Parmi les causes de l'essoufflement du rock au sens général aux US (j'entends, en tant que vecteur principal de la culture guitare et pourvoyeur de primo clients pour la guitar industry) et par contrecoup un peu partout ailleurs, il faut voir aussi que les Ricains l'ont pressé comme un citron, usé jusqu'à la corde, comme ils ont l'habitude de faire dès qu'ils ont trouvé un filon.
Quand les Brits ont su le faire évoluer dès 1962-63, les Beatles en tête.
Il m'arrive me regarder des émissions US sur les vieilles bagnoles, la restauration automobile, et l'arrière-plan sonore est tapissé en permanence de rock instrumental bien lourdingue et insipide, en quelque sorte une forme abatardie et dégénérée du rock.
Et ça semble être la règle dans toutes les émissions auto américaines.
C'est-à-dire un cliché parmi tant d'autres : auto = rock ; moto = rock ; surf = rock ; rock = jeans, cuir, tatouages, bottes ou Converse ; etc.
Sans compter le clivage racial aux USA, loin de s'être comblé, et qui continue d'entretenir le clivage musiques blanches / musiques noires, malgré les ponts lancés depuis 60 ans, comme la naissance du rock lui-même style hybride, la Motown marketée pour ne pas plaire uniquement aux afro-américains, Hendrix, Jackson, Prince, Beyoncé.
La "rock attitude" depuis une quinzaine d'années a été mercantilisée à l'extrême : la mode, le tatouage et le piercing (qui ne sont certes pas l'apanage exclusif du rock), les "signes distinctifs ou de ralliement", il n'y a qu'à voir le nombre de blaireaux qui "se déguisent" dès lors qu'ils vont à un concert en enfilant un t-shirt floqué ou un jean crevé parce qu'ils pensent que ça fait rock. Et ceux qui, ici même sur le forum, posent une bouteille neuve de Jack Daniel's sur leur ampli quand ils prennent leur matos en photo, parce qu'on a dû leur dire que le Jack, c'est rock.
L'édition musicale ne joue pas non plus son rôle.
Alors que les US doivent regorger de talents, les labels poussent sur le devant de la scène des gens sans le moindre talent qui ne font que continuellement réinventer l'eau chaude et la roue : Bonamassa, Mayer, et compagnie. Pour ne prendre surtout aucun risque !
La créativité me semble beaucoup plus développée et mise en avant au Royaume-Uni.
Tout cela a rendu le rock ringard.
D'ailleurs, le meilleur exemple, la meilleure incarnation de cette ringardisation, du non-renouvellement, de la recette déclinée à l'infini, de l'embourgeoisement, de la créativité zéro, de la panne d'inspiration, de la mercantilisation à outrance, des clichés (tatouages, marcel, Converse), selon moi c'est Slash.
Qui, quoi qu'on en dise, n'évolue guère dans son style et son jeu, qui s'habille encore comme s'il avait encore 15 ans (hé ho, c'est fini depuis 30 ans les années metal 80s !), qui est plus souvent homme-sandwich pour le guitar business qu'artiste-guitariste (il doit être endorsé par au moins une dizaine de marques, il suffit d'ouvrir un magazine US de guitare, il est sur une page de pub sur deux) et qui fait partie sans le moindre enthousiasme apparent de la résurrection cash machine de GN'R (cependant musicalement globalement réussie).
Gardons espoir, l'histoire n'est qu'un éternel recommencement.