BMON a écrit :
https://www.bing.com/videos/riverview/relatedvideo?q=hako+yamasaki+tobimasu&mid=5D9C8415ABFADC7F1CCF5D9C8415ABFADC7F1CCF&FORM=VIRE
Bonjour,
Suivant ce blog pratiquement depuis son début et ma découverte du rock japonais (Scandal et Band Maid, pas original je sais mais de bon goût je pense) je profite du focus sur UPIKO pour premièrement vous remercier d’avoir crée ce forum et ensuite introduire une artiste qui n’a pas été encore citée.
Il s’agit de HAKO YAMAZAKI qui a fait ses débuts dans les années 70 mais qui est toujours active. Son premier album TOBIMASU (Je vole) de 1975 et sa voix m’avaient littéralement scotché. Dans un style plus intimiste elle fait partie de cette vague folk de chanteuses de rues qui « rockent » même avec un simple guitare acoustique (AIRI FURUKAWA, UPIKO etc.)
Je vous présente donc cet album en entier.
Pour en revenir à UPIKO, beaucoup de ses consœurs et une grande partie de la jeunesse, je me demande comment avec cet esprit contestataire et ce désenchantement (voir les paroles de weak warriors with broken wings de UPIKO par exemple) va se passer le face à face avec une société machiste qui n’évolue que très lentement et des politiciens aussi corrompus que conservateurs.
Bienvenu, et merci pour le reco ! Je ne manquerai pas d'écouter Hako Yamasaki
Pour ce qui est de l'esprit contestataire, c'est effectivement quelque chose que l'on retrouve beaucoup chez les groupes que l'on suit ici (Hanabie, Otoboke Beaver, Haru Nemuri,...) dans une certaine mesure, je dirais. Upiko aborde surtout les thèmes de la santé mentale et du mal-être face à la pression sociale. Hanabie a fait le buzz avec le morceau "Pardon me, I have to go now" qui dénonce les abus de pouvoir et harcèlements subit par les jeunes employées dans le monde de l'entreprise. Et Otoboke Beaver envoie chier les stéréotypes et injonctions qui pèsent sur la jeunesse japonaise et en particulier les jeunes femmes comme avec des titres comme "I am not maternal" (le clip est hilarant) ou "I won't dish out salads".
Je pourrais aussi parler de Ado et son titre "Usseewa" (lit. "ta gueule!"), énorme buzz fin 2020, une ode à la jeunesse qui ne veut plus se plier aux règles. Un proverbe très connu au Japon: "le clou qui dépasse se fera taper dessus" illustre parfaitement cette société pleine de carcans. Notion d'ailleurs référencée dans le slogan des Atarashii Gakko: "Nous, on dépasse".
Certains groupe comme Shinsei Kamattechan abordent aussi plus crûment le sujet sensible du suicide dans leur musique "pop-amère" de manière cathartique.
EDIT: J'en oublie CHAI et leur mouvement "Neo-Kawaii", inspiré du concept "all bodies are beautiful". C'est d'ailleurs les seules artistes japonaises que je connais à parler ainsi des injonctions à la beauté, pourtant un thème omniprésent dans la pop occidentale.
Ceci-dit, peut d'artistes japonais parlent ouvertement politique et de sujets clivants dans leurs oeuvres ou sur les réseaux (à part Haru Nemuri qui, sans surprise, produit sa musique en indépendant, et KOMI_I l'ex front-woman de Wednesday Campanella, elle aussi en indé). L'esprit contestataire dans le milieu mainstream reste très "soft" et se contente d'aborder des thématiques à la fois personnelles et universelles.
À ma connaissance, il n'y a pas de censure étatique dans la musique, mais il y a bien une forme d'auto-censure de la part des gros labels, notamment sur le positionnement anti-nucléaire, sujet très sensible là-bas, surtout depuis 2011, et il n'est pas impensable que les artistes soient poussés à "lisser" leurs textes ou éviter d'autres sujets.
Il ne me semble pas que ce soit quelque chose de récent, la rebellion ayant toujours fait partie de l'esprit rock. La chercheuse Chiharu Chujo a écrit toute une thèse en français sur
les femmes engagées dans la musique japonaise des années 70 à nos jours (
PDF ici). Cependant, il semble que cette aspect ait été "gommé" dans les années 2000 par les gros labels alors que la scène musicale était dominée par les groupes d'idoles pures et les méga pop stars. C'est l'impression que j'en ai en tout cas, mais je ne creusais pas encore la scène underground à l'époque. C'est peut-être pour ça que ça nous parait nouveau.
Pour ce qui est du clivage avec les vieux conservateurs qui leur servent de politiciens, il existe partout dans le monde. En caricature: Les vieux n'écoutent pas les jeunes, et les jeunes en on marre de recevoir des leçons de moral de la part des vieux.
Plus sérieusement, je ne m'y connait pas trop mais il semble que les jeunes japonais sont complètement détachés de la vie politique (cf un micro-trottoir sur YT sur les dernières élections municipales où la plupart n'avaient pas l'air convaincus de l'importance du vote). J'ai l'impression que tout ce qui leur importe maintenant c'est de pouvoir vivre librement sans se laisser écraser par les injonctions. C'est ce que transmettent beaucoup de chansons sorties ces dernières années, même si encore une fois, ça n'a rien de nouveau.
La société bouge petit à petit, les jeunes baissent moins la tête que leur ainés, et la musique a toujours servi à la fois de soutien/catharsis et de marqueur d'une époque.