Balkani, l'homme qui devrait être en prison mais qui est député maire a été acquitté.
Schuller le sera probablement en appel. Plus on monte dans les juridictions, plus on se rapproche du pouvoir.
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mardi 18 octobre 2005, 11h35
Cinq ans de prison dont deux fermes pour Didier Schuller
CRETEIL, Val-de-Marne (Reuters) - L'ancien élu RPR des Hauts-de-Seine Didier Schuller, au centre d'une des plus retentissantes affaires ayant frappé le parti chiraquien, a été condamné à cinq ans de prison, dont deux fermes.
Il a en outre reçu une amende de 150.000 euros et s'est vu infliger cinq ans de privation des droits civiques.
L'ancien conseiller général de Clichy, directeur général de l'office HLM des Hauts-de-Seine entre 1986 et 1994 a été reconnu coupable par le tribunal correctionnel de Créteil de "trafic d'influence par personne chargée d'une mission de service public et recel d'abus de biens sociaux".
Après dix ans de procédure, le tribunal est allé plus loin que le parquet, qui avait demandé à l'audience en juillet quatre ans de prison, dont un an ferme, 130.000 euros d'amende et une privation des droits civiques "pour au moins deux ans".
L'ancien élu, âgé de 58 ans, va faire appel, ce qui lui évite pour l'instant un retour en prison où il a déjà passé 30 jours en 2002. "Je suis abattu mais très combatif", a-t-il dit aux journalistes après le jugement.
Le tribunal le condamne pour la mise en place dans les Hauts-de-Seine d'un système où les entreprises de BTP versaient des fonds occultes pour le financement du RPR en échange de marchés. Ce sont des "faits d'une particulière gravité s'agissant d'un haut fonctionnaire et grand serviteur de l'Etat", disent les juges dans leurs attendus.
Soulignant que Didier Schuller a fait part dans la presse de son intention de revenir en politique pour les municipales de 2007 à Clichy, le tribunal dit vouloir "couper court à toute velléité de ce chef" en lui infligeant cinq ans d'inéligibilité.
FUITE ORGANISEE
La fuite à l'étranger de Didier Schuller de 1995 à 2002 avait fait de ce dossier une affaire d'Etat et provoqué une tempête politique lors des deux élections présidentielles remportées par Jacques Chirac, dont Didier Schuller s'est présenté en marge de son procès comme un "fantassin".
Le tribunal retient cette fuite comme circonstance aggravante et souligne que le choix des destinations - Suisse, Angleterre puis Bahamas et République Dominicaine - ne "devait rien au hasard".
Les juges notent que le fuyard a disposé pour sa cavale d'un compte enSuisse dénommé "Jungle" et crédité de 18 millions de francs (2,74 millions d'euros) d'origine inconnue et qu'il a mené grand train avec sa compagne, Christel Delaval, habitant deux "résidences luxueuses" et plaçant ses enfants dans des écoles pour milliardaires.
A l'audience en juillet, Didier Schuller avait affirmé que cette fuite avait été organisée par l'avocat Francis Szpiner, proche de Jacques Chirac, qui disait selon lui agir pour le compte de Dominique de Villepin, alors secrétaire général de l'Elysée.
A son retour en France en 2002, en pleine campagne présidentielle, Jacques Chirac avait dit publiquement ne pas connaître "personnellement" Didier Schuller. Ce dernier avait affirmé le contraire. Plusieurs photos montrant les deux hommes ensemble avaient été publiées dans la presse.
Conformément aux réquisitions du parquet, le tribunal a relaxé "faute de preuves" le député-maire UMP de Levallois-Perret, Patrick Balkany, proche de Nicolas Sarkozy. Il était poursuivi pour "complicité" des délits reprochés à Didier Schuller en qualité d'ancien président de l'office HLM.
"Je suis ravi que sa grande honnêteté soit reconnue par la justice", a noté non sans ironie Didier Schuller à propos de son ancien mentor, avec lequel il est brouillé.
Christel Delaval est condamnée à trois ans de prison avec sursis et 60.000 euros d'amende, Jean-Paul Schimpf, ex-collecteur de fonds de Didier Schuller, à six mois de prison ferme (couverts par la détention provisoire) et 100.000 euros d'amende.
Des peines de prison avec sursis et deux relaxes ont été prononcées contre les six derniers prévenus, des chefs d'entreprises.