Dans mon groupe il y a un chanteur/lead guitar/auteur/compositeur/fondateur du groupe.
C'est plus simple, il décide de presque tout.
Eh bien ce n'est pas la dictature : si vraiment il ne voulait pas bosser en groupe en tenant compte des musiciens, il lui serait facile de tout faire lui-même, et de prendre des mecs de studio qui joueraient à la lettre ses partitions. Or il aime avoir un groupe, et il a conscience que selon les line-up (3ème officiel) l'ambiance générale des morceaux, la couleur du son, ça change.
Il est à notre écoute, on donne notre avis, il explique sa façon de voir, n'est pas borné.
Un exemple lors de mon arrivée dans la formation il y a un peu plus d'un an : je joue uniquement fretless, notre groupe est heavy. Le leader a exprimé ses inquiétudes dès le début : justesse sur les trucs rapides, son fretless particulier avec les glissés boisés qui ne colleraient probablement pas... pour les balades il est ravi, mais il a eu des doutes pour les titres bien hard. Il aurait préféré que j'opte pour 2 basses différentes. (Notez qu'il a commencé à la basse avant d'être guitariste, il sait donc parfaitement de quoi il parle).
Or je n'ai pas voulu céder ! Mon jeu est sur fretless + filées plat depuis 19 ans, je ne changerai pas maintenant, j'ai mon son et mon style. On a donc testé quelques semaines, je lui ai promis de tout faire pour assurer des lignes sans le son typé fretless, en détachant bien les notes, tout ça tout ça...
J'ai bossé, j'ai réussi, et voilà, le deal était clair dès le début, on en a parlé et tout, et c'est cool.
Pour les compos, il a son idée sur la ligne de basse, j'apporte la mienne, on garde ce qui est mieux, parfois 100 % de son idée, parfois mon interprétation est acceptée, parfois un mix. Ou alors je propose deux ou trois façons de jouer le morceau, il en choisit une, et hop.
Pour les arrangements, si la majorité du groupe aime une idée, on entérine, celui qui n'est pas d'accord le dit mais si les autres sont OK alors celui qui n'était pas d'accord accepte le fait qu'une majorité est partante, et on avance bien.
Je sais que j'ai pris le risque de me faire lourder avec mon obstination (un autre aurait pu me dire "non" direct...), et je sais que compositeur moi-même et ancien membre de groupes "démocratiques" où chacun pouvait apporter un riff sur lequel tout le monde se collait, sans leader pour les compos, ça m'a fait drôle d'avoir un "chef" d'un seul coup. Mais la musique est OK et les mecs aussi.
De cette expérience, la leçon suivante : on peut réussir à ne pas se taper dessus en parlant sincèrement, en disant "je ne suis pas d'accord, trouvons une solution".
Deuxième point crucial, le niveau homogène : dans ce groupe on a tous 20 piges d'instrument derrière nous, et personne ne peut donner de leçon à un autre membre du groupe, alors les egos surdimensionnés on s'en tape. Faut reconnaître les talents de chacun aussi. Quand notre leader explique l'ambiance qu'il attend de tel ou tel passage, on l'écoute : il bosse sur certains titres depuis des années, il a testé pas mal et sait où il va.
"les Frettes, c'est le Mal..."