L'album "Light" a un titre judicieux: c'est léger, allégé même. Tout
comme ces camemberts allégés qui voudraient se faire passer pour des
vrais, mais qui à part l'aspect n'ont qu'une saveur dont le lien avec
celle de l'original ne peut s'établir qu'avec de grands efforts
d'imagination. Pour ceux qui seraient choqués que j'invoque une
comparaison fromagère pour parler de Mike Oldfield, je précise que ce
choix n'est dicté que par ce que déclare l'intéressé lui-même dans
"The horse song", à savoir: "I like cheese", bien que, je l'admets,
en ce qui concerne le double-album dont je fais la critique, il n'y a
pas de quoi en faire un fromage.
Ça s'écoute distraitement, ce qui permet de se livrer à d'autres
activités pendant ce temps-là, comme pousser son caddie ou ne pas
être gêné dans sa réflexion alors que l'on hésite entre deux marques
de lessive.
"Shade", c'est assez bien trouvé aussi, car on s'aperçoit que Mike
Oldfield a cédé à l'appel du côté obscur de la Farce, en se
plongeant, se vautrant même, avec une délectation malsaine dans une
sorte de délire technoïde approximatif d'un goût extrêmement douteux.
Bon, après tout, si ça l'amuse, pourquoi pas, mais la goutte d'urine
qui a fait déborder les chiottes, c'est ce remix de "Jeux interdits"
qui m'a plongé dans des abîmes de consternation, et qui lui aussi
porte très bien son titre, puisque jouer ça comme ça, ça devrait être
interdit. Pour trouver un équivalent à une pareille infamie sonore
(oui, "sonore", car l'adjectif "musicale" serait ici une exagération
impossible à envisager même dans le plus délirant élan d'optimisme),
il faut remonter aux heures les plus sombres de la variété lorsqu'un
horrible mioche nommé, ou surnommé Jordy hurlait d'une voix
nasillarde son mal-être quant à sa condition de nourrisson. Mais lui
avait au moins l'excuse d'un très jeune âge et de parents aussi
manipulateurs qu'avides. Quoique, concernant Mike Oldfield, son
attitude face aux nouveaux logiciels est ma foi assez enfantine
puisqu'il ne peut résister à la tentation de les utiliser, avec un
résultat qui lui aussi n'est pas sans rappeler les approximations
artistiques que des enfants en bas-âge peuvent présenter avec fierté
à un entourage indulgent qui se forcera à pousser des exclamations
enthousiastes pour ne pas vexer le petit, des fois, sait-on jamais,
que ce soit une véritable graine d'artiste. Le problème c'est que
Mike Oldfield ayant prouvé par le passé ses talents d'artiste, le
présent collage ne peut passer que pour une terrible régression, et
non seulement il tombe de très haut, mais il plonge tellement bas que
la chute en paraît encore plus grande et désastreuse. Alors oui, on
peut craindre qu'il ne s'écrase lamentablement et définitivement,
mais on peut aussi, pourquoi pas, espérer qu'il rebondisse, et avec
l'élan acquis, il pourrait être capable d'atteindre des hauteurs
insoupçonnées.
Mais dans l'immédiat, pour "Shade", finalement, afin que le titre
soit parfaitement adapté, il faudrait juste changer une lettre et le
rebaptiser "Shame".
Mais ce double album a des qualités quand même: si, si, je vous
assure! Un exemple? Heu…
Ah oui! Voilà: si après l'avoir écouté, on met immédiatement "Earth
Moving", on arrive à trouver que ce dernier album n'est finalement
pas si mal.
Et puis on peut espérer que maintenant que Mike Oldfield a fini de
recycler les musiques de ses jeux, il va peut-être se désintéresser
de ses ordinateurs, trouver un batteur et des musiciens et passer à
autre chose.
En plus, avec l'économie faite sur le prix de l'album, le DVD
"Exposed" sera moins cher.
Fabrice. (http://groups.yahoo.com/group/tubular/)
MIXE DE FAN :
http://www.taurusiv.net/audio/(...)r.mp3