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Invités à faire part de leur expérience en matière d'énergies renouvelables et d'économies énergétiques, des lecteurs du Monde.fr apportent leurs témoignages.
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"Il faut taxer les passoires énergétiques", par Beone68
Depuis 2007 nous louons un appartement dans une maison équipée d'une chaudière aux granulés de bois, secondée par 6 m² de panneaux solaires thermiques pour la production d'eau chaude sanitaire. Le système fonctionne de manière automatique, la chaudière étant alimentée par une réserve de 5 tonnes de granulés. D'après le propriétaire, qui possède 2 maisons similaires, une chauffée au fioul et une l'autre au granulé/solaire, les coûts d'exploitation restent similaire. Sa conclusion : "Si je n'avais pas eu de subventions pour la chaudière à granulé et le solaire, j'aurais remis du fioul." Je propose donc que plutôt que de subventionner les installations utilisant les énergies renouvelables ou économisant l'énergie, on taxe les installations conventionnelles et les passoires énergétiques. C'est apparemment le seul moyen de faire changer les mentalités...
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"J'ai supprimé l'électricité d'origine nucléaire", par Laurence J.
Depuis plus de trente ans, j'ai toujours été suprise par le manque d'investissements de la France en matière d'énergies renouvelables, contrairement aux pays du Sud, qui utilisaient le solaire pour la production d'eau chaude notamment. Depuis quelques années, cependant, des solutions alternatives sont proposées. J'ai d'abord limité au minimum ma consommation d'électricité (changement de tout l'électroménager pour des appareils basse consommation, réduction des lessives et des températures, pas d'appareils superflus, lampes basse consommation), puis je suis passée chez Enercoop (uniquement de l'électricité renouvelable). Pour mon chauffage et mon eau chaude, j'ai fait installer une chaudière basse consommation avec solaire. Pour le complément, j'utilise ma cheminée.
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"Aucun encouragement de l'Etat", par Dave V.
J'ai fait construire une maison qui, sans être "passive", est très économe en énergie. J'ai particulièrement soigné l'isolation des murs, je l'ai dotée de vitrages très performants, d'un puits canadien, d'une VMC double flux, tout ça pour un surcoût non négligeable. Mais j'ai été très surpris qu'il n'existe aucune aide ou encouragement de l'Etat pour tout ça. En effet, les aides ne s'appliquent que pour des constructions de plus de deux ans et en aucun cas sur une maison neuve. Cela ne me paraît pas très encourageant (ni responsable) !
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"Six mois d'attente du côté d'ERDF", par Jean-Luc G.
J'ai choisi de faire installer des panneaux photovoltaïques sur mon toit.
Les travaux d'installations datent d'octobre 2010 et l'installateur a, pour sa part, été diligent et rapide. Aujourd'hui, j'attends qu'ERDF veuille bien passer "poser les fusibles" pour la mise en service des panneaux. Cela fait donc six mois d'attente. Et d'après mes informations les délais se sont bien améliorés. Y-a-t'il une réelle volonté de favoriser le photovoltaïque ?
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"J'ai fait installer une petite éolienne", par Alban P.
J'ai fait installé il y a maintenant treize mois une petite éolienne Venteo Essential (2.7 kW) avec l'aide d'une PME aux Essarts-le-Roi (Yvelines). Les démarches ont étés un peu longues et le projet est sorti de terre quelques mois. Elle me permet aujourd'hui de produire une partie de mon énergie électrique. J'ai fait baisser mes factures EDF de 40 % environ, ce qui est déjà une bonne chose quand on connaît leurs tarifs en constante augmentation.
L'investissement a représenté environ 12000 euros pour la machine et le mât et près de 2 500 euros pour couler un pied en béton avec l'aide d'un artisan du coin. J'ai donc investi 14 500 euro et déduit 6 000 euro des impôts. Cela m'aura tout de même coûté 8 500 euro de ma poche ! Pour ce qui est des autres aides et prêts à taux zéro, mieux vaut ne pas y penser tellement les démarches sont longues et restrictives (conditions, accords de la Banque...). L'utilisation des énergies gratuites avec ce type de solution est d'une évidence que l'on ne voit que rarement dans nos paysages, cependant l'Etat n'encourage plus cette démarche. Dommage !
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"Je suis passé chez un fournisseur d'électricité verte", par Bob
Je suis passé depuis l'an dernier chez
Enercoop, un fournisseur d'électricité verte (photovoltaïque, éolien, petit hydraulique...) bien noté par Greenpeace (soit dit en passant, ça a été monté par des anciens de Greenpeace). C'est un peu plus cher mais comme je n'ai pas de grosses consommations d'électricité ça va. Je trouve dommage que ce type d'initiatives n'ait pas plus de succès. Je suis convaincu qu'une grande partie de français favorables à une sortie (au moins progressive) du nucléaire sont encore chez EDF (80 % de nucléaire).
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"Depuis Fukushima, je suis encore plus antinucléaire", par Christophe B.
J'ai changé de prestataire d'électricité, c'est tout simple, fait en 5 minutes, et ça ne coûte pas très cher.
J'ai opté pour un des deux fournisseurs en France qui ne propose aucune offre de "courant sale". Aujourd'hui et encore plus depuis Fukushima, je suis antinucléaire.
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"Trop de lacunes au niveau des appareil électroménager !", par Monique
J'utilise depuis des années un chauffe-eau solaire mais aussi et surtout l'énergie solaire pour l'alimentation électrique de toute la maison. Si l'éclairage et les appareils tels TV, Hi-fi, vidéo, ordinateur..., ne posent pas de problèmes (nous avons opté pour la technologie led pour la télévision), il y a une grosse lacune au niveau des appareils électroménagers, la plupart trop énergivores. Seuls réfrigérateur et congélateur (fournis par l'installateur), fer à repasser spécial, lave-linge (à froid ou solution de le raccorder au chauffe-eau solaire) peuvent être reliés au solaire, les autres risquant de décharger les accumulateurs. Impossible donc d'utiliser par exemple le four électrique multifonction, la cafetière électrique, le rice-cooker, le grill électrique, l'aspirateur, etc. Il faut obligatoirement une source énergétique de complément ce qui est dommage.
Je suis en attente d'un véritable développement de tout l'électroménager dans sa version basse-consommation et donc adaptable à l'énergie solaire. Si cela existe en quelque part, je suis preneur !
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"J'ai opté pour un fournisseur coopératif indépendant", par Louis C.
Tout à commencé avec ma volonté de ne plus payer de kWh d'origine nucléaire.
J'ai donc opté pour un fournisseur coopératif indépendant qui propose, pour chaque kWh consommé d'en produire un sur le territoire français d'origine solaire, hydraulique, éolien ou provenant de la biomasse. Un obstacle immédiat s'est présenté : un surcoût de 20 % environ comparé à l'opérateur historique. Du coup j'ai décidé de faire la chasse au gaspi avec des mesures simples et peu coûteuses : remplacement de mon frigo par un classe A (150 euros), pose de rideaux épais devant mes fenêtres, baisse de mon chauffage à 19°C au lieu de 20-21°C, mise hors veille/tension systématique de tous mes appareils dès que je ne les utilise plus et changement de tout mon éclairage en basse consommation. Résultat des courses, 25 % à 35% de baisse de ma consommation et ma facture, bien que d'origine 100 % renouvelable/compensée, est donc inférieure à celle que j'avais avant de me pencher sur le problème de ma fourniture d'énergie.
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"Un investissement rentable sur trois ans", par Gaëtan F.
Très simple, de 2 000 euros par an de gaz (la maison est immense, mal isolée), nous sommes passés à 1 000 euros après installation d'un poêle à granulés. On gagne en confort de vie (température constante), en facilité d'entretien et on économise ! Coût de l'installation 3 500 euros, dont 50 % pris en charge par le trésor public. Coût des granulés pour l'année 400 euros. L'investissement est donc rentable sur trois ans ! Que du bonheur.
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"Notre maison est positive", par Bruno C.
Notre maison de 100m2, livrée en 1991, est située dans la banlieue de Lille. Elle est exposée plein sud. Les murs sont composites (brique+parpaing+placo). Nous sommes 4 à la maison. Par la diversification des sources d'énergie (insert bois double combustion, solaire pour eau chaude sanitaire + préchauffage circuit chauffage, chaudière mixte basse température avec régulation, renforcement de l'isolation et 24 m2 de capteurs solaires photovoltaïques qui produisent plus d'électricité que nous n'en consommons), notre maison est positive pour l'électricité ! En 2009, notre consommation de gaz était tombée à 9 634 kWh (-55 %) et notre consommation d'électricité à 1 600 kWh (-41 %). Bref, que du bonheur dans un contexte de fatalisme voire de pessimisme !
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"Les artisans français ne sont pas bien formés", par Philippe R.
J'ai conçu ma maison ossature bois selon les critères d'une maison BBC. Après deux hivers la consommation de la maison est entre 26 et 35 kWh par an. Environ 1.5 stères de bois. Le coût de l'autoconstruction a été de 50 000 euros. Une chose est sûre, il est plus pertinent de bien isoler sa maison, avec une mise en oeuvre parfaite, plutôt que de trouver des sources d'énergie nouvelle pour chauffer sa maison. Le problème est que les artisans français ne sont pas bien formés.
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"Pas un sou pour du solaire", par Roger O.
En 1992 nous avons construit notre maison bioclimatique, nous avons opté pour un chauffage par le sol à basse température PSD (plancher solaire direct) que nous avons acheté en kit et monté par nous-même. Ce système était couplé avec une cheminée bois. Nous avons demandé à l'Ademe quelles étaient les subventions pour ce système car nous étions courts en budget. La réponse fut claire et précise :
"Pas un sou si vous avez du solaire. Faites ce que vous voulez, élec-gaz, élec-bois, élec-fioul, mais si vous mettez du solaire, vous n'aurez rien !" Cela fait bientôt vingt ans que nous fonctionnons avec ce PSD et nous produisons en chauffage et eau chaude sanitaire entre 50 % et 54 % de nos besoin. Si depuis cette époque les moyens avaient été donnés pour réaliser ce genre d'installation, que d'économies personnelles et collectives !
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"Chauffé gratuitement grâce à notre moulin", par Gildas S.
Depuis quinze ans nous produisons notre énergie en utilisant notre moulin (picocentrale hydraulique). Cette énergie nous permet de chauffer notre maison (et partiellement un ecogite) gratuitement. En France, de nombreux moulins peuvent faire la même chose si on ne détruit pas leur barrage.