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Moko le 05 Oct 2003, 09:52
Bon, je vais me la jouer sérieux cette fois :
Pour OBJECTIVEMENT savoir si IBANEZ vaut le coup, je partirai pour commencer d'une petite étude des catalogues, de 1985 (au hasard) à nos jours, pour voir quels modèles ont résisté au temps, et pour quels styles.
Je constate alors que les plus résistantes sont les guitares jazz, la Benson(surtout) , la Metheny et la Scofield. Ceci s'explique par le coût des boxes US Gibson notamment hors de prix.
Je vais ensuite classer par style et public.
Les modèles les plus résistantes sont les RG pour le milieu de gamme ; et encore pas toutes. Puis les S, récemment amendées, mais la forme est là. LE public va des trashers les plus fous à des jazzeux. Mais on reste dans le milieu / bas du haut de gamme.
Et quid du haut de gamme le plus résistant au temps ?
On a 3 modèles, tous destinés d'abord au rock : la JS, la Jem / Universe et plus anecdotiquement la Paul Gilbert (PGM), dont il ne reste qu'un modèle.
Il faut d'abord rendre à César ce qui est à César : Ibanez a énormément contribué à améliorer la jouabilité des guitares, à travaillé sur différents matériaux, etc. bref, on a bien avancé depuis l'hégémonie Fender / Gibson, et heureusement.
Pour les connaisseurs, Ibanez a fait sien le développement à la japonaise-type, cad, 1) l'import de technologie occidentale 2) le mûrissement 3) le rajout d'idée made in Japan 4) une exportation très agressive, d'abord dans du bas / milieu de gamme, puis vers des modèles originaux.
Pour ma part, je crois que ce qui fait la trade mark d'Ibanez pour les trois modèles vus ci-dessus, c'est un manche très facile à jouer. Les Wizard, et leurs différentes déclinaisons faisaient la une des pubs pour les Jem notamment. On aime ou on aime pas, c'est pas forcément facile de jouer des accords à la Holdsworth sur des manches Wizard.
Le problème, selon moi, comme je l'ai déjà dit sous une forme plus "brutale" (un brin provocatrice, mais c'était surtout pour dénicher les victimes), c'est que les Ibanez solidbodies sont aussi typées du point de vue du look qu'elles sont dépourvues de caractère. Ce sont, pour les modèles haut de gamme, des produits d'une époque révolue : celle du hard instrumental. Le son Ibanez a du mal a sortir du mix, on ne peut pas dire facilement "tiens, c'est une Ibanez", comme on dirait "tiens, une Les Paul". Bien sûr, on peut trafiquer à volonté, mais il ne faut pas oublier une chose primordiale : Ibanez (solidbody) se destinait AVANT TOUT à un public jeune, voire très jeune, avec un son très type, peu en nuances. Je sais bien que stef joue sur une JS - mais il a le VG-88...
Et puis surtout, ce qui a déjà été évoqué, les modèles haut de gamme restent quand même très chers et jouent sur la réputation du musicien, et non sur la qualité intrinséque du produit, n'en déplaise à un Mathieu de Nice ; c'est toute la différence entre un produit ENDORSE et un produit BRAND NAME, qui ne mise que sur SA réputation. Donc, comme je l'ai déjà dit, vous payez au moins 15% du prix en plus, pour la VaI on atteint les 18% et personnellement je trouve que c'est une arnaque - mais quand on est fan, on ne compte pas. Et je mets au défi d'avoir essayé OBJECTIVEMENT la Jem Vai et comparé à un modèle équivalent. Et me dites pas que les Evolution sont des micros polyvalents, c'est la meilleure blague de l'année...
Comme je l'ai dit, j'ai eu une FGM (Frank Gambale) 400, le dernier modèle avant que le fusion-man se fasse virer comme un mal-propre. Sans doute, ils ne pouvaient tolérer un jazzeux dans leur groupe de rockers (encore une fois je parle de solidbodies).
Si vous cherchez une guitare qui soit à la fois endorsée et de qualité, et pas à un prix de fou, je recommande la Carvin Holdsworth. Ceci, si vous jouez autre chose que du rock évidemment... parce que franchement je vois pas l'intérêt d'un débat si on est entre rockers, parce que là n'importe quelle planche fait l'affaire, pas vrai ? Après c'est une question de mode, aujourd'hui c'est le vintage, donc Ibanez n'a plus le vent en poupe.
Si Ibanez a réussi, c'est avant tout grâce à sa politique commerciale très agressive, ses rabatteurs de musicos agressifs, avant sa capacité à innover dans un marché (à l'époque) stagnant. Vous devez réaliser à quel point le martelage publicitaire agit sur le subconscient des adolescents - quand ils voyaient un Vai ou un Satriani brandir une Ibanez... aujourd'hui, les anciens adolescents tentent de légitimer cela en disant "oui mais le look est génial", "oui, mais elle se joue d'enfer", "oui, mais...".
Mais est-ce que vous avez vraiment, en toute conscience, essayé d'autres guitares ?
"Caca-boudin" (Nietzsche, Considérations inactuelles).