meringue a écrit :
Oui, mais SRV était un cas à part (faire s'arrêter Clapton sur le bord de la route lorsqu'il entendit le texan pour la première fois est plus que significatif). Pour moi, SRV a tout emporté. Il avait tout ingurgité: Albert king, Albert Collins, Hendrix, Kenny Burell, entres autres. Capable de magnifier une bouse pop (Bowie - A.Collins racontait que SRV était un peu dubitatif d'aller jouer sur Let's Dance et qu'au final "il a joué mes plans" - dixit Collins), capable aussi de jouer du blues très traditionnel, s'envoler sur des furies Hendrixienne et taper le Jazz à l'occasion, et avec quel panache le bougre! Bref un surdoué-acharné.
Ce mec avait en plus un sens de l'impro quasi-déprimant pour le commun des mortels guitaristes. eh oui, il connaissait très bien les notes clés, mais encore une fois, je ne crois pas qu'il se soit posé la question en termes techniques. Il a appris le blues dans la tradition, à la feuille, selon la culture orale du blues, ou en allant piquer les plans de ses idoles sur scène, voire les harceler pour jammer avec eux. Ado, je crois que beaucoup le connaissaient déjà sous le nom de "Little Stevie" (A. Collins, A. King et Billy Gibbons, entre autres). Bref, il baignait dedans quand même. Ca fait réfléchir. Dans un tout autre style, Robben Ford est aux antipodes car lui pratique un blues "érudit", très marqué par une approche jazz (et pour cause, il fut guitariste de jazz au départ) et donc une connaissance poussée de l'harmonie. J'aime aussi beaucoup, mais son blues est moins traditionnel. Chez SRV, ça sortait littéralement des tripes.
Depuis SRV, malheureusement, il n'y a que des ersatz, annoncés comme les nouveaux SRV. Il est devenu un model avec un paquet de clones, il suffit d'écumer youtube pour s'en rendre compte. Bon ceci dit, c'est la rançon de la gloire.
Maintenant, après quelques années à m'être interessé au blues, s'attaquer à SRV directement est une hérésie. D'une part, c'est un piège car il dirige le jeu vers une certaine virtuosité trompeuse, car pour etre virtuose, il faut avoir beaucoup de choses à dire. Et ce n'est pas souvent le cas pour tout le monde. Ensuite, c'est oublier l'histoire, le passé. Encore une fois il s'agit de remonter la source. Le jeu de SRV s'est construit sur cette histoire, et ne concevoir le blues qu'à travers celle de SRV est très limitatitive. On devient forcément un clone quand on a un seul repère.
Je culpabilise toujours quand je dis que SRV me laisse totalement froid
En fait j'ai arrêté d'écouter ses disques quand j'ai commencé à m'intéresser vraiment au blues
J'ai beaucoup de respect pour le bonhomme, mais je n'y arrive pas...
On a beaucoup parlé de respiration, de phrasé, de simplicité ...Pour moi SRV, c'est un peu tout le contraire. C'est une interpretation du blues dans l'énergie, la tension, le complexification...Son blues ne me parle pas, et c'est encore plus vrai lorsqu'il était "high" (Hero, coke etc.), là, c'était vraiment insupportable (un succession de plans sans queue ni tête, sans aucun temps mort, dans l'urgence). Hendrix finalement jouait bien quand il était chargé, mais SRV, ça ne lui réussissait pas du tout.
D'accord avec toi Meringue quand tu reviens sur l'histoire de SRV, sa culture, sa vie "Blues". Il a trouvé un style unique, un son de guitare qui fera date (bien que ce ne soit pas ma tasse de thé non plus
), il était authentique et sincère, pour tout cela, je respecte cet artiste.
Je pense qu'effectivement, SRV pouvait jouer tous les Blues (culture immense, technique imppecable), mais finalement il s'est embarqué dans un style qui l'a très vite limité, basé en grande partie sur l'énergie (trop ?) et un gros shuffle Texan un peu systématique (et chiant à la longue). S'il avait vécu, peut être aurait il évolué vers un style plus proche de celui d'Albert King, avec de l'énergie, mais plus posé, plus laid back (j'aurais aimé entendre ça
).
Après, c'est une question de ressenti personnel, moi, je suis de l'école Vaughan, mais l'autre
, celui qui joue trois notes à la minute et 2 pains à la seconde
C'est incroyable tout de même la génétique, deux frères et deux visions de la musique totalement opposée...Mais toujours avec une admiration réciproque, quelle famille !
En ce qui concerne les clones de SRV, on entre vraiment dans le pathétique, c'est d'une tristesse absolue. C'est la négation du premier principe du blues qui consiste à insuffler un peu de soi dans quelques notes de musique...enfin bref...
Allez, écoutez ça en fermant les yeux...Pourquoi au fait n'y a t-il pas de clone de Jimmie Vaughan ?, parce que c'est tout simplement infalsifiable, essayez seulement de jouer ce chorus d'apparence simple (avec les nuances etc.) vous comprendrez ce que je veux dire
Du Blues, de la Soul, une touche de Jazz, un zeste de Rock, une pincée de Folk, un doigt de Country...