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Marchés publics : Michel Roussin était au courant du système des 2 %
LEMONDE.FR | 26.04.05 | 20h10
Interrogé par le président du tribunal sur ce chiffre, M. Roussin (65 ans) a déclaré, mardi, "ne pas ignorer cette histoire des 2 %". "C'était de notoriété publique (à la région) qu'il y avait 2 % prévus par les entreprises", a reconnu M. Roussin, l'un des principaux prévenus qui s'était refusé à toute déclaration pendant l'instruction.
Le tribunal lui demande alors de préciser à quoi correspondait ce pourcentage. "Je suis convaincu qu'il s'agit des marchés des lycées", répond-il.
"NE PAS AVOIR RENDU COMPTE" À CHIRAC
Interrogé sur la clé de répartition des 2 % (1,2 % au RPR à partager avec le Parti républicain, 0,8 % au PS), M. Roussin a affirmé : "Ni de près, ni de loin, je n'ai été associé ou je n'ai été l'inventeur de ce système". Selon l'accusation, M. Roussin est soupçonné d'avoir joué un rôle-clé dans le fonctionnement de ce système de financement.
Le versement des 2 % était la contrepartie de l'attribution des marchés des lycées par le conseil régional d'Ile-de-France aux entreprises et il ne s'agissait pas de dons "volontaires" comme le prévoyait la loi de 1990 sur le financement des partis politiques, selon l'enquête.
"Mais lors de ces réunions avec Mme Lor et M. Sananès (deux autres prévenus qui travaillaient pour le conseil régional), vous ne précisiez pas qu'il s'agissait de dons volontaires ?", lui demande le tribunal.
"Non, je n'expliquais pas la loi", a-t-il concédé, précisant qu'il s'était contenté de "rappeler la règle" qui consistait désormais pour les entreprises à verser leurs dons directement aux trésoriers des partis et non plus à des intermédiaires.
Interrogé par le procureur Henri Génin, il a précisé "ne pas avoir rendu compte" au maire de Paris, Jacques Chirac, de ces réunions.
Alors qu'on lui demandait si les entreprises qui obtenaient des marchés de la mairie devaient elles aussi verser 2 %, il a répondu : "Pour ce qui est de la mairie de Paris, ce n'était pas admis".
Entendue avant lui, une ex-collaboratrice du président du conseil régional, Michel Giraud (RPR), a elle aussi confirmé l'existence des 2 % qui était "un secret de polichinelle", assurant qu'elle pensait qu'il s'agissait de"financement légal".
ROUSSIN M'IMPRESSIONNE
"J'étais un peu oie blanche à l'époque", a concédé Christine Lor (55 ans), très fébrile, qui s'est effondrée en pleurs lors d'une suspension d'audience et a notamment été réconfortée par M. Roussin.
Chargée des affaires scolaires, elle est soupçonnée d'avoir été "une pièce maîtresse" du système de corruption lié à l'attribution des marchés, selon l'accusation.
Elle a affirmé avoir rencontré M. Roussin à la mairie de Paris parce que les entreprises disaient qu'il avait "un rôle" afin d'être "rassurée sur le fait que les dons des entreprises aux partis se passaient dans un cadre légal et se faisaient avec les trésoriers des partis".
Pressée de questions par le tribunal qui lui fait remarquer que "la mairie de Paris, c'est pas n'importe où", Mme Lor arrive à peine à parler lorsqu'elle est interrogée sur "le rôle" de M. Roussin.
"Je suis allée vérifier que le dispositif des dons qui passaient par les trésoriers n'était pas modifié", balbutie-t-elle, confiant avoir "toujours été impressionné" par M. Roussin. "Même derrière moi (sur le banc des prévenus), il continue à m'impressionner", a-t-elle ajouté.