Hors-sujet hip-hop féminin japonais. Et quelle meilleure occasion que la première médaille d’or olympique raflée par la japonaise
En juin dernier a eu lieu une conférence sur les femmes dans le hip-hop japonais à la mcjp. J’avais déjà abordé le sujet page 431 à l’occasion d’une première conférence sur l'histoire et l'évolution du hip-hop au Japon en général.
On sait à quel point les styles peuvent s’influencer les uns les autres, j’ai donc trouvé très enrichissant d’explorer/effleurer cette scène qui est encore très vivace.
La conférence est portée par Chiharu Chujo, maîtresse de conférences à Lyon 3 et spécialisée dans la musique populaire japonaise contemporaine au croisement avec les questions de genre et du féminisme, qui avait déjà animé une conférence l’année dernière sur le rock féminin contestataire, Attango, fondateur du média
Real Japanese Hip Hop, et la rappeuse Coma-chi, pionnière dans son domaine depuis 2005.
Le replay de la conférence
Si vous préférez lire, Attango a rédigé une retrospective du rap japonais en
1 2 3 4 parties.
Après une introduction qui présente les pionnières du rap japonais fin 80-début 90 comme The Orchids et East End x Yuri (fusion d'un groupe de rap et d'une idole), Chiharu Chujo vient présenter quelques rappeuses actuelles avec une approche féministe.
Elle cite Chanmina, qu'on ne présent plus, mais aussi Awitch, Akko Gorilla, Daoko, et AI (ces deux dernières ayant participé au dernier album de Sheena Ringo). Et explique en quelques exemples comment les artistes se positionnent dans le milieu, leur influences culturelles, comment elles utilisent et transforment le concept de "kawaii", et les fondations du mouvement "Gal".
Coma-Chi vient ensuite parler de son expérience dans la scène hip-hop.
Ce qu’elle explique en gros, c’est qu’en tant que pionnière, elle a dû "gommer" sa féminité pour s’imposer dans le milieu, mais que petit à petit, les artistes féminines ont pu être davantage elles-mêmes. Aujourd’hui, elle aspire à une scène qui mets en avant les talents et la musique plutôt qu’une opposition homme-femme.
Ce que je constate personnellement, c'est que les rappeuses les plus connues sur la scène mainstream sont sans surprise celles qui apportent des éléments pop et rock dans leur musique comme Chanmina ou Daoko. Côté mec, ce sont les grosses têtes RHYMESTER et RIP SLYME qui sont les plus connues avec leur style 90’s.
En cherchant un peu, surtout du côté de Awich et Akko Gorilla qui invitent souvent leur camarades en featuring, on constate une scène bien pourvue d'artistes qui naviguent entre différent styles et un public qui est là.
Avec la nouvelle influence de la K-POP et du rap coréen qu’elle amène avec elle et la montée de groupes comme XG, va-t-on voir le vent tourner ?
Quelle évolution, HitsujiBungaku, quelle assurance prise en deux ans !