Biosmog a écrit :
Vous n'y êtes pas du tout les gars. Où alors il faut que vous montiez un groupe de soutien à Dieudonné. Vous sous-entendez que l'on peut dire ce que l'on veut des gens, des juifs, des femmes, des homosexuels. Non, ce que l'on dit est circonscrit par un ensemble de normes. On n'a jamais pu dire n'importe quoi et heureusement.
D'ailleurs, si on pousse ce raisonnement jusqu'au bout, vous estimez qu'on peut assassiner quelqu'un qui sortirait des limites de la liberté? évidemment que non, ce n'est pas parce que l'expression est libre qu'elle ne mérite pas la mort. C'est parce que l'expression est une expression, et pas une agression physique.
La liberté d'expression a un sens au sortir des sociétés traditionnelles où la parole autorisée était liée au statut (en tant que XXX j'ai le droit de dire ceci ou cela: on voit que ça n'a rien à voir ici). Ici ce n'est pas du tout de ça dont il s'agit: on est face à des dégénérés "politisés" qui trouvent un prétexte pour semer la terreur dans une population qu'ils estiment ennemie de la leur. On est face à de la folie guerrière, pas face à une vexation religieuse. Voir les réactions terroristes comme une réaction religieuse, dictée par une théologie, c'est réaliser exactement le dessein des terroristes qui cherchent à associer des textes et des actes, c'est accepter docilement les frontières qu'ils dessinent entre eux et nous.
Pour revenir à la liberté d'expression, historiquement, c'est une connerie inventée par les pouvoirs pour juguler la contestation (c'est contemporain de l'absolutisme). Bien avant les Lumières, les autorités temporelles et religieuses subissaient de très nombreuses formes de dérisions, caricatures en réagissant moins forts que ce qu'on peut voir aujourd'hui (où en 2019, un type qui a insulté Macron par lettre est condamné à de la prison ferme). Le cinéma a fait beaucoup de dégâts en montrant un Ancien-Régime intransigeant. Alors que c'est surtout les XVIIIe et XIXe siècles (voire la première moitié du XXe) qui ont été impitoyables avec les impies.
Car en tout état de cause, il faut accepter qu'une caricature, qu'un trait d'humour, pour celui qui n'est pas dans la connivence comique, peut être ressentie comme une agression. Il faut l'accepter. C'est le droit le plus élémentaire de celui qui est visé par une moquerie de se sentir humilié. Par contre, c'est son devoir de répondre par des moyens proportionnés: une saillie contre une saillie, une critique contre une critique, du mépris par le mépris. Et en réagissant à ce qu'il estime comme une atteinte, il n'a pas à parler au nom d'autrui. Ces principes sont suffisants pour condamner ces actes sans transiger. Et ça nous évite de sombrer dans cette barbarie de la liberté imposée.
La liberté d’expression telle qu’elle s’articule aujourd’hui n’est pas absolue et à une caractéristique de réciprocité. Ce n’est pas une imposition c’est un droit fondamental, un garde-fou face aux réelles tentatives de contraintes, dont les dogmes religieux ne sont qu’un exemple.
Ce n’est pas la responsabilité de Charlie si, en caricaturant le prophète, ils ont réveillé des dégénérés politisés. Et 5 ans après on continue à nous servir des théories fumeuses pour faire de ce qui devrait être le procès de l’affaire Charlie Hebdo (donc de ces décérébrés) le procès de Charlie Hebdo et plus largement de la liberté d’expression.
C’est difficile de ne pas s’interroger sur les motivations de quelqu’un qui écrit que cette liberté est une connerie.
Dernière chose : si défendre cette liberté suffit à nous ranger dans le camp des Dieudo, interroge toi peut être alors sur la nature de ceux qui visent à restreindre cette liberté. Y a des termes qui vous fâchent (à raison) mais alors évitez ces mêmes excès.