçu en 1946) fait qu'il est parfois confondu avec un micro à double-bobinage alors qu'il s'agit bel et bien d'un simple bobinage mais qui vient placer 2 barres d'aimants Alnico en opposition magnétique séparés par une barre métallique. Cette dernière reçoit ensuite les vis qui forment les plots au cœur de la bobine enroulée autour d'une pièce de bois. Ces plots permettent de concentrer le champ magnétique vers le haut, par conséquent en direction des cordes pour offrir un son plus mordant avec des médiums prédominants. Sur les P-90 Soapbar dont le capot ressemble à une boite à savon, deux vis supplémentaires permettent d'ajuster la hauteur des micros contrairement à ceux qu'on appelle "Dog ear" fixés sur la table par deux "oreilles" latérales. On associe facilement le micro P-90 aux versions dites "Junior" des Gibson Les Paul et SG avec un seul micro en position chevalet.
Humbucker - double bobinage
Le point faible des micros à simple bobinage c'est cette ronflette, un souffle ou un bourdonnement que les anglophones appellent "hum" et qu'on entend parfois lorsque le micro capte des interférences extérieures provenant généralement des installations électriques de l'endroit où l'on joue. Ce défaut est particulièrement présent sur le P-90 autour de 60Hz à cause du plus grand nombre de tours de fil cuivré autour de la bobine nécessaires à sa conception. Et heureusement une solution existe et elle provient en 1955 d'un certain Seth Lover qui travaille chez Gibson sous la houlette de Ted McCarty. Il développe alors le micro à double bobinage dit "humbucker" (hum = ronflette ; bucker = annulation). Son principe est d'associer en série deux bobines en inversion de phase avec un seul aimant. L'ensemble est attaché à une plaque de fixation et l'on retrouve le système de plots qui peuvent être ajustables selon les modèles. Les micros humbuckers offrent ainsi un niveau de sortie plus élevé, un son plus épais tout en supprimant les bruits parasites. Il laisse au micro simple des sonorités plus claires, aigues et dynamiques, sensation renforcée par les différences entre le diapason de 25.5" d'une Fender Stratocaster dotée de 3 micros simples et celui de 24.75" habituellement utilisé par Gibson sur ses guitares équipées de doubles bobinage. Plus la longueur est importante, plus la tension des cordes est élevée… encore une fois tous ces éléments sont liés et il n'y a pas de mauvais choix. A chacun en fonction de ses sensibilités, de ses expériences ou de ses besoins de trouver chaussure à son pied.
Pour en revenir au double bobinage, Seth Lover n'était pas le premier à expérimenter en la matière mais ses fameux micros "P.A.F." (Patent Applied For soit brevet en cours) installés à partir de 1957 sur les Gibson Les Paul sont devenus des références en la matière souvent copiés et déclinés au fil des années. On trouve désormais des micros ayant l'aspect et l'encombrement d'un micro simple et qui sont en fait des mini-humbuckers cachant un double bobinage. L'inverse est également possible puisque les micros à double bobinage avec 4 fils conducteurs peuvent être "splittés" pour s'approcher du son d'un micro simple. Pour cela, l'un des bobines est court-circuitée annulant par la même occasion l'effet de blocage des interférences. D'autres solutions intermédiaires existent pour conserver le côté humbucker tout en s'approchant du son des micros simples comme par exemple d'associer les bobines en parallèle plutôt qu'en série ou encore d'offrir l'option du Coil Tap qui permet d'utiliser au choix l'intégralité du double bobinage disponible ou d'en désactiver une petite partie.
Actif ou passif ?
L'ensemble des micros détaillés jusqu'à présent appartient à la famille des micros passifs dont pour rappel le champ magnétique est généré par l'association de bobine(s) et d'aimant(s). Les micros dits actifs fonctionnent sur un principe similaire en diminuant la longueur de bobinage et en ajoutant une préamplificateur actif alimenté généralement par une pile à 9 volts qui vient booster le niveau de signal et/ou d'égalisation. En effet, là où les boutons de tonalité des micros passifs réduisent les graves ou les aigus, l'électronique active permet d'augmenter le niveau de gain ou certaines plages de fréquences.
Les micros actifs apparaissent à partir de 1969 dans le catalogue de la marque Alembic, suivie dans les 70's par des expérimentations chez Guild ou Ovation avec son modèle Breadwinner. C'est le partenariat entre EMG et Steinberger en 1981 qui a vraiment popularisé ce type de micros tout comme l'avènement du style Heavy Metal qui a su profiter au mieux des grosses saturations offertes avec un son qui reste propre et articulé même à un volume sonore élevé.
On reproche parfois aux micros actifs leur précision chirurgicale ainsi qu'une certaine froideur. Les micros passifs conservent une plus grande dynamique et sont réputés capables de nuances plus prononcées avec cependant les défauts listés plus haut. Il convient encore une fois à chacun de se faire sa propre opinion à ce sujet en testant et en écoutant différents modèles. Attention également au niveau de sortie des micros actifs qui peut être trop élevé sur certains amplis vintage dépourvus d'une entrée "low".
Enfin on peut également citer les micros Fluence développés par Fishman qui remplacent les traditionnelles bobines par des circuits imprimés, offrant ainsi 2 colorations sonores différentes pour un même micro, avec une batterie au lithium.
Heu... Dans le contexte des premières Fender oui c'était souvent de l'AII, mais ça fait très longtemps que l'écrasante majorité des micrals sont en AV.
A noter aussi que pas mal de PAF Gibson utilisaient de l'AIV (plus doux que l'AV mais plus puissant que l'AII).
Et franchement un guide des micros sans mention des Dynasonics, des Filtertron, des diverses variantes de mini-humbuckers (Epiphone, Firebird etc), c'est un peu court...
En dehors des qualificatifs "plus doux" ou "plus puissant", il faudrait en toute rigueur parler de la topologie générale (formes et intensités) de chaque champ magnétique produit.
Ce qui entraînerait également l'étude des pièces polaires non magnétisées.
Mais on se dirige alors vers une encyclopédie en ... 50 volumes.
Pour ma part, j'ai rédigé 50 pages Web sur les micros.
Voir http://www.jpbourgeois.org/gui(...)t.htm
50 ... pour l'instant.
Il n'y a aucune différence entre les micros pour solidbobys et ceux pour autres guitares à corps non plein.
Mais peut-être l'auteur ne le sait-il pas ?
Ca expliquerait en partie l'indigence de l'article.