Comment voyez-vous les années 80 ?

Rappel du dernier message de la page précédente :
stege106
_Hazard_ a écrit :


Les années 80 c'est aussi l'émergence de clichés à la con :
le "look" cool très propre sur soi.
Le "look" en général
Les golden boys et le fric roi
Tout dans les apparences

Bref une grande tentative de pensée unique pour éloigner les gens d'une possible conscience politique. Ça a bien marché.



ça existait déjà avant... les riches ce sont pour eux que les peintures, les sculptures, les châteaux et les villes sont faites...

combien de pièces de théâtre du xix début xx se passent dans des milieux bourgeois avec la bonne et le majordome ? (Labiche, Feydeau...)...pareil pour la danse et les concerts classique....la culture c'est fait pour ceux qui peuvent se la permettre.

seules la radio et la télé (et maintenant internet) permet aux pauvres d'en profiter (regarde, mais pas toucher)... on remplace progressivement la qualité par le nombre. les années 80 sont le reflet des média en place (télé couleur et magnétoscope, walkman et compact disc), toutes les époques ont leur élite et leur médiocrité.

les années 80 c'est aussi une époque où on apprenait aux fils d'ouvriers et de paysans que si ils voulaient ils pouvaient devenir ingénieur ou médecin...que les charbonnages allaient fermer parce que le travail inhumain ce sera bientôt fini et qu'ils seront protégés par des droits sociaux...

quand je vois la pauvreté des ados actuels, où tout leur monde se limite à un smartphone et qui sont incapables de lire une Bédé ou de jouer à un jeu de société et qui ont le réflexe conditionné de vérifier leurs messages toutes les 5 minutes...je me dis que j'ai eu de la chance d'avoir connu l'époque d'avant.

pendant les années 80, les gens se prêtaient des trucs (appareils photos, vinyles, k7 vidéos, bouquins etc...) on avaient en permanence des trucs de nos amis chez soi et vice-versa... maintenant c'est chacun pour soi ...
Lao
  • Lao
  • Vintage Top utilisateur
  • #316
  • Publié par
    Lao
    le 28 Fév 2015, 18:20
Bien sûr que cela existait avant.

Mais il me semble qu'il y a eu une longue période après la guerre pendant laquelle, si effectivement les lois économiques étaient les mêmes, l'objectif était de reconstruire, de revenir à une vie normale, de nettoyer après le désastre.
Cela a été le cas dans les années 50 et 60.
A partir des années 60 certains ont espéré d'autres voies (Summer of love, soulèvements populaires) et cela a perduré jusqu'à la fin des années 70.

Pour moi les années 80, sur le plan politique, c'est l'émergence des golden boys (des traders numériques), montée du FN et le désintérêt progressif pour les utopies (has been les utopistes).
http://fresques.ina.fr/jalons/(...).html
- Fin de l'étalon or pour les monnaies (même si déjà amorcées dans les années 70)
- Début du surendettement des états (hausse des taux d’intérêt sur les marchés financiers).

Peut-être que des noms comme Masayoshi Ohira, Margaret Thatcher, Ronald Reagan, Helmut Kohl seront plus significatifs.

James M. Boughton a écrit :
Au cours de cette décennie, la politique économique des pays industrialisés a pris un net virage à droite, sous l’impulsion de Masayoshi Ohira et de ses successeurs au Japon, de Margaret Thatcher au Royaume-Uni, de Ronald Reagan aux États-Unis et de Helmut Kohl en Allemagne. La
théorie «néoclassique» et l’économie de l’offre ont été à la base d’expériences audacieuses,
quoique parfois malavisées. Et pour une grande partie du monde en développement, les années 80 ont été la «décennie perdue», celle de la stagnation ou de la chute des niveaux de vie année après année.
be@st
  • be@st
  • Special Méga utilisateur
  • #317
  • Publié par
    be@st
    le 28 Fév 2015, 18:33
stege106 a écrit :
_Hazard_ a écrit :


Les années 80 c'est aussi l'émergence de clichés à la con :
le "look" cool très propre sur soi.
Le "look" en général
Les golden boys et le fric roi
Tout dans les apparences

Bref une grande tentative de pensée unique pour éloigner les gens d'une possible conscience politique. Ça a bien marché.



ça existait déjà avant... les riches ce sont pour eux que les peintures, les sculptures, les châteaux et les villes sont faites...

combien de pièces de théâtre du xix début xx se passent dans des milieux bourgeois avec la bonne et le majordome ? (Labiche, Feydeau...)...pareil pour la danse et les concerts classique....la culture c'est fait pour ceux qui peuvent se la permettre.

seules la radio et la télé (et maintenant internet) permet aux pauvres d'en profiter (regarde, mais pas toucher)... on remplace progressivement la qualité par le nombre. les années 80 sont le reflet des média en place (télé couleur et magnétoscope, walkman et compact disc), toutes les époques ont leur élite et leur médiocrité.

les années 80 c'est aussi une époque où on apprenait aux fils d'ouvriers et de paysans que si ils voulaient ils pouvaient devenir ingénieur ou médecin...que les charbonnages allaient fermer parce que le travail inhumain ce sera bientôt fini et qu'ils seront protégés par des droits sociaux...

quand je vois la pauvreté des ados actuels, où tout leur monde se limite à un smartphone et qui sont incapables de lire une Bédé ou de jouer à un jeu de société et qui ont le réflexe conditionné de vérifier leurs messages toutes les 5 minutes...je me dis que j'ai eu de la chance d'avoir connu l'époque d'avant.

pendant les années 80, les gens se prêtaient des trucs (appareils photos, vinyles, k7 vidéos, bouquins etc...) on avaient en permanence des trucs de nos amis chez soi et vice-versa... maintenant c'est chacun pour soi ...


+1000 Sans internet et sans les gsm on était plus proche les uns des autres. Suis né en 82, malgré tout je me souviens qu'avec les copains c'était très différent, rien que pour se donner rdv, si t'étais pas là après 15 min fallait te débrouiller pour nous retrouver, toute une époque
jules_albert
les terrifiantes années 80 c'est évidemment la pourriture mitterandienne, les années "libé", l'avènement du droit-de-l'hommisme suite à la défaite de l'assaut révolutionnaire déclenché après 1968 et qui s'achève vers 1982. cette défaite permet au capital de renforcer ses positions tout en se restructurant (c'est le fameux néo-libéralisme, avec le développement de nouvelles professions du secteur tertiaire soumis à la cause).
c'est dans ce contexte qu'apparaît la revue "encyclopédie des nuisances" (1984-1992) dont le but était de préserver la mémoire historique du projet d'émancipation prolétarien afin de servir de pont lorsque viendrait le temps d'un nouvel assaut contre la domination du capital et de l'ÉTAT.

sur les années 80, marc-édouard nabe a dit deux ou trois choses intéressantes dans "au régal des vermines" publié en 1985 (chapitre IV, "tout doit disparaître") :


« Nous vivons en pleine crise anthologique, une ère de dictionnaires, de catalogues. C’est la synthèse atroce du Oui classique et du Non romantique. Ô la radieuse confusion ! La Poubelle d’étoiles ! (…) Tout ce qui est dégénéré est bon. C’est l’époque de l’ampleur des merdes. Années soixante-dix ? Remise en question des merdes ! Années quatre-vingt ? Acceptation des merdes de la remise en question ! Ce sont les méninges de l’amusant, de l’ironique ! Ça leur est bien pratique aux Ironiques la mort de l’ « Artiste » ! (…)

Toutes les maladies sont devenues des santés. Les gens normaux, ce sont les pédés, les voyous, les ouvriers, les handicapés, les rockers, les lycéens, les minables. Voilà la nouvelle crème. On a renversé le bocal! Moi je veux bien : je serai donc contre tout ce qui est normal, je suis le renversement! Il suffit de savoir où tracer la marge. Quelle merveille ! Un vrai petit bijou de révolution ! Le monde, c’est le monde à l’envers. On a pris tout ce qui était interdit ou mal vu et on en a fait les nouvelles valeurs. Il ne suffit pas de marcher sur les mains pour changer de corps, c’est le sang qui monte à la tête, pas l’âme… Moi qui ai toujours eu horreur des minorités, je suis servi. Je suis pour l’individu contre la minorité. J’exècre les majorités de poche, les hors-la-loi qui veulent être reconnus, les marginaleries revendicatrices, exclues mais jalouses… Ils sont tous là ces ratés d’une sale Réussite qu’ils envient secrètement alors qu’elle m’a vraiment toujours dégoûté moi. Si la plupart des larves margineuses avaient les moyens de voler la place des larves travailleuses, ça ferait un échange de paquets de larves avantageusement indifférent, apte à prouver la salope horreur de chaque partie. Ils aboient tous par petits groupes, sectes, communautés, revues, organes, organismes, mouvement mièvres ou sympas, sans s’apercevoir qu’ils ne sont que la maquette de tout ce qu’ils font semblant d’exécrer. (…)

C’est notre époque ! Tout est moderne, tout le monde se croit dans le coup alors que dans tous les domaines c’est une dégénérescence terrible, une piédestalisation des conneries, une panthéonisation-rumination des chefs-d’œuvres mineurs. Toute vieillerie est prétexte à une exposition. On fait de l’art de n’importe quoi (c’est la néfaste influence du ready-made), on porte aux nues les nullités. Il faut avancer ! Au large les exemples ! Plus de peinture ? Plus de littérature ? Plus de musique ? Qu’à cela ne tienne : voici les nouveaux arts ! Beaucoup moins chiants ! Beaucoup plus « réalistes » ! Modernes ! Sociaux !… Avant le septième, le Déluge ! Voici la bande dessinée, la publicité, la danse « modern jazz », le cinéma, la vidéo, le living, la mode, la gym, la cuisine, et la variété ! Oui ! Bourrée de vrais professionnels : ils font tourner leur canne et les gens applaudissent pendant vingt minutes ! C’est plein de pros, de pros de la débilité ! Comme si c’était impressionnant d’être professionnel ! Quel intérêt de bien faire ce qui n’a strictement aucun intérêt ? Quelle belle chose que la Variété française aux panthéons ! La Chansonnette dans la Pléiade ! Guy Béart entre Baudelaire et Bossuet !

Voyez-les ces découvreurs de lunes, ces ricanants, ces "à-quoi-bonnistes", ces journalistes, ces hystériques et ces abrutis, ces dénonciateurs du religieux secrètement fascinés, ces matérialistes fiers de l'être, ces éclectiques, ces faux torturés, ces kafkaïens, ces rockers, ces critiques, modernistes, pervers, injustifiés, bourges ouvriéristes, enculeurs sans raison, ces nihilistes de bon aloi qui font passer pour un mépris malin leur totale imperfectible ignorance et leur indécamabilité de toute entreprise artistique, leur irremplissable vide de vie, leur ennui hypocrite et leur merveilleuse indigence cardiaque et musicale.[...]

C'est lorsque je me prends à ressentir une vague impression de considérable désespoir, un déchirement dramatique en entendant une chanson rock aux ridicules romantiques larmoiements yankees, aux psychédéliques sirupeuses fausses démences écoeurantes, ou ces sortes de danses de basses déprimantes, gonflées de décibels, ces marteaux-pilons, tous ces nasillards synthés sur les lesquels les trois quarts des êtres humains se donnent l'illusion du rythme, alors qu'ils ne font que la parodie involontaire du pas cadencé, que je me rends compte que je vis ici, dans l'époque abjecte des discothèques à lasers, des tristes figures épanouies, des paumés dangereux, des étudiants aux pattes rasées, des cravates limaces et de cette jeunesse prolongée, déodorisée, en éclosion totale de poncifs et prête à tout pour s'abrutir sans même le savoir.

Entre autres raisons, si les jeunesses sont irrévocablement foutues, c'est que trois générations maintenant ont grandi dans des berceaux remplis au ras bord de ce Rock Fangeux, cette pacotille sonore, cette caricature aux pauvretés si grotesques que les jazzmen en pissaient de rire et qu'aujourd'hui la vulgarité et le culot des nostalgies ont érigé en Culture dans les préaux de toutes les maternelles.[...]

Les années quatre-vingt s'ouvrent sur un virage, un fatal virage. La boucle est bouclée. Plus de Lois à défoncer. Plus de révolte possible. Plus d'intérêt pour rien. Plus de sentiments ni de désirs. Plus d'idée. Plus de talent. Plus de moyens pour en avoir. Ni pour le montrer. Plus de disciplines, tous les arts sont pleins. Juste un tube, très étroit, pour exprimer cette carence grandiose, cette indigence sur fond de faux luxe libéré. La fin du monde est passée. Voilà ce que nous en avons fait.

Les années quatre-vingt ? Économie, Religion, Snobisme, Anti-Sémitisme bon enfant, Faux Classicisme, Réactionnariat sublimodernisé, Rétro-Chic, Photo, Vidéo, Propreté, Arrivisme, Sport, Froideur, Ennui, Fadeur, Égoïsme, Collection, Sympathie, Solidarité, Gaspillage...[...]
Arrivisme inqualifiablement salaud, économique, dur, sans aucune sensualité, bourgeois, propre, arrogant, technique.

Il n'y a rien de pire que ces nouveaux métiers grâce auxquels vivent les plus grandes crapules de la "Démocratie". Ils sont fiers tous ces magouilleurs, ces débrouillards, ces enculeurs par-devant ! Fan ! C'est toute une racaille à dégager. Que n'irait-on foncer dans ces lards immondes ? Soyons précis ! Montons une liste de toutes ces professions où il ne peut pas y avoir UNE SEULE personne valable. Ô Fonctions inadmissibles dont les carnes feront tous les irremboursables frais !... Promoteurs immobiliers ! Agents de publicité ! Agents de change !Public Relations ! Graphistes ! Cadres en tout genre ! Conseillers Artistiques ! Critiques d'Art ! Informaticiens ! Architectes ! Producteurs ! Statisticiens ! Journalistes ! Designers ! Psychanalystes ! Assistantes Sociales ! Dessinateurs de Bandes Dessinées ! Chanteurs de Variétés ! Speakers ! Secrétaires d'État ! Sponsors ! Restaurateurs ! Banquiers ! Examinateurs ! Multi-Médiaistes ! Proctériens ! Allez ! Tous au Vel'd'hiv ! Et que ça saute !
- Mais il en faut, monsieur !

Justement non, il n'en faut pas. Quand je pense que la plupart des génies de tous les temps se sont laissés traiter d'"inutiles", alors qu'on laisse croire de nos jours à l'efficacité, l'indispensable présence de toutes ces raclures infâmes ! C'est le comble! Que de poubelles à créer, je vous assure ! Rien que dans le Show Business, l'Informatique ou la Publicité !
Tous ces types qui "travaillent" dans la Publicité, par exemple. Ces espèces de pouilles du slogan ! Satisfaites salopes qui se croient salutaires, "marchands de rêve", nounours de sable ! Enculeurs de Pimprenelles, oui ! [...]

Sans valeur marchande : https://debord-encore.blogspot(...).html

La peste citoyenne. La classe moyenne et ses angoisses : http://parolesdesjours.free.fr(...)e.pdf
stege106
-hé oui, il y avait des déjà des mecs rasoir dans les années 80....
Nabe est la frustration faite homme. Il conchie un monde incapable de reconnaître son génie. Devenu le roi de la provoc a deux balles, que plus personne ne lit alors qu'il avait une vraie qualité de plume, plutôt rare dans sa génération. Parfois drôle, souvent pénible...
Masha
  • Masha
  • Custom Ultra utilisateur
  • #321
  • Publié par
    Masha
    le 08 Mar 2015, 10:18
jules_albert a écrit :
Économie, Religion, Snobisme, Anti-Sémitisme bon enfant, Faux Classicisme, Réactionnariat sublimodernisé, Rétro-Chic, Photo, Vidéo, Propreté, Arrivisme, Sport, Froideur, Ennui, Fadeur, Égoïsme, Collection, Sympathie, Solidarité, Gaspillage...[...]
Arrivisme inqualifiablement salaud, économique, dur, sans aucune sensualité, bourgeois, propre, arrogant, technique.


Guitariste.com ?
Postez des recettes, bordayl de merde.

Fâchez-vous comme vous voulez, je m'en fous.
jules_albert a écrit :
les terrifiantes années 80 c'est évidemment la pourriture mitterandienne, les années "libé", l'avènement du droit-de-l'hommisme suite à la défaite de l'assaut révolutionnaire déclenché après 1968 et qui s'achève vers 1982. cette défaite permet au capital de renforcer ses positions tout en se restructurant (c'est le fameux néo-libéralisme, avec le développement de nouvelles professions du secteur tertiaire soumis à la cause).
c'est dans ce contexte qu'apparaît la revue "encyclopédie des nuisances" (1984-1992) dont le but était de préserver la mémoire historique du projet d'émancipation prolétarien afin de servir de pont lorsque viendrait le temps d'un nouvel assaut contre la domination du capital et de l'ÉTAT.

sur les années 80, marc-édouard nabe a dit deux ou trois choses intéressantes dans "au régal des vermines" publié en 1985 (chapitre IV, "tout doit disparaître") :


« Nous vivons en pleine crise anthologique, une ère de dictionnaires, de catalogues. C’est la synthèse atroce du Oui classique et du Non romantique. Ô la radieuse confusion ! La Poubelle d’étoiles ! (…) Tout ce qui est dégénéré est bon. C’est l’époque de l’ampleur des merdes. Années soixante-dix ? Remise en question des merdes ! Années quatre-vingt ? Acceptation des merdes de la remise en question ! Ce sont les méninges de l’amusant, de l’ironique ! Ça leur est bien pratique aux Ironiques la mort de l’ « Artiste » ! (…)

Toutes les maladies sont devenues des santés. Les gens normaux, ce sont les pédés, les voyous, les ouvriers, les handicapés, les rockers, les lycéens, les minables. Voilà la nouvelle crème. On a renversé le bocal! Moi je veux bien : je serai donc contre tout ce qui est normal, je suis le renversement! Il suffit de savoir où tracer la marge. Quelle merveille ! Un vrai petit bijou de révolution ! Le monde, c’est le monde à l’envers. On a pris tout ce qui était interdit ou mal vu et on en a fait les nouvelles valeurs. Il ne suffit pas de marcher sur les mains pour changer de corps, c’est le sang qui monte à la tête, pas l’âme… Moi qui ai toujours eu horreur des minorités, je suis servi. Je suis pour l’individu contre la minorité. J’exècre les majorités de poche, les hors-la-loi qui veulent être reconnus, les marginaleries revendicatrices, exclues mais jalouses… Ils sont tous là ces ratés d’une sale Réussite qu’ils envient secrètement alors qu’elle m’a vraiment toujours dégoûté moi. Si la plupart des larves margineuses avaient les moyens de voler la place des larves travailleuses, ça ferait un échange de paquets de larves avantageusement indifférent, apte à prouver la salope horreur de chaque partie. Ils aboient tous par petits groupes, sectes, communautés, revues, organes, organismes, mouvement mièvres ou sympas, sans s’apercevoir qu’ils ne sont que la maquette de tout ce qu’ils font semblant d’exécrer. (…)

C’est notre époque ! Tout est moderne, tout le monde se croit dans le coup alors que dans tous les domaines c’est une dégénérescence terrible, une piédestalisation des conneries, une panthéonisation-rumination des chefs-d’œuvres mineurs. Toute vieillerie est prétexte à une exposition. On fait de l’art de n’importe quoi (c’est la néfaste influence du ready-made), on porte aux nues les nullités. Il faut avancer ! Au large les exemples ! Plus de peinture ? Plus de littérature ? Plus de musique ? Qu’à cela ne tienne : voici les nouveaux arts ! Beaucoup moins chiants ! Beaucoup plus « réalistes » ! Modernes ! Sociaux !… Avant le septième, le Déluge ! Voici la bande dessinée, la publicité, la danse « modern jazz », le cinéma, la vidéo, le living, la mode, la gym, la cuisine, et la variété ! Oui ! Bourrée de vrais professionnels : ils font tourner leur canne et les gens applaudissent pendant vingt minutes ! C’est plein de pros, de pros de la débilité ! Comme si c’était impressionnant d’être professionnel ! Quel intérêt de bien faire ce qui n’a strictement aucun intérêt ? Quelle belle chose que la Variété française aux panthéons ! La Chansonnette dans la Pléiade ! Guy Béart entre Baudelaire et Bossuet !

Voyez-les ces découvreurs de lunes, ces ricanants, ces "à-quoi-bonnistes", ces journalistes, ces hystériques et ces abrutis, ces dénonciateurs du religieux secrètement fascinés, ces matérialistes fiers de l'être, ces éclectiques, ces faux torturés, ces kafkaïens, ces rockers, ces critiques, modernistes, pervers, injustifiés, bourges ouvriéristes, enculeurs sans raison, ces nihilistes de bon aloi qui font passer pour un mépris malin leur totale imperfectible ignorance et leur indécamabilité de toute entreprise artistique, leur irremplissable vide de vie, leur ennui hypocrite et leur merveilleuse indigence cardiaque et musicale.[...]

C'est lorsque je me prends à ressentir une vague impression de considérable désespoir, un déchirement dramatique en entendant une chanson rock aux ridicules romantiques larmoiements yankees, aux psychédéliques sirupeuses fausses démences écoeurantes, ou ces sortes de danses de basses déprimantes, gonflées de décibels, ces marteaux-pilons, tous ces nasillards synthés sur les lesquels les trois quarts des êtres humains se donnent l'illusion du rythme, alors qu'ils ne font que la parodie involontaire du pas cadencé, que je me rends compte que je vis ici, dans l'époque abjecte des discothèques à lasers, des tristes figures épanouies, des paumés dangereux, des étudiants aux pattes rasées, des cravates limaces et de cette jeunesse prolongée, déodorisée, en éclosion totale de poncifs et prête à tout pour s'abrutir sans même le savoir.

Entre autres raisons, si les jeunesses sont irrévocablement foutues, c'est que trois générations maintenant ont grandi dans des berceaux remplis au ras bord de ce Rock Fangeux, cette pacotille sonore, cette caricature aux pauvretés si grotesques que les jazzmen en pissaient de rire et qu'aujourd'hui la vulgarité et le culot des nostalgies ont érigé en Culture dans les préaux de toutes les maternelles.[...]

Les années quatre-vingt s'ouvrent sur un virage, un fatal virage. La boucle est bouclée. Plus de Lois à défoncer. Plus de révolte possible. Plus d'intérêt pour rien. Plus de sentiments ni de désirs. Plus d'idée. Plus de talent. Plus de moyens pour en avoir. Ni pour le montrer. Plus de disciplines, tous les arts sont pleins. Juste un tube, très étroit, pour exprimer cette carence grandiose, cette indigence sur fond de faux luxe libéré. La fin du monde est passée. Voilà ce que nous en avons fait.

Les années quatre-vingt ? Économie, Religion, Snobisme, Anti-Sémitisme bon enfant, Faux Classicisme, Réactionnariat sublimodernisé, Rétro-Chic, Photo, Vidéo, Propreté, Arrivisme, Sport, Froideur, Ennui, Fadeur, Égoïsme, Collection, Sympathie, Solidarité, Gaspillage...[...]
Arrivisme inqualifiablement salaud, économique, dur, sans aucune sensualité, bourgeois, propre, arrogant, technique.

Il n'y a rien de pire que ces nouveaux métiers grâce auxquels vivent les plus grandes crapules de la "Démocratie". Ils sont fiers tous ces magouilleurs, ces débrouillards, ces enculeurs par-devant ! Fan ! C'est toute une racaille à dégager. Que n'irait-on foncer dans ces lards immondes ? Soyons précis ! Montons une liste de toutes ces professions où il ne peut pas y avoir UNE SEULE personne valable. Ô Fonctions inadmissibles dont les carnes feront tous les irremboursables frais !... Promoteurs immobiliers ! Agents de publicité ! Agents de change !Public Relations ! Graphistes ! Cadres en tout genre ! Conseillers Artistiques ! Critiques d'Art ! Informaticiens ! Architectes ! Producteurs ! Statisticiens ! Journalistes ! Designers ! Psychanalystes ! Assistantes Sociales ! Dessinateurs de Bandes Dessinées ! Chanteurs de Variétés ! Speakers ! Secrétaires d'État ! Sponsors ! Restaurateurs ! Banquiers ! Examinateurs ! Multi-Médiaistes ! Proctériens ! Allez ! Tous au Vel'd'hiv ! Et que ça saute !
- Mais il en faut, monsieur !

Justement non, il n'en faut pas. Quand je pense que la plupart des génies de tous les temps se sont laissés traiter d'"inutiles", alors qu'on laisse croire de nos jours à l'efficacité, l'indispensable présence de toutes ces raclures infâmes ! C'est le comble! Que de poubelles à créer, je vous assure ! Rien que dans le Show Business, l'Informatique ou la Publicité !
Tous ces types qui "travaillent" dans la Publicité, par exemple. Ces espèces de pouilles du slogan ! Satisfaites salopes qui se croient salutaires, "marchands de rêve", nounours de sable ! Enculeurs de Pimprenelles, oui ! [...]



on dirait du jazz moderne, avec un tres long solo sur une grille apparement complexe et un discours que seuls des initiés peuvent apprecier .bon moi j'aime le rock, mais bravo malgré tout
« Allez ! Tous au Vel'd'hiv » ça veut dire "exterminez-moi tout ces gens" non ?
Comment peut-on s'esbaudir sur le talent avec lequel Nabe propose d'exterminer un paquet de personnes ? C'est pas juste leurs professions qu'il faut supprimer, ce qui pourrait être discutable, c'est bien les gens.

Supprimer une banque pourquoi pas, ça se discute, supprimer les banquiers comme profession c'est crétin mais on peut en parler, envoyez les banquiers, assistantes sociales, statisticiens etc. au Vel-d'hiv c'est un projet que j'ai du mal à considérer comme chatoyant.
Ça fait bander les crétins qui se sentent tellement floués par la société actuelle que les massacres ne leur font pas peur, exterminez les inutiles, les profiteurs etc. et le monde sera merveilleux !
Personnellement j'aimerais bien défendre l'idée que les enculeurs de Pimprenelles il en faut, mais j'ai pas le temps.
Masha
  • Masha
  • Custom Ultra utilisateur
  • #326
  • Publié par
    Masha
    le 08 Mar 2015, 17:09
micmacfr a écrit :
« Allez ! Tous au Vel'd'hiv » ça veut dire "exterminez-moi tout ces gens" non ?


Salut Kandide, ça roule ?
Postez des recettes, bordayl de merde.

Fâchez-vous comme vous voulez, je m'en fous.
C'est de la provoc à deux balles, Nabe est coutumier du fait. Il s'est tellement grillé avec ce type de diarrhée verbale, que plus personne ne l'écoute...
stege106
- nous avons retrouvé Marc-Edouard Nabe....il est guitariste et membre actif du forum



rapideyemove
Son dibbouk, son Doppelgänger, ou son Golem, bref son JaJa était aussi dans l'auto–illumination sur un topic voisin (école privée / publique).
Nous avons même eu l'insigne honneur de partager, non seulement quelques pensées de haute et profonde routine de la part du M.E.N. (je n'ai pas dit du Mensch si on se tourne la tête au yiddish), mais aussi un dessin fait "de chic" d'un trait assez... ...fluide.
Oui, la routine.

PS : oui MEN est guitariste, il aurait dû s'y cantonner.
Au moins, son père sut avoir du talent. Autrefois.
D'un certain point de vue, pour jouer dans un jardin bien connu, et pour parodier Marx, on pourrait dire comme lui, à propos de certaines filiations historiques, que la grande tragédie se répète un jour et balbutie comme une farce.
Dans la voirie.
«Wir leben unter finsteren Himmeln, und –es gibt wenig Menschen. Darum gibt es wohl auch so wenig Gedichte. Die Hoffnungen, die ich noch habe, sind nicht groß. Ich versuche, mir das mir Verbliebene zu erhalten. »
Paul Celan, 18 mai 1960, Lettre à Hans Bender.
Masha a écrit :
micmacfr a écrit :
« Allez ! Tous au Vel'd'hiv » ça veut dire "exterminez-moi tout ces gens" non ?


Salut Kandide, ça roule ?

Ouiiiiiiiiiiiiiiiiiiii et toi ?

En ce moment sur backstage...