"Le jour où Hendrix brûla sa guitare pour la première fois" par Keith Altham :
Citation:
"31 mars 1967 : préparatifs du concert à l'Astoria. C'est le premier soir de la tournée. La presse est là. Jimi, Chas Chandler, le roadie Gerry Stickles et moi-même sommes posés dans les loges à comploter sur la manière de voler la vedette aux autres stars.
« le trucs de la destruction a été épuisé, dis-je. Tu ne peux pas le faire, ou alors on t'accusera de copier banalement Townshend. Même les Moves ont maintenant commencé à bousiller des télés sur scène. »
« Peut-être que je pourrai bousiller un éléphant », suggéra Jimi a voix basse.
« On n'a besoin d'un truc qui fera les gros titres, dit Chas. Quelque chose de scandaleux. »
« C'est vraiment dommage qu'on ne puisse pas mettre le feu a une guitare, dis-je en hésitant. Mais évidemment un corps solide ne brûlera jamais. »
Il y eut un long silence où je m'attendais à ce que ceci soit tournée en dérision, mais Chas sourit et dit en regardant le chef des roadies : « Gerry, pars acheter de l'essence à briquet. »
Hendrix riait nerveusement à l'idée de mettre le feu a la salle, et Chas s'attelait a m'expliquer la chimie de l'application d'essence à briquet sur une guitare de manière à ce qu'elle prenne feu par sa surface. « Sa va brûler comme une torche » s'enthousiasmait-il.
« Et moi donc ? » marmonna Jimi, mais il était déjà acquis à la cause.
La guitare pris à moitié feu durant « Wild Thing », alors que Jimi enfourchait sa guitare et utilisa plusieurs allumettes avant que l'instrument ne s'enflamme. Un petit tas pathétique d'allumettes utilisées demeura ensuite sur scène.
C'était loin d'être une tour enflammée pointant vers le ciel, mais Jimi s'en tira au mieux en faisant tourner la guitare autour de sa tête et en mimant un bûcheron fou pour fair bonne mesure.
En coulisses, le préposé du service du feu de l'Astoria devenait bleu, demandant compensation et aboyant ses invectives : « Vous êtes complètement tarés d'avoir risqué l'incendie en mettant le feu et en la faisant tourner autour de votre tête. »
« J'essayais juste de l'éteindre », dit Jimi en souriant nerveusement, lui passant devant et filant dans la direction des loges.
Chas retrouva Jimi Backstage, lui enroula un bandage autour du poignet et lui dit de le porter pendant une semaine : « Tu viens juste de quitter l'unité de traitement des brûlés de l'Hôpital Saint Bart, dramatisa Chas. Maintenant fous-moi le camp d'ici avant que la nouvelle n'atteigne les fans »
L'agent (qui se délectait de cette affaire, portant le nom ô combien approprié de Tito Burns, et dont Jimi s'était pris d'affection en apprenant que le gaillard avait été un artiste de cabaret dont le numéro comprenait un singe et un accordéon) avait été mis sur le coup. Il apparut brièvement devant les loges et se lança dans des remontrances théâtrales à l'encontre de Chas, destinées à l'agent de sécurité qui observait. « ...Qui plus est – en conséquence de cet acte irresponsable par lequel vous avez mis en danger le public, la salle et ma réputation, vous ne travaillerez plus jamais sur ce circuit. »
De ma position, adossé contre le mur du fond, je pouvais juste apercevoir le manche de la guitare Fender de Jimi, qui dépassait au bas du grand imperméable de Tito. Lançant un clin d'oeil que n'aperçut pas l'agent, Tito se retourna et disparut avec la pièce à conviction numéro 1.
voilà donc l'histoire de la guitare enflammée de Jimi Hendrix,
une cascade qu'il ne réalisa que trois fois durant ça carrière (les deux autres occasions se produisirent au festival de Monterey et à Londres au Saville Theatre de Brian Epstein). Un autre triplé qui, à l'instar des buts de Goeff Hurst, continue à vivre dans la mémoire de ceux qui en furent témoins."