sombre histoire...
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Maxime Gremetz licencie trois de ses collaborateurs et se voit traité de "patron voyou"
LE MONDE | 29.10.05 | 13h01 • Mis à jour le 29.10.05 | 13h01
AMIENS de notre correspondant
l parle de "patrons voyous" à la tribune de l'Assemblée, mais avec nous, il a le même comportement qu'eux !" Frédéric Hardy, depuis huit ans l'un des trois attachés parlementaires de Maxime Gremetz, est depuis une dizaine de jours en mise à pied conservatoire pour faute grave. Une sanction qu'il partage avec Pascaline Annoot, assistante du député communiste de la Somme depuis onze ans. Quant au troisième collaborateur, Vincent Gosset, chauffeur occasionnel du parlementaire, il fait, comme les deux autres, l'objet d'une procédure de licenciement.
"Maxime lui avait demandé de le conduire à l'Assemblée nationale. Il a refusé et lui a répondu : "Je m'en vais !" Ce qui se passe est une procédure des plus classiques comme malheureusement de nombreux salariés la vivent dans leur entreprise !" , explique Jean-Luc Belpaume, conseiller régional (PCF), ancien secrétaire de l'union locale CGT d'Amiens et proche du député communiste.
A l'origine de ce conflit social inhabituel, il y aurait l'embauche d'une nouvelle assistante à la permanence de M. Gremetz. "La permanence ne tournait plus. Les dossiers s'accumulaient , explique le député de la Somme. Mes collaborateurs se plaignaient d'avoir trop de travail. J'ai donc pris la décision d'embaucher quelqu'un à mi-temps en CDD pour six mois. Elle avait déjà fait un remplacement à la permanence et avait donné toute satisfaction." Cette arrivée n'aurait pas été appréciée par les trois collaborateurs.
Cette collaboratrice "non communiste" , précise M. Gremetz affirme avoir été harcelée moralement par les trois attachés parlementaires. "Ils ont refusé de lui remettre les clés du bureau et de lui donner les codes d'accès aux ordinateurs. Elle était sans arrêt insultée. Elle a alors décidé de porter plainte à l'inspection du travail et à la police. C'est le directeur départemental du travail qui m'a conseillé de prendre des sanctions à leur égard. Tout salarié mérite qu'on le respecte au travail. Je ne peux accepter qu'ils dérogent à cette règle !" , explique encore M. Gremetz pour justifier sa décision de procédure préalable à un licenciement.
Ces allégations sont démenties par les intéressés. "Le 4 octobre, Maxime nous a réunis le matin même pour réorganiser le travail avec sa nouvelle collaboratrice. On lui a dit qu'on déposait un préavis de grève pour l'après-midi pour pouvoir aller à la manifestation unitaire à Amiens. Il a refusé, nous disant qu'il fallait assurer un service minimum à la permanence. Cela me dépasse de voir un député communiste en tête d'une manif et dire : "Chez nous, il n'y a pas grève !"" , raconte M. Hardy.
Les serrures de la permanence ont été changées, les ordinateurs emportés. M. Gremetz se justifie :"Il est normal que je protège la confidentialité des dossiers des gens qui viennent me voir ici."
La fédération de la Somme du PCF, en désaccord politique avec l'unique député communiste picard depuis les élections régionales, soutient les futurs licenciés. M. Gremetz crie au complot politique"parce que, dit-il, je défends une ligne politique qui n'est pas celle de Marie-George Buffet" .
Lundi 24 octobre, les trois collaborateurs suspendus avaient rendez-vous avec leur employeur pour un entretien préalable à leur licenciement. Un comité d'accueil d'une cinquantaine de membres du PCF, dont de nombreux élus, attendait de pied ferme l'arrivée de M. Gremetz à sa permanence."C'est honteux ! C'est scandaleux ! Gremetz, c'est le cousin germain du patron de Flodor !", se sont exclamés des militants.
A son arrivée, le député leur a simplement répondu : "Vous avez du courage." Avant de souligner ensuite "n'avoir pas vu là-dedans beaucoup de délégués syndicaux et de personnels des entreprises". Il est vrai que le vice-président du conseil régional de Picardie ne manque pas de soutiens chez les salariés de la zone industrielle d'Amiens qu'il rencontre chaque vendredi sur place.
Ainsi, il y a tout juste une semaine, des représentants d'Abelia Décors ont fait le déplacement jusqu'à Flixecourt pour protester contre le maire PCF de la commune, René Lognon. Ce dernier avait en effet pris position contre M. Gremetz. "Actuellement, en Picardie, on a besoin de gens comme lui. Là, ils vont finir par avoir la peau du "Vieux" ! Notre dernier espoir, c'est Maxime !" , affirmait, lors de ce rassemblement, Patrick Sellier, ouvrier dans cette usine de papiers peints d'Abbeville occupée depuis 160 jours.
Le "Vieux", néanmoins, semble affecté par ce conflit l'opposant à ses anciens collaborateurs. Connu pour ses "coups de sang", le député de la Somme a créé, mercredi soir, à l'Assemblée nationale, un incident de séance tout à fait exceptionnel. S'étant vu refuser une demande de suspension de séance, M. Gremetz est monté à la tribune et s'est emparé du micro du président de séance. Malgré les sollicitations des huissiers, il a refusé de descendre du "perchoir" et s'est employé à couvrir la voix des intervenants jusqu'à ce que la séance soit levée.
Jacques Béal