bon alors voilà deux façons de critiquer houellebecq (il le mérite), celle de marc weitzmann qui critique "soumission" en tant que roman le plus clairement réactionnaire et le plus faible littérairement de m.h., et celle de nabe qui s'attaque à la beaufitude et au racisme de l'auteur de "soumission" :
Deux points furent insuffisamment soulignés à l’époque. Le premier est la dimension obstinément romantique de l’art du roman chez Houellebecq. Extérieure et indifférente à l’Histoire, sa conscience littéraire presque exclusivement forgée par le XIXe siècle – Balzac, Baudelaire, Dostoïevski, Nietzsche – regarde sombrer le monde depuis des catégories qu’il croit intangibles. On peut remarquer, au passage, que cette définition est exactement celle que Cioran, dans son essai méconnu sur Joseph de Maistre, donne de ce qu’il nomme « la pensée réactionnaire ». Le second, qui fait la toxicité de Houellebecq, sa marque de fabrique vénéneuse en quelque sorte, est d’avoir consacré cet esprit antimoderne si français à la défense du consommateur de la société de masse plutôt qu’à sa condamnation. Tel a été son vrai coup de génie – possiblement le seul, et il est avant tout esthétique (Warhol n’est pas loin). Houellebecq s’est imposé parce qu’il tirait des conclusions définitives des temps que nous vivons, où tout, culturellement, semble désormais sur le même plan : kitsch et classicisme s’épousent, et où la gauche fustigeant l’élitisme culturel ne tire plus depuis longtemps que sur un cadavre décomposé. En deuil des « trente glorieuses », héraut d’une classe moyenne qui se vit en déshérence, Houellebecq a fait de ce mélange des genres la matière même de ses livres – et le cocktail s’est révélé explosif.
Depuis lors, il a acquis dans le pays une place si étrange, à certains égards si monstrueuse, qu’écrire sur ses livres avec un minimum de recul est en train de devenir presque impossible. Exemple extrême dans Le Journal du dimanche du 28 décembre 2014, où Alain Finkielkraut, que l’enthousiasme égare, allait jusqu’à voir en Houellebecq, une semaine avant la sortie de son livre, « une sorte d’étranger qui révélerait non l’absurdité du monde (…) mais sa signification oubliée par ceux qui sont immergés en lui », autant dire un prophète ou un quasi-messie.
[...]
Non seulement les conséquences internationales de la situation qu’il décrit sont traitées en quelques paragraphes d’une naïveté gênante mais, chose remarquable pour un tel sujet, on ne croise dans le roman aucun musulman de souche, si je puis dire – aucun descendant d’immigré, aucun émir. Aucun français juif non plus, à l’exception du personnage de Myriam, réduite à la fonction de jeune maîtresse du narrateur. Maîtresse « bonne à jeter » de surcroît, ainsi qu’elle se le dit (et le narrateur acquiesce), car « habituée à se considérer comme une personne individuelle » par la fin du patriarcat, mais qui, heureusement, poussée par l’islam en Israël trouvera là-bas la régénération lui permettant de donner un sens à sa vie.
texte intégral :
http://www.marcweitzmann.fr/ar(...)ebecq
voilà pour marc weitzmann, passons aux fulgurances de nabe qui mentionne léon bloy au passage (sollers fait aussi une brève apparition) :
Ah ! Oncle Bernard devait être drôlement flatté d'être dans un film de Godard, alors que le réalisateur avait mis l'économiste Maris à sa juste place, devant une machine à sous, pour se foutre de sa gueule, et même lui faire prononcer une phrase limite antisémite ! Maris... Je n'ai jamais entendu ni lu autre chose que des conneries sortir de sa bouche et des saloperies de sa plume. Ce pourri travaillait à la Banque de France tout en faisant le libertaire à
Charlie-Hebdo. Maris, encore un "de gauche" qui avait voté "Oui à Maastricht"... Maris, c'était le genre d'économiste pontifiant qui n'oubliait jamais de préciser que les responsables de la crise des
subprimes en 2008 étaient des pauvres et des Noirs, mais pas pour leur reprocher d'avoir pris des crédits, pour innocenter les banquiers qui avaient spéculé avec leur argent... Sa fascination "socialiste" pour le capital était celle d'un gros c.. raciste et puis c'est tout. D'ailleurs, son dernier fan n'était pas pour rien le Belge du GRECE Robert Steuckers...
Sur l'islam, on ne s'étonnera pas de retrouver ce bon vieil Oncle Bernard Maris sur la même longueur d'ondinisme que Houellebecq... Leur rêve : se faire pisser dessus par des filles arabes sexy !... Maris avait écrit dans
Charlie Hebdo une "ode à Amina Sboui, une Femen tunisienne qui avait posé torse nu sur Internet" et qui sera confondue un an plus tard pour s'être inventé une agression par des salafistes : "Montre tes seins, Amina, montre ton sexe à tous les crétins barbus habitués des sites pornos, à tous les cochons du désert qui prêchent la morale à domicile et se payent des
escorts dans les palaces étrangers, et rêvent de te voir lapidée après t'avoir outragée... Ton corps nu est d'une pureté absolue en face des djellabas et des niqabs répugnants..."
Du pur clicheton houellebecquien ! Maris s'était entiché de Houellebecq au point d'écrire un essai sur lui en 2014, vantant sa vision d'économiste. Venant d'un tocard comme Oncle Bernard, je n'aurais pas été si "touché" à la place de Michel ! Et rien que la bande rouge disait toute la bêtise de ce Toulousain franc-maçon pseudo-écolo qui avait été déjà assez bête pour épouser la fille de Maurice Genevoix, "écrivain pour mulots", comme disait Dominique de Roux. D'ailleurs, Maris aimait tellement Houellebecq qu'il lui arrivait d'imiter Michel avec sa cigarette aux mauvais doigts, la lippe pendante !... Ah, ils devaient bien se marrer autour de la table au 10 de la rue Nicolas-Appert, les beaufs de
Charlie, entre Charb qui faisait le muezzin et Oncle Bernard le Houellebecq !... Maris était le Patrick Sébastien de Houellebecq qui lui-même est le Patrick Sébastien des poètes et des écrivains maudits qu'il cherche à imiter physiquement... La dégaine de Houellebecq en quelques années est passée de Baudelaire à Artaud (dans sa période sans dents) puis à Céline carrément... On ne pourra plus dire que de nous deux, c'est moi qui me prends pour Céline !
Hélas, ce n'est pas en imitant Houellebecq que Maris est mort, mais presque... Le 7 janvier, il était justement en train de se disputer avec Cabu à propos de
Soumission, le dernier roman de Michel sorti le jour même. Cabu trouvait qu'il faisait le jeu du Front national, et Maris qui au fond pensait : "Et pourquoi pas ?" défendait son petit écrivain. De la même façon, il enchaîna sur une âpre discussion avec Tignous au sujet des djihadistes...
Tignous, qui aura donc eu un sursaut de lucidité quelques secondes avant d'être exécuté, pensait que les conditions dans lesquelles les Arabes vivent en banlieue ne sont pas pour rien dans leur décision de partir pleins d'espoir faire le djihad en Syrie et en Irak. Il aura manqué à Tignous un quart d'heure de plus pour pousser jusqu'au bout sa réflexion : non seulement on met les Arabes dans les "quartiers" (pourquoi pas les "quartiers de haute insécurité" ?), mais en plus on se fout de la gueule de leur prophète !
Mais pour Maris, c'était trop, trop d'argent, disait-il, qui avait été dépensé pour les banlieues. La République avait fait assez pour ces jeunes monstres en puissance ! C'était trop facile de mettre sur le dos de leur pauvreté et de leur discrimination une barbarie qui leur était intrinsèque... Tout ça sans racisme bien sûr, sans une once d'islamophobie, voyons !
Et paf ! À ce moment-là, la porte s'ouvre et la réalité entre de plein fouet dans la salle. Le théoricien est tué par deux hommes qui surgissent du réel, comme deux anges Azraël ! Azréel ! Les frères Kouachi venaient prouver sur place jusqu'où la politique dénigratrice et humiliante de la France chère à Maris pouvait pousser à aller. [...]
D'ailleurs Houellebecq, après l'attentat, a eu tellement peur qu'il est parti se planquer, la cigarette entre les jambes... Ça lui a coupé la chique de sa promo.
Quelque chose s'est cassé avec
Soumission. Fini le grand amour de Houellebecq et des médias, même si la plupart y sont allés parce que l'islam, comme l'antisémitisme, ça fait toujours vendre, même un vendu... Les harpies de gauche (Angot, Iacub) ne l'ont pas trouvé génial, et les flics de gauche (Bourmeau, Weitzmann) l'ont jugé comme son plus mauvais roman. Bien sûr, il y a toujours des lèche-cul (Arnaud Viviant, Nelly Kaprièlian, Alain Soral, Joann Sfar)... [...] Dès sa parution,
Soumission était déjà démodé à côté de la réalité. Un roman "visionnaire" contredit parles faits le jour même de sa sortie, et qui fit de Houellebecq clairement un faux prophète, ça la fout mal...
Pourtant, c'était bien parti ! La veille de la sortie du livre, Patrick Cohen, le chasseur de cerveaux malades, le défendait à la télé face à Edwy Plenel qui, lui, croyait l'attaquer ! Algarade en direct. Deux boycotteurs sectaires, farouchement contre la liberté d'expression, chacun à sa façon, se disputaient le bout de steack ! La liberté d'expression, il trouve ça très bien Cohen quand il s'agit de la donner à un prétendu islamophobe, mais pas à un prétendu antisémite ! [...]
Houellebecq était tellement désespéré de constater que la France se "soumettait" à l'islam (selon lui, ignorant de l'Orient et nul en géopolitique !) qu'il imaginait, par mauvais esprit et ironie acerbe, que ça pourrait être pire... Fantasme de beauf ! Il était comme ceux qui paniquent devant un voile ou une boucherie halal... Aux Blancs, c'était facile de faire gober que son livre n'était pas islamophobe ! Mais les Arabes, il savait très bien qu'il ne les niquerait pas comme ça. Il avait beau s'en défendre, tout le monde savait que Houellebecq était un être profondément islamophobe et antiarabe, et même antisémite. D'ailleurs, Sollers lui aussi s'étonna que personne n'ait remarqué que dans
Soumission, le personnage de Myriam, la maîtresse qui finira par le quitter pour faire son alya, est exclusivement une reine de la fellation...
- La Juive suce ! dis-je à Philippe, pouffant.
De là à penser que, pour Houellebecq, les Juifs n'ont qu'une raison d'être en France, c'est de bien pomper ces bons cons de goys avant de repartir en Israël, il n'y a qu'un pas que je franchis !
Il ne faut jamais oublier que Houellebecq, c'est un type qui se vante d'être conservateur et pas du tout révolutionnaire, qui déteste l'islam, Jésus, Mozart, Céline, le jazz, Picasso, Nietzsche... Je veux bien imaginer que ça ne me concerne pas, et concéder que ça ferait "autocentré" d'y voir comme des signes, en tout cas une série de troublantes divergences entre nous, mais, en le lisant, le nouveau roman de Michel ne fait rien pour calmer mes soupçons. Qu'il ait choisi cette fois-ci de se fixer sur la rivalité Bloy/Huysmans peut-il être pris raisonnablement comme autre chose qu'une pierre de plus dans mon jardin ?
Houellebecq a tout, et moi rien ! Pourtant, de nous deux, ce n'est pas moi l'envieux. D'ailleurs, "l'envieux", c'est comme ça que Barbey d'Aurevilly appelait Huysmans, quand il en parlait à Léon Bloy.
Il a rien avalé, je vous dis ! Vexé comme un des poux que les autres me cherchent. Mon
Vingt-Septième Livre (2006), Michel l'a toujours en travers de la gorge, alors il continue à me provoquer. Il croit que personne ne m'a reconnu dans sa description tendancieuse d'un Léon Bloy qui était "constamment avide d'un succès commercial ou mondain, ne cherchait par ses néologismes incessants qu'à se singulariser, s'établir comme lumière spirituelle persécutée, inaccessible au monde..." Et : "Il avait choisi un positionnement mystico-élitiste dans la société littéraire de son temps, et ne cessa par la suite de s'étonner de son échec, et de l'indifférence pourtant légitime que suscitaient ses imprécations." Mesquin Michel ! Et quel mauvais goût ! Après Bernard-Henri Lévy, après Raël, après Benoît Delépine, et Jean-Louis Aubert bien sûr, voici Joris-Karl Huysmans ! Ce petit flic (il travaillait juste en face de chez moi au ministère de l'Intérieur), auteur d'un seul bon livre,
À rebours (ça veut tout dire), est évidemment à cent coudées au-dessous de Bloy. Tous les vrais amateurs de littérature savent ça.
Si Houellebecq croit faire mon portrait à travers celui de Léon Bloy, il suffit de lire la fin de l'exergue de Huysmans qu'il a choisi pour commencer son roman, pour comprendre ce qu'il pense de lui-même : "J'ai le cœur racorni et fumé par les noces, je ne suis bon à rien ." Enfin un peu de lucidité !
Houellebecq trouve Bloy "mondain" car pour lui, le mondain, c'est moi dans la décennie 90, avec mes copines, mon réseau (tu parles), mon "succès" (mon cul)... Michel n'est jamais sorti du 15ème malgré son triomphe m'écrasant ; c'est moi qui ai décollé, qui me suis évadé, qui me suis sauvé !... Lui est toujours là-bas, rue de la Convention. Coincé dans le lieu et l'époque de notre voisinage. Il vieillit sur place, moi non !
Houellebecq est comme un boxeur qui aurait gagné contre un ancien champion et qui aurait racheté le gymnase après leur match : il est devenu riche et célèbre, mais il veut quand même remonter sur le ring contre lui... Pas question ! J'ai raccroché les gants, je ne boxerai plus avec lui. Il me fait signe, c'est touchant... Huysmans, dans
Soumission, c'est une main tendue. Houellebecq veut garder un lien avec moi. C'est plus important que l'islam pour lui. Et en même temps, raviver notre rivalité à travers celle de Huysmans et de Bloy est un aveu de doute... Et si c'était le maudit, l'oublié, l'occulté, le blacklisté, celui qui n'a jamais droit à la parole, celui qu'on ne cite jamais, sur aucun sujet, et sous aucun prétexte, mais qu'on pille sans arrêt et en toute impunité, celui qu'on méprise ouvertement, si c'était lui qui gagnait à la fin ?... N'est-il pas dit dans une certaine religion que les derniers seront les premiers ? C'est ça quile ronge... Et j'espère que Houellebecq poussera l'identification avec Huysmans jusqu'à avoir un cancer de la mâchoire !
Pour Besson, Houellebecq porte toute l'époque sur sa gueule. La laideur intérieure de tout Occidental au XXIe siècle, Michel l'exhibe sur son visage. Patrick est formel : Houellebecq a une maladie...
- Il a une dégénérescence physique, c'est sûr... L'alcool ne te rend pas comme ça. Même Marc Lambron n'est pas abîmé autant !... En même pas dix ans ! Il ressemble a une bête, le succès lui a enlevé son aspect humain, ça l'a bestialisé, il est comme un animal qui n'a pas encore de nom.
Pourquoi Houellebecq est-il si visiblement détruit ? Parce qu'il doute de sa stratégie, excellente pour triompher dans le présent en collaborant sans faille avec les puissants, en les confortant dans leur propagande et en caressant le système dans le sens du poil, mais très mauvaise pour l'avenir. Depuis François Villon, difficile de trouver dix grands écrivains adulés de leur temps... Hugo ? Vingt ans d'exil quand même... Zola ? Anatole France... Gide ? Barrès ? Même eux ont été au minimum emmerdés toute leur vie par les critiques, les pouvoirs, l'opinion, la justice, la censure, les médias, etc. Quant aux vrais grands, ils ont été aussitôt marginalisés par leur époque et en même temps ce sont eux qui la sauvaient. On va pas faire la liste... Le faux grand se régale de baiser avec son époque, mais il sait très bien que ce qui l'attend, c'est de se prendre un sale râteau par l'Eternité !
(extrait de
Patience, nº2)
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