Un seul livre, mais tu n’y penses pas, Kandide, tu as perdu le sens commun, mon ami...
Un seul livre ?!
Mais, un livre, un seul livre, c’est la mort, la sécheresse, la pestilence, la terre craquelée et le ciel de cendre, à perte de vue.
Tu me dirais encore un livre par siècle (et par continent, aussi) que l’angoisse m’étreindrait un tout petit peu moins.
On pourrait discuter, ergoter, s’entendre, tergiverser, épiloguer, raisonner, ou résonner, couper les cheveux en quatre, mettre la main à la pâte, parler aux arbres, livrer du liber avec ivresse, chercher les calames et les tablettes de buis ou les tessons d’argile... que sais-je, encore...
Un seul livre ?
Tabula rasa ?
La Terre vaine...
Non, là, en vérité, je te le dis, sans détour, la voix me manque et je passe mon tour.
For the benefit or Mister K
«Wir leben unter finsteren Himmeln, und –es gibt wenig Menschen. Darum gibt es wohl auch so wenig Gedichte. Die Hoffnungen, die ich noch habe, sind nicht groß. Ich versuche, mir das mir Verbliebene zu erhalten. »
Paul Celan, 18 mai 1960, Lettre à Hans Bender.