Bolanboogie a écrit :
Eh bien accepte qu'il y ait des gens qui aient été marqué par autre chose que de la musique francophone. Moi Noir Désir, je trouve ça écoutable, mais franchement en tant que chanteur ça m'a jamais troué le cul pour parler vulgairement, alors que les Faces, Guess Who, Led Zep, Deep Purple et Aerosmith oui, ça ça me parle + à moi, je m'exprime plus facilement et je me fais + plaisir quand la musique que je fais me parle et me rappelle ce que j'aime, même si elle ne parle pas toujours aux autres.
Mais d'où sors-tu que je voudrais interdire l'anglais ? C'est pour toi un sujet si sensible en fait que tu veux à tout prix faire de moi un terroriste intellectuel ? Car voici entre autres ce que j'ai
vraiment écrit :
Citation:
En fait, je ne suis pas contre l'anglais. Il ne s'agit surtout pas de défense de la langue française, ce genre d'insanité. Certains des groupes que j'ai chéri dans le passé (les Dogs ! les Thugs !) chantaient en anglais, ça ne me dérangeait pas, car c'était vraiment leur idiome. Quoiqu'à la réécoute, l'accent de Dominique Laboubée était, euh, perfectible.
Et :
Citation:
Bon, sérieux, il y a des groupes qui chantent en anglais qui me tiennent à coeur. The Elektrocution, par exemple, qui sont des Normands anglophones bon teint. Detroit sur Seine, baby!
Je ne parle pas de plein d'Anglo-saxons qui m'ont marqué, évidemment. Tu crois peut-être que ma culture est purement francophone ? Aerosmith, tiens, tiens... j'étais à leur premier concert à Paris. Tu vas me dire que c'était par hasard ?
Entendons-nous bien. Je serai le premier à me ruer sur une nouvelle vidéo de Son House ou de Hound Dog Taylor apparaissant sur Youtube. Oui, j'écouterai toujours les Seeds, les 13th Floor Elevators ou le premier album du Pink Floyd. Les trois premiers albums des Stooges sont des chefs-d'oeuvre absolus et je suis prêt à y ajouter Metallic KO (mais là, c'est du vice). Gene Vincent ? Tiens donc. Otis Redding ? Rhaaa. D'ailleurs, je remets de ce pas l'intégrale Stax sur la platine.
Et je comprends très bien qu'on veuille se consacrer au rock, au blues, etc. sous la forme qu'ils avaient déjà il y a trente ans. Certains le font très bien, j'en suis même fan, et c'est normal que le chant soit en anglais dans ce cas : quand on joue de la musique « traditionnelle » (désolé, mais le rock and roll va sur ses 50 ans, encore plus pour le blues), on l'accompagne de la langue qui va avec. Mais quand tout le monde s'en contente, et on n'en est pas loin d'après les réactions sur ce topic, j'appelle ça de la sclérose.
Bolanboogie a écrit :
Maintenant toi t'aimerais le beurre et l'argent du beurre, t'es marrant ce sont nos influences qui nous forgent, encore une fois si il existait tant de bons chanteurs francophones de rock que ça peut être que plus de gens apprendraient à chanter en les écoutant et finiraient par chanter du rock en français, mais manque de pot les meilleurs chanteurs sont très très majoritairement anglophones, et quand tu vois Bertrand Cantat que vous semblez aduler, ben même si niveau chant c'est très bien, tu regardes Mick Jagger à côté et tu vois ce que c'est qu'une star, et c'est ça qui fait rêver quand t'apprends à chanter étant adolescent, être une star. Pareillement que j'ai appris appris la guitare en voulant être pas Patrick Rondat mais Keith Richards, parce que d'un côté t'as le truc dont tu te fous (au moins au début): la technique, et de l'autre côté t'as ce que tu attends d'une guitare, la classe (et je t'explique pas pour quoi en faire...).
Et moi des musiciens et chanteurs qui ont vraiment le charisme de stars en france j'en connais pas un seul, comment veux-tu qu'on les prenne comme modèle même avec toute la volonté du monde?
Sutout, je constate que tu ne cites aucun chanteur français (ou belge, suisse, etc.) chantant en anglais. C'est marrant, ça, leur charisme ne semble pas plus développé que celui des chanteurs francophones. Je confirme : non seulement la langue ne suffit pas, mais elle n'a rien à voir avec ce fameux charisme.
Les gens qui m'attiraient quand j'avais 18 ans n'étaient pas des stars. C'étaient des gens qui faisaient leur truc à eux. Qui inventaient leur propre musique. Autant j'adorais les Flamin' Groovies, autant je voulais faire comme les gens de Père Ubu, des Ruts ou du Gang of Four : jouer ma musique à moi. Mais pourquoi ? Remontons encore une année en arrière...
Remontons à Bijou, pétris de culture fifties et sixties, vus avec intérêt. Ensuite, Téléphone, qui recyclaient les années 60 et 70 ; j'étais comme tout le monde debout sur mon siège devant ces inconnus parce que ce qu'ils faisaient était littéralement inoui à cette époque. Jusque là, rien que de très banal, mais, mais...
À un concert de Métal Urbain, je me suis retrouvé à deux mètres de Clode Panik qui éructait un « Paris Maquis » incendiaire devant des synthés hurlants et des guitares pourries, et là, là, ça a été un flash total, irrémédiable, absolu, définitif, le genre de truc qui marque à vie. Après ça, il n'était tout simplement plus possible de copier les grands maîtres en espérant arriver à leur niveau au bout de dix ans, il fallait faire quelque chose de personnel, il fallait créer son propre idiome, il fallait exister par soi-même.
Voilà, on dépasse en fait la question de la langue ; elle dérive directement de l'approche qu'on a de la musique. La mienne, d'approche, est largement minoritaire ici ? La belle affaire. Comme si je n'en avais pas l'habitude.
Comme si j'allais me mettre à copier en moins bien ce qui a été fait avant par d'autres, ce qui semble la vocation de plein de gens ici. On peut appeler ça comme on veut, de la fierté, de la connerie : j'assume tout, tête haute.