[Test] Ibanez Artcore AS93C-NT

En route pour un long roman.
Je ne suis fan ni du neuf, ni de l' achat à distance. Mais pour combler ma méconnaissance du format quart de caisse, l' affaire du moment ne pouvez pas être laissée passé. Trouver une bonne quart de caisse en occasion à tarif décent (voire en trouver une tout court) est difficile. C' est en regardant le catalogue d' un magasin VPC Allemand bien connu de nous tous que je suis tombé sur ce modèle.
Attention Collector inside. la AS93C-NT n' est apparue au catalogue Ibanez que lors de l' année 2008. Et, pour une fois, c' est le marché Européen qui en a eu la primeur et l' exclusivité. Mais visiblement elle n' a pas eu le succés escompté. Ce qui semble expliquer le prix de 389 Euros auquel on peut se la procurer. Presque 100 Euros (toujours chez Thomann) moins chère que la AS93VLS. Et quasiment au même prix que la AS73.

Pour la petite histoire, la AS93 se situe en finition entre la AS73 et la AS103. Elle partage le même accastillage au niveau du corps que la AS73 et les mêmes micros ACH. La seule différence est au niveau visuel : du chrome pour la AS73, de la dorure pour la AS93. Les mécaniques sont les mêmes aussi : chromées sur la 73 et dorées avec bouton imitation nacre sur la 93. Le seul élément qui change est le manche une pièce acajou avec repères dot sur la AS73 et 3 pièces acajou/érable/acajou avec repères rectangulaires en abalone trés classe sur la AS93. Toutes les deux bénéficient du renfort idéalement étudié (avis personnel) au niveau de la tête.
Mais ce qui fait l' exception de cette guitare c' est le bois utilisé. Ce qui explique aussi le peu de succés qu' elle ait pu rencontrée. Les guitaristes sont des conservateurs dans l' âme et il ne fait pas bon les sortir de leurs habitudes ... tels les petits vieux.
Dans AS93C il y a le ... C ... pour Cocobolo. Là où la majeure partie des quarts de caisse utilisent soit de l' érable soit de l' acajou, Ibanez a innové en utilisant un bois "exotique" originaire d' amérique du sud et de la famille du palissandre.
C' est un bois que l' on retrouve généralement sur les guitares acoustiques (folk et classiques) hors de prix (sauf chez Ibanez toujours avec la EW50).
C' est un bois dont on dit qu' il est rigide mais qui possède des caractéristiques acoustiques trés intéressantes (je confirme), en plus d' être visuellement trés esthétique (je confirme aussi).

Place aux photos de cette beautée produite dans l' usine Ibanez de Saehan située en Chine. Une production qui rivalise avec la production Coréenne de Samick dans les années 1990, voire même un léger cran au dessus. Pour le prix, on atteint carrément l' excellence qualitative.

L' emballage à l' arrivée :



A l' intérieur, il y a une housse. Alors soyons clair, si abondance de biens ne nuit pas la housse livrée est trop petite. Mais elle pourra servir pour n' importe quelle autre solid-body :



Le carton Ibanez Artcore dans lequel se trouve la guitare :



L' intérieur du carton avec la guitare protégée par un film blanc (un grand classique) :



Les autres fournitures livrées qui comprennent un manuel d' utilisateur, la clé de réglage du truss-road et une sangle tout aussi inutilisable que la housse au motif de crochets larges et en acier qui viennent taper contre la caisse.



Aprés déballage ...

Vue de face de cette merveilleuse guitare :



Vue de dos :



Vue de coté :



Le manche en trois parties (visibles surtout sur la partie droite) :



Vue de la tranche du corps :



Vue de la tête "Artcore" qui n' est pas sans rappeler celle de la série PF avant le procés Norlin (ils ont fait trés fort Ibanez sur ce coup) :



La tête vue de dos avec les mécaniques (Ping) dorées et leur bouton imitation nacre du plus bel effet visuel :



Vue du manche de coté avec un réglage d' usine confortable, un frettage irréprochable et idée de la courbure du manche (radius 9,5" ) :



Vue des boutons, du sélecteur et surtout de la poutre centrale à travers l' ouie. A noter que le corps est constitué d' un placage d' érable ondé et d' une (certainement) fine feuille de Cocobolo. Vu la rigidité annoncé du bois c' est certainement la conception la plus logique, car même si l' épaisseur de la table est faible, une telle épaisseur en Cocobolo massif serait impossible à façonner :



L' ensemble stop bar (art I), Tune o matic (quick change III) et micro ACH vus de prés :



Je ne résiste pas à 2 photos supplémentaire du seul corps
Vue de face :



Vue de dos :



Pour finir en compagnie d' une autre trés belle guitare en la personne d' une Epiphone Sheraton de 1998 sortie de l' usine Samick en Corée avec le manches en 5 parties . Cette dernière est légèrement plus ample que la AS93C et aussi légèrement plus lourde et moins confortable à jouer debout :



Si je compare les sonorités de ses 2 guitares trés différentes au niveau des bois utilisés et sur la base d' un essai acoustique j' écrirai que la Sheraton c' est LE vieux son du blues. Celui que l' on entend sur les vieilles vidéos. Un son un peu sourd avec cette sonorité bien particulière sur les cordes Mi et La. Trés honnêtement c' est superbe. Le manche m' a paru moins confortable que celui de la AS93C. Tout en précisant que c' est exactement le même profil de manche sur la AS93 que celui de ma SZ que je trouve trés confortable. Un mot sur le vernis qui n' accroche pas et pourtant il faisait chaud dans le sud ouest aujourd' hui, ce qui est plutôt bon signe.
Quant à la sonorité de la AS93C et du cocobolo, c' est tout simplement sublime. Une clarté qui fait défaut à la Sheraton, un sustain impressionnant et une projection digne d' une folk. Il est tout à fait possible de jouer en acoustique avec (à contrario de la Sheraton qui manque de profondeur). Les accords ouverts sont d' une définition que je n' ai jamais entendu sur toutes les quarts de caisse (Ibanez AS73, 93 et 103 érable comprises) que j' ai pu essayer. Un mot enfin sur les micros ACH que j' avais relativement aimés sur une ARC 100 (modèle qui n' est plus produit). Sur cette guitare leur comportement est tout autre et surtout bien épaulés par les potentiomètres de contrôles (dont je trouve l' utilité pour la première fois sur une guitare). Le micro manche est trés bon et le micro chevalet pas mal du tout malgré un manque de rondeur évident. A la limite ce serait le seul micro à éventuellement changer pour les plus pointilleux. Je ferais des samples dans les jours à venir pour "illustrer" tous ces commentaires.

PS : Si vous avez réussi à lire jusque là

Wouw, très jolie bestiole, félicitations
et 5 points offerts pour les reflets de ton joli minois dans la gratte

Très chouettes photos....

par contre j'ai un peu de mal à comprendre comment un placage cocobolo peut induire un son vraiment différent.
Pour s'en faire une idée réelle, il faudrait comparer deux AS93 non ?

Elle a tout d' une grande. Et en plus elle peut se vanter de trés trés bien sonner.

C' est à dire que sur le petit écran de contrôle de mon vieil E20 je ne m' en suis pas rendu compte. C' est lors de la retouche que l' effet miroir est apparu. Plus le temps de refaire des photos. Avec un peu de chance ca fera un bon avatar.

Et bien je vais mettre en ligne les premiers samples et ton questionnement va trouver (je l' espère) un début de réponse.
Les 2 guitares ont été enregistrées dans les mêmes conditions. Jeu de corde neuf pour les 2. Enregistrées avec un micro cravate (madame ayant embarqué l' excellent Superlux E531 que je recommande à tout possesseur de minidisc) qui a parfaitement fait office de remplacant (je suis étonné de la qualité de captation eu égard le tout petit format de 4 cm sur 4 cm du micro) relié à l' entrée micro d' une vieille sound blaster. Les caisses des guitares étaient situées à chaque fois (j' ai veillé à cette précision) à environ 40 cms du micro.

Ibanez AS93C-NT Neuve

Epiphone Sheraton de 1998

Alors bien sur d' un coté on a une guitare neuve avec des bois neufs dont je peux affirmer que la tonalité se modifiera trés légèrement avec le temps. D' un autre coté on a une guitare dont le bois s' est stabilisé et donne le meilleur de ses qualités acoustiques.

Concernant la différence entre 2 AS93 l' une en cocobolo, l' autre en érable, je suis d' accord avec toi, ce serait la comparaison la plus vérace. Je n' ai malheureusement pas de AS93 vls sous la main pour pousser le test jusqu' à ce niveau de vérité.
J' ai donc pris la Sheraton d' un pote du village en guise de "sparring-partner".
Ceci écrit, j' ai pu tester rapide et en acoustique seulement une AS93vls et une AS103nt en magasin et j' ai trouver la sonorité globale de la AS93 plus "sympa" que celle de la 103. Pourtant les 2 ont une caisse en érable (mais pas le même ensemble Stop bar/tom). La AS103 se rapproche vraiment de la Sheraton en sonorité. Elle est trés jazzy/bluesy version temps anciens. Mais j' ai moins accroché à son coté plus "sourd" aussi. Même si ca ne joue pas de beaucoup.

Quoi qu' il en soit, toi qui est un grand fan de la marque et toujours présent sur le sujet Je te conseille sans retenues cette guitare (qui est déjà un collector) pour sa beautée visuelle et sonore et pour la qualité globale de finitions qui frise l' excellence (Certaines made in USA devraient aller faire une petite formation chez Ibanez/Saehan). Et pour le prix de 389 Euros c' est carrément l' affaire du moment pour les amateurs de belles guitares, particulièrement pour amateurs de quart de caisse qui n' ont pas peur de sortir des sentiers battus et rebattus sur le plan sonore des quarts de caisse en érable.
Mais à mon avis, malgré son semi échec commercial, il n' y en aura pas pour tout le monde.

vi, je me dis que ca serait pas mal d'avoir une petite AS comme çà... en même temps quitte à faire, autant en trouver une vieille (mais l'AS200 ca coûte un bras)

Bref, si on m'en propose une un jour en échange , j'étudierai la question !

J' aurais bien aimé en trouver une "rodée". Parce qu' à l' image des guitares acoustiques, il y aura inévitablement une période de stabilisation de l' ensemble un peu plus longue que pour une solid body. C' est un peu ce qui explique la déception de certains acheteurs de quart de caisse qui sonnent inévitablement "clinquantes" en état neuf.

Aprés, il y a l' impérartif tarifaire. Le maximum que j' étais prêt à mettre pour une guitare "d' exception était 400 euros. A ce prix là, hormis énorme coup de chance tu ne trouves rien de correct en occasion. Même les samick ont la côte qui augmente (et la réputation n' est pas usurpée, aprés il faut se faire au profil assez gros du manche). Chez Ibanez qui a la réputation de produire des manches confortables et de guitares elles aussi de qualité, c' est pire. Le prix de certains modèles, à l' époque milieu de gamme atteint presque celui d' une AS103custom neuve aujourd' hui. De plus il y a trés peu d' occasions qui trainent en ce moment en quart de caisse Ibanez.

En tout cas je ne regrette pas mon achat "aveugle" et je ne suis pas vendeur de cette trés particulière AS93.

Belle acquisition, bravo

c'est vrai que pour des raisons que je n'explique pas, les archtops sont bien plus influencées par les bois utilisés que les solid body, je me rappelle avoir essayé le même modèle en magasin un jour mais sur deux pièces différentes, et le son était vraiment différent. Le vendeur m'avait assuré que même si les bois était les mêmes, leur densité, veinage, et tout le tralala changeait toute l'acoustique. Depuis je me dit que si j'achète une gratte comme ça ce sera pas sur le net.

Belle grattes et belle photos

Normal, les girondins ont du goût

Merci pour les encouragements au public Girondin.

Donc je continue le "blind test" avec 4 nouveaux samples "comparatifs" (il ne s' agit pas d' opposer les 2 guitares qui sont toutes les deux excellentes) sur leurs qualités mais de mettre en évidence le rôle et l' importance des bois (et de leur vieillissement pour la Sheraton).

Je comprends et j' adhère à ta remarque Thorky. Mais on trouve aussi cette différence sur des solid-body comme par exemple (pour le dernier exemple que je "maitrise") la télécaster. Mais sur une caisse ouverte, il va de soi que le facteur est multiplié de manière exponentielle (eu égard le corps creusé). Et je suis, malgré ma démarche contraire qui s' explique par la disponibilité de ce modèle trés particulier de l' AS93 uniquement en VPC (pour un tarif hallucinant vu les qualités de lutherie, de finition et d' acoustique). Mais si j' avais du choisir la même AS93 avec lutherie en érable, il est clair que je l' aurai choisie en magasin (là où j' ai pu tester ce modèle), où dans ce cas précis la différence de prix ne justifie pas l' économie de l' achat par correspondance.

J' ai utilisé cette guitare lors d' une sollicitation improvisée (Jazz, mais je n' y connais rien en Jazz ) et lors d' un boeuf improvisé plus rock and Roll (comprendre agité que je maitrise mieux ) ce week-end. Que ce soit dans un petit Peavey à transistors ou dans le HB GA-15 (que j' ai transformé en tête d' ampli) relié à un célestion G12T-100, c' est carrément excellent. Cette guitare dégage une force tranquille comme j' en ai rarement connu. Et sa beautée n' a laissé insensible aucun des guitaristes amateurs qui ont croisés son chemin et encore moins un adolescent. Il aurait eu une Gibson entre les mains son regard aurait été le même.
Le seul domaine où elle n' excelle pas est celui de la saturation. Mais juqu' au crunchy elle est imbattable. Et surtout elle reste définie là où d' autres deviennent brouillonnent.

Aprés un blabla qui pourrait durer encore une centaine de lignes mais totalment subjectifs et passionnés, place aux samples. les 2 guitares équipées de cordes neuves, branchées dans le Valbee, recout de ce dernier vers le line in de l' ordi et encodé sous Audacity.

Micro chevalet puis micro manche, canal normal du Valbee :

Ibanez AS93C-NT Neuve

Epiphone Sheraton de 1998

Micro chevalet seul, canal boost du Valbee :

Ibanez AS93C-NT Neuve

Epiphone Sheraton de 1998

Super achat Denis ! Et merci pour la review "in depth" comme on dit, comme toujours !

Merci l' ami Hugues

Alors aprés essai sur le DG stomp, je confirmes que cette guitare n' est pas faite pour les sons distordus (à mon avis). La distortion gomme toutes les subtilités harmoniques de la table en cocobolo/érable. A contrario une table tout érable laminée comme sur la Sheraton s' en sort beaucoup mieux.

Donc pour les amateurs de sons distordus je la déconseille (mais ca reste mon avis). Par contre du clair au crunch elle est phénoménale (encore plus eu égard le prix). Et les micros ach "tiennent" parfaitement la route avec mention spéciale pour la position manche. Pour une fois les correcteurs de volume et de tonalité sont aussi d' une grande utilité pour élargir l' immense (en éxagérant un petit peu ) palette sonore de cette guitare. J' ai du, par contre, descendre le micro chevalet d' un bon mm par rapport au réglage usine afin qu' il puisse s' exprimer de façon plus musicale (avec peut-être la contrepartie d' un son distordu alors moins convaincant).
Toujours par rapport au réglage usine, j' ai seulement du ramener le pontet de la corde sol légèrement en arrière pour avoir une intonation parfaitement réglée.

Grande première, je me suis enfin décidé à enregistrer avec une autre technique que le Valbee (mais je n' abandonne pas ce dernier).

2 nouveaux samples enregistrés avec un minidisc auquel était relié un micro Superlux E531 (qui est excellent pour son prix) situé à environ 5 à 10 cms du HP (legend Alnico 102). Ampli Storm VT-10 équipé d' une GE 12AY7 en préampli et d' une GE 6L6GC en amplification :

Micro chevalet puis Micro manche .

Micro Chevalet en jouant avec le volume

De nouvelles photos, cette fois ci des parties "cachées" suite à un nettoyage en profondeur (particulièrement de la touche qui était assez sèche).

Le micro ACH (ici la version Bridge) référencé LPC210-GD. Alors GD pour Gold, quant à la référence du début aucune idée de la provenance. Si j' en crois l' Ibanez Forum ils seraient fabriqués par Artec :



Le T.O.M référencé EM-003 fabriqué par l' usine Coréenne de SUNG-IL et qui fabrique entre autre l' accastillage estampillé Wilkinson (voir le site de SUNG-IL) :



Une photo détaillée de la touche avant "nettoyage" ou l' on peut voir la régularité des fils (qui courent tout le long de la touche) du pallissandre de la touche :



Enfin, ce que j' annoncais un peu plus haut sans en avoir la certitude. C' est maintenant chose faite : le corps est bien composé d' un laminé de Cocobolo et d' Erable. La poutre centrale est quant à elle en Epicéa. La laminé Cocobolo/Erable est d' autant plus justifié que la dureté du cocobolo ne permet pas de travailler une table massive de cette épaisseur. Et même si la feuille de Cocobolo sise sur le dessus peut paraitre fine elle n' en colore pas moins le son de manière personnelle.