ctx a écrit :
Patrick : merci pour toutes ces précisions. Je pose encore ma question habituelle : les raisons du changement de tonalité. Ok pour les II-V-I successifs, ça ne présente aucune difficulté. Mais à part un voice-leading très sympa (ou un cheminement mélodique des voix très serré comme je dirais plutôt), qu'est-ce qui motive ce changement et cette tonalité en particulier ?
Les changements de tonalies : c'est l'eternel probleme pour celui qui decouvre les themes de Jazz. On a un peu la sensation, en rentrant dans ce monde-là, que les musiciens se cassent volontairement le tête pour faire des grilles compliquées qui modulent (changent de tonalité) constamment.
Posons le problême aurement : peut-on construire un morceau sur une seule tonalité? Oui, mais ce sont souvent des compositions parfaitement niaises. La modulation est induite par la mélodie. En fait, au début, il y a un enchevetrement assez fin entre les accords et la mélodie : tantôt c'est la mélodie qui importe, tantôt ce sont les accords qui entrainent la mélodie. Dans les deux cas, notre oreille a besoin de surprise (on ne peut quand même pas jouer Au Clair de la Lune toute notre vie!). Et la surprise vient avec les changements de tonalité.
Concrêtement, que se passe t-il? On prend en général un accord de la tonalité que l'on transforme en accord de dominante. Ce nouvel accord résoud à présent dans une nouvelle tonalité. Si dans cette nouvelle tonalité, on transforme un des accords en accord de dominante, on crée un chemin vers une nouvelle tonalité, etc...
exemple :
Cm7 Cm7 Fm7
devient
Cm7 C7 Fm7 (C7 crée un sentiment de Fa mineur)
devient
Cm7 C7 F7 Bb7M
et là on vient de passer finalement en Sib majeur alors que l'on était en Do mineur au début.
Tout le jeu des accords de dominantes est de crée des chemins vers des tonalités plus ou moins proche de la tonalité principale, pour finalement, après un long chemein, revenir sur la première tonalité. Ca semble un peu confus, mais c'est le principe.
Tout le Jazz jusque dans les années 50 s'attarde à traiter les accords de dominante et donc les changements de tonalité. On peut même dire : l'harmonie Jazz, c'est l'accord de dominante. Est-ce le propre du Jazz? Certainement pas. La dynamique tonale et la modulation ont trouvé leurs explorateurs en Classique, à commencer par Bach.
Pour conclure, et pour les débutants : le PLUS IMPORTANT, c'est de jouer les tierces sur les accords. Remarquez d'ailleurs comment les notes de la mélodie sont souvent les tierces des accords de la grille. Donc, avant de jouer des arpèges et des gammes, jouez UNE SEULE NOTE par accord : la tierce. Si vous y arrivez, alors commencez à jouer les arpèges.
Si on me demande de juger un guitariste en improvisation, quel que soit son niveau, j'ai TOUJOURS le même test : je l'écoute sur une grille qui module et j'essaie d'entendre s'il place bien les tierces sur les accords de dominante. Et c'est tout! S'il n'y arrive pas, c'est qu'il y a un gros probleme. S'il y arrive, alors j'écoute plus en détail son impro.
De nombreux guitaristes virtuoses (et très connus) sont incapables de bien placer les tierces sur une grille qui module vite (je ne commence pas la liste, mais vous seriez très surpris...).