remugle a écrit :
à la base on parlait de la fac de musicologie, et bien avec une licence on peut déjà passer des concours administratifs, pour travailler dans une collectivité territoriale (pour faire du développement culturel par exemple), pour devenir bibliothécaire, on peut se spécilaiser dans le journalisme, le management culturel, l'organisation de concerts et des festivals
Sans vouloir t'offenser, je pense que tu ne connais peut-être bien pas ce milieu (collectivités territoriales) ou que tes informations datent un peu. Je peux me tromper certes, mais je vois un certain nombre d'objections à ton argument :
1) Fac de musico ne prépare absolument pas à un concours de fonctionnaire territorial. La plupart du temps il faut avoir de solides connaissances juridiques (fac de droit) et une très bonne culture générale (fac de lettres). Ce n'est pas un hasard si ce sont les deux facs qui mettent en place des formations spécifiques qui préparent à ces concours. Un fonctionnaire territorial n'est pas forcément attaché à un domaine précis mais pourra aussi faire de la comptabilité publique pendant 5 ans puis de l'audit pendant 6 ans puis du développement culturel puis de la gestion de moyens généraux , etc. etc. Alors on ne va surtout pas recruter un musicologue. Sans compter que les postes de gestion culturelle ne sont pas exclusivement consacrés à la musique loin de là : il y a le théâtre, le cinéma, la littérature (résidence d'écrivains, poésie, édition ...), la sculpture, la peinture, la danse, bref, la musique n'est qu'un élément parmi d'autres. Quand on est musicien on a tendance à être focalisé sur la musique mais il n'y a pas que ça !
2) Une des épreuves couperet de ce genre de concours est (outre l'étude de cas ou la synthèse) la dissertation. En effet, l'enseignement de la dissertation survit à l'état vestigiel dans l'enseignement secondaire et les quelques rares élèves qui l'ont prise au bac ne sont pas du tout armés pour affronter une dissert de 4 ou 5 heures comme épreuve de sélection d'un concours où la concurrence est féroce, je ne parle même pas de ceux qui n'en n'ont quasiment jamais fait. C'est pour cela qu'elle est choisie par les organisateurs de ces concours comme épreuve de sélection : comme il y a de moins en moins de (bons) littéraires bien formés dans la mesure où ils préfèrent faire une série ES plutôt qu'une série L, la dissertation va être un moyen simple d'éliminer rapidement les deux tiers (au bas mot) des candidats à l'écrit. Et la "formation" à la dissertation musicale de la fac de musico (quasi inexistante là aussi) ne prépare pas du tout à la dissertation générale.
3) Beaucoup de ces postes sont réservés à des fonctionnaires déjà en poste soit parce qu'on veut les mettre au placard - à la suite d'un changement de majorité politique - et dans ce cas c'est un poste croupion sans aucun crédit, soit parce qu'on veut les promouvoir. La politique culturelle d'une collectivité est un sujet hautement sensible (l'art est toujours politique, les dictateurs ont d'abord commencé par interdire les livres, le cinéma, la musique et la peinture), on ne met pas un débutant qui vient d'avoir un concours ni quelqu'un dont on est pas très "sûr" politiquement ; ce n'est sans doute pas aussi tranché dans toutes les collectivités mais quand même, ça s'en rapproche fortement.
4) Devenir bibliothécaire suppose une fac de lettres parcours "documentation" ou un DUT de documentation en entreprise pour travailler dans le privé. Le concours est extrèmement spécifique, ne rêvons pas, ça ne s'apprend pas sur le tas. Exit la musicologie, ou alors dans des postes hyper spécialisés de gestion d'un fonds documentaire de partitions anciennes ; postes qui sont toujours précaires (on ne titularise plus personne sur ce type de poste, la fac ou les organismes bailleurs proposent des "missions" - en clair des CDD à répétition jusqu'à ce qu'il n'y ait plus de crédit : j'ai un exemple précis de cette situation).
5) Pour le journalisme c'est encore pire : actuellement sans un diplome de Science Po au minimum c'est même pas la peine, sauf quand on s'appelle Marie Drucker (c'est pas "Marie" qui est important là, hein) ou qu'on a des relations privilégiées avec un ministre, un député, un homme d'affaires, un producteur, enfin "quelqu'un", quoi ... Je ne suis pas pessimiste, c'est la réalité, renseigne-toi.
remugle a écrit :
PS: vous parlez des problèmes finaniers de Monk, Parker, Chet Baker, c'est vrai mais un musicien professionel n'est pas obligé de dépenser tous ses cachets en héroïne
Je peux te citer une pléïade d'excellents musiciens qui n'ont jamais touché à la dope ou à l'alcool et qui sont morts dans une semi misère (Eleck Basick par exemple) ou qui ont été obligés de prendre un boulot (Tal Farlow). De plus Monk avait depuis longtemps arrêté la dope quand il a été pris en charge par sa mécène. Tu sembles faire en outre de la prise de drogue une cause de la misère de ces musiciens, lis quelques biographies bien documentées (exemple : MONK de Laurent de Wilde) et tu verras que tu renverses souvent l'effet et la cause. La dope c'était pour supporter les conditions terribles de leur vie de musicien.
Je reste donc sur la ligne de Pelochon : la fac de musico ne mène qu'au chômage ou à l'enseignement en collège. Désolé d'être abrupt ...
Je ne voudrais pas faire partie d'un club qui m'accepterait pour membre (G. Marx)