barbitare a écrit :
pour l'instant à mi bouquin, Hemingway ne fait pas de la propagande pro stalinienne et c'est un roman, pas un essai politique ou une bio.
le personnage principal est tout de même engagé dans la brigade internationale qui est l'armée du komintern, totalement contrôlée par staline... à aucun moment cela ne semble lui poser un problème, à aucun moment l'auteur ne révèle la nature réelle de cette brigade internationale, dis-moi si je me trompe.
hemingway publie son roman en 1940, orwell avait publié son témoignage antistalinien en 1938 (hommage à la catalogne)... l'ignominie du stalinisme durant cette guerre était donc connue.
barbitare a écrit :
bah l'histoire ça reste des faits, ça ne peut s'étudier objectivement qu'en absence de partis pris (sinon on fait de la propagande) donc je dirais que tu es très bien placé justement pour regarder : c'est une partie de l'histoire qui reste fascinante.
il faut se méfier de la pseudo-objectivité universitaire en matière d'histoire car elle a tendance à justifier la domination présente. alors que les historiens staliniens utilisaient le présent pour réécrire le passé, les experts universitaires actuels se servent du passé pour mystifier le présent utilisant leur pseudo-objectivité pour faire oublier qu'ils font partie du système de domination actuel, qu'ils sont dans le camp des vainqueurs.
l'histoire de la révolution prolétarienne espagnole (l'histoire en général) ne doit pas être une chambre froide où une bande d'universitaires dissèque et analyse des cadavres comme s'il s'agissait de momies égyptiennes. car cela aboutit évidemment à un point de vue de médecin-légiste, cela donne une histoire-spectacle, réifiée, séparée du présent, qui crée une distance rendant l'histoire incompréhensible ou anecdotique pour la compréhension du temps présent. c'est une forme subtile de falsification qui détruit la conscience historique et toute perspective révolutionnaire.
sans passion, l'histoire n'est rien ; sans passion, l'histoire travaille pour l'oubli. (
"En lutte contre cet état social, la critique n'est pas une passion de la tête, mais la tête de la passion." - k. marx)
ps: pour ce qui est du cinéma,
land and freedom de ken loach est je crois la référence. c'est une réussite, vraiment un beau film. pour les livres: orwell, bien sûr, mais aussi bolloten, amoros, ou carlos semprun, oncle de jaime, et auteur de ce commentaire :
«
Tout le monde était d'une manière ou d'une autre contre les collectivisations, sauf les travailleurs eux-mêmes. Certes, la CNT-FAI les revendiqua comme "sa" création et ce sont la plupart du temps des militants de ces organisations qui en prirent l'initiative. Mais le décret qui les limite et les dénature fut aussi, en grande partie, son œuvre. Les travailleurs qui avaient réalisé et défendu l'autogestion de nombreux secteurs industriels et agricoles avaient donc pour ennemis non seulement les militaires et les fascistes représentant la bourgeoisie, mais aussi objectivement les nouvelles couches bureaucratiques qui, placées sous les mêmes drapeaux qu'eux, avaient déjà commencé à rétablir, sous des formes parfois nouvelles, la vieille exploitation du travail salarié et la hiérarchisation totalitaire de la vie sociale. » -
Révolution et contre-révolution en Catalogne : Socialistes, communistes, anarchistes et syndicalistes contre les collectivisations