C'est une course de zizi ton truc... Malmsteen jouait jusqu'à ce que ses doigts saignent, mettait des pansements et y retournait. Si je me rappelle ce qu'il avait dit dans un interview (c'est pas très vérifiable en même temps, il peut dire ce qu'il veut), il jouait entre 8 et 12 heures par jour...
T'en as tellement des guitaristes comme ça. Des gars ou des filles qui vont passer des plombes à travailler, des journées à se prendre la tête pour la technique, les gammes, l'harmonie, etc.
Et puis, un jour, t'as ce que t'as posté en vidéo. C'est d'une platitude qui n'est pas sans rappeler les plus belles pages de Philippe Sollers (©Desproges), il n'y a rien. C'est des notes jouées en place certes, mais sans aucun (et le mot qui fait bondir) feeling.
TOUT LE MONDE PEUT LE FAIRE. Non ? SI. Suffit de travailler, de répéter, de jouer jouer jouer jouer jouer tout le temps jusqu'à ce que ce soit exactement la même chose que sur la partition. Ça s'appelle le déchiffrage. Tu joues ce qui est écrit, sans nuances, sans couleurs, sans rien, tel quel. C'est CHIANT.
Ce n'est qu'une phase.
Si tu te contentes de cette phase, tu vas pas aller loin.
La seconde phase c'est... jouer les nuances, les silences, les vibrations, les souffles, bref, faire vivre la musique que tu as déchiffrée. Ça s'appelle l'interprétation. Amener des attaques différentes, et pas un perpétuel zonzon sur la même fréquence (genre Michael Angelo Batio, je ne dis pas qu'il est mauvais, c'est un excellent guitariste, qui a une grande connaissance musicale, mais qui s'est ou a été cloîtré dans le gros gros shred à fond les ballons sans nuances, tout à donf avec un son de merde en plus pour ne rien gâcher)...
J'ai un ami qui a fait le conservatoire en violoncelle, rigueur, discipline, il en a pleuré quand des passages passaient pas, il a continué, forcé, et c'est passé, mais quelle douleur avant de s'entendre jouer avec bonheur une pièce...
La musique doit vivre, ne pas rester plate comme (non, ne pas se répéter)... Jane Birkin. Par pitié. On nous assomme déjà assez avec des mélodies fades et sans saveur (pléonasme), des musiques faites à la machine à merde, alors s'il te plaît (s'il vous plaît (moi y compris))), tu as le droit de travailler technique, mais n'oublie pas ta personnalité dans ton jeu. Quand je vois Tristan Klein ou Christophe Godin jouer, c'est certes technique, mais c'est plein de nuances, de respirations, c'est agréable, même si ce n'est pas ma tasse de thé. J'admire ces gars pour avoir travaillé LEUR style et non une collection de plans piqués sur disque/partition/tablature/ce que tu veux.
Comme me disait ma belle-soeur qui peint, "tout est question de pratique, plus je peins mieux je maîtrise mes couleurs et les techniques...". Mais c'est pas pour autant qu'elle est Van Gogh... ou Picasso. Ce qu'elle fait est sympa, sans prétention parce qu'elle n'a pas vocation à devenir une grande peintre, elle fait ça pour son plaisir... je ne dis pas qu'il ne faut pas travailler, non, il faut définir ce que tu veux faire, ce que tu veux donner comme finalité à ta pratique.
A titre personnel, et pour terminer, mon travail ne me permet pas de pratiquer d'une manière intensive l'instrument. Mais quand je prends une de mes guitares, je suis content, je passe un bon moment, et pour moi, c'est le principal. Idem quand je vais dans mon studio et que je compose quelque chose. Si je me force, je sais que ça ne donnera rien de bon. Je fonctionne comme ça, après, chacun étant différent...
Mes deux centimes...
EDIT : ma signature pourrait te faire dire que je parle du contraire de ce qu'il y est écrit. Non. Ma signature parle de la réussite, et je te renvoie par conséquent à cette question : quelle finalité veux-tu donner à ta musique ? Plaisir personnel ; vouloir te faire connaître comme guitariste et enregistrer/tourner ; être LE guitariste dont tout le monde rêve ; être une référence en matière de six cordes ?