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Blow Up
Masha a écrit :

Donald Trump a publié en France Le Plaisir des affaires en 1992, et Comment devenir riche, chez Bourin Éditeur en 2005.[/i]



Bourin, il n'aurait pas pu trouver mieux comme éditeur
"Macron est de gauche" BluesBarbu le 20/02/2021
jules_albert
juan reinaldo sánchez, garde du corps pendant 17 ans du "líder máximo", montre comment, en utilisant le marxisme comme paravent, ce personnage machiavélique qu'était fidel castro s'est approprié d'un pays et de ses habitants.
son frère raúl hérite d'une holding nommée "cuba" et de ses 11 millions d'esclaves.

le bilan de castro est désastreux : il avait promis la liberté aux cubains, ils les a trahi en adoptant le modèle soviétique. il paupérisa un des pays les plus prospères d'amérique latine, en ruinant l'appareil productif. trois générations de cubains n'auront connu pendant 50 ans que le parti unique, la terreur et la dictature. il a étendu l'éducation et la santé, mais cela ne fait qu'aggraver son cas car c'est l'échec d'un système constitué de gens éduqués et en bonne santé mais affamés et incapables de produire, de prospérer, dont la tristesse les a poussés à prendre le chemin de l'exil (20% de la population a réussi à s'échapper). et puis, les médecins cubains sont tellement bons que castro faisait venir un médecin depuis madrid pour son traitement...

il fusilla des milliers d'opposants, en incarcéra des dizaines de milliers d'autres pendant des années, il persécuta les homosexuels, les jeunes aux cheveux longs, les anarchistes, ceux qui écoutaient des émissions étrangères ou lisaient des livres interdits.
il imposa un machisme féroce et rural comme stéréotype du bon révolutionnaire.

son besoin maladif de protagonisme provoqua la mort de milliers de soldats cubains dans des guerres ou des guerillas à l'étranger en tentant d'établir des paradis staliniens en uruguay, au venezuela ou au pérou dans les années 60.

dénué de scrupules, il était l'allié de franco, de varela, des dictateurs de corée du nord et des théocrates d'iran. il donna son appui à l'invasion soviétique de la tchécoslovaquie.
il laisse son pays en piteux état, bien pire qu'avant son arrivée triomphale au pouvoir.
sa place se trouve dans les poubelles de l'histoire.




un peu dans le même genre :

général walter krivitsky, j'étais un agent de staline.

Ce livre fut écrit et publié aux États-Unis en octobre 1939 au moment du pacte Staline-Ribbentrop. La traduction française parut en 1940 alors que la France vivait les premiers mois de la guerre.
Les révélations qu'il contient ne mettent pas seulement en cause les crimes, les reniements de l'idéal et les trahisons du régime stalinien. Ils en éclairent le mécanisme et l'abominable logique, implacable, totalitaire, paranoïaque.
Le rôle du stalinisme, en particulier dans la guerre civile d'Espagne, et l'imposture du soi-disant "antifascisme", sont mis en lumière. Ce n'est qu'en 1979, à Paris, qu'on réimprima l'ouvrage. À cette époque Brejnev avait entrepris la lente réhabilitation de Staline. Les réseaux communistes cherchèrent alors à étouffer cette publication.
Sans valeur marchande : https://debord-encore.blogspot(...).html

La peste citoyenne. La classe moyenne et ses angoisses : http://parolesdesjours.free.fr(...)e.pdf
jules_albert
voici le premier chapitre d'une brochure de guy debord sur le surréalisme publiée de façon anonyme en 1968 et jamais rééditée depuis.
peu de gens savaient que debord avait écrit ce texte avant que vaneigem révèle la chose dans "rien n'est fini, tout commence" en 2014.

le texte a été publié comme un fascicule, orné d'illustrations, de l'encyclopédie du monde actuel (edma), la même collection où mustapha khayati a publié son résumé sur les marxismes et la révolution que j'avais posté il y a quelques mois: https://www.guitariste.com/for(...).html

Le Surréalisme
Une révolution de l'irrationnel

Il n'est guère d'aspect de la vie moderne qui ne porte les marques plus ou moins profondes du surréalisme. Qu'il s'agisse des arts, de la littérature, de la publicité, voire de la politique, les modes de pensée et de création élaborées par André Breton et ses disciples font irruption à tout propos, même lorsque l'intention subversive a disparu. D'où vient le surréalisme ? Qui ont été ses adeptes ? Comment a-t-il évolué ?



I. Les origines

1. Le mouvement surréaliste, parti pris passionné de tous les aspects irrationnels de l'existence humaine, est pourtant le produit de conditions historiques rationnellement comprises. Il peut apparaître comme le moment ultime que tout le développement de la culture moderne, depuis un siècle, avait fait attendre. Un tel processus s'était d'abord inscrit dans l'histoire de la poésie française. Ceux qui fondèrent à Paris, en 1924, le surréalisme, tous poètes originairement, agissaient en fonction de cette expérience primordiale.

2. Annoncé par quelques tendances longtemps négligées du romantisme (les extrémistes « bousingots » ou l'œuvre onirique de Gérard de Nerval), le courant qui s'affirme autour de 1860 avec Baudelaire peut être défini comme celui de l'autonomie du langage poétique. Désormais la poésie (c'est-à-dire les hommes qui veulent faire un usage poétique du langage) rejette tout raisonnement extérieur et se donne pour fin la contemplation de son propre pouvoir. En même temps qu'elle entreprend la démolition de toutes ses formes d'expression convenues, la poésie se sépare de la société dont elle nie les valeurs et se proclame en révolte contre l'ordre « bourgeois ». Cette poésie récuse dans le monde tout ce qui n'est pas elle et, en même temps, progresse vers son propre anéantissement en tant que poésie.

3. Cette dissolution manifestée par l'époque symboliste, et au plus fort degré chez Mallarmé (« On a touché au vers ») dont l'œuvre est une progression vers le silence, s'est accompagnée avec Rimbaud de l'irruption d'un nouveau langage en liberté, d'une surprenante densité d'images. Les surréalistes seront dans la postérité de Rimbaud, qui avait voulu « le dérèglement systématique de tous les sens », et dont la brève activité poétique, achevée à vingt ans, après 1873, par une fuite aux antipodes, avait signifié l'insuffisance de l'écriture.

4. Plus qu'en Rimbaud, la subversion surréaliste du langage a trouvé son modèle accompli dans les écrits du « comte de Lautréamont », Isidore Ducasse : Les Chants de Maldoror et la préface à un ouvrage resté inconnu qu'il intitula Poésies. Lautréamont, mort à vingt-quatre ans en 1870, avait introduit dans la poésie un principe de destruction plus radical que le choc rimbaldien des années immédiatement postérieures, mais qui dans son cas devait opérer à retardement. Passée complètement inaperçue sur le moment, à peine signalée vingt ans plus tard par la critique symboliste, l'œuvre de Lautréamont sera retrouvée et diffusée par les surréalistes. Elle unit, à un stade extrême, la maîtrise des pouvoirs du langage et leur autocritique négatrice. Elle renverse toutes les données de la culture. Elle lègue au surréalisme sa définition de la beauté : « Beau comme la rencontre fortuite, sur une table de dissection, d'une machine à coudre et d'un parapluie. »

5. L'achèvement du processus de destruction interne de l'ancienne forme poétique, avant 1914, s'est poursuivi avec Alfred Jarry (principalement dans le cycle théâtral d'Ubu); certains aspects de l'œuvre d'Apollinaire (« O bouches l'homme est à la recherche d'un nouveau langage ») comme théoricien de « l'Esprit nouveau » dans l'art et comme poète (suppression de la ponctuation dans Alcools, poèmes-conversations ultérieurs); la poésie futuriste dont l'Italien Marinetti fut l'initiateur, et qui eut des partisans en Russie, notamment le jeune Maïakowski; le prédadaïsme du poète-boxeur Arthur Cravan, qui deviendra dans la guerre mondiale « le déserteur de dix-sept nations ». En 1916, à Zurich, se fonde le Mouvement Dada qui, avec Tristan Tzara (« La pensée se fait dans la bouche »), réduit le poème à la juxtaposition de mots indépendants; et finalement, avec Raoul Hausmann et Kurt Schwitters, à l'onomatopée.


La destruction dans l'art moderne

1. Un mouvement de libération et de négation analogue à celui qui a déterminé les étapes de l'innovation dans la poésie moderne s'est produit parallèlement dans la peinture, l'autre champ principal de ce qui deviendra l'expression artistique du surréalisme. À partir des années 1860, l'impressionnisme, inauguré par les œuvres d'Édouard Manet et Claude Monet, rompt avec la représentation académique, la soumission au sujet anecdotique. L'affirmation autonome de la peinture se fonde sur la couleur et va vers une remise en cause toujours plus radicale des normes admises de la figuration.

2. La poursuite de ces recherches s'affirme vers la fin du siècle avec Cézanne, Van Gogh et Gauguin, qui en a formulé au mieux le programme en écrivant qu'il avait « voulu établir le droit de tout oser ». Le fauvisme de ses successeurs sera à son tour dépassé, à partir de 1907, par le cubisme de Braque et Picasso. Dans la peinture cubiste, après la perspective construite par la Renaissance italienne, c'est l'objet représenté qui se trouve lui-même désintégré.

3. À partir de 1910, la tendance extrême de l'expressionnisme, courant principalement issu de l'Allemagne et de l'Europe du Nord, dont le contenu a été explicitement lié à une critique sociale, constitua à Munich le groupe du « Blaue Reiter », dont les expériences sur la forme pure devaient déboucher dans l'abstraction. Paul Klee restant à sa frontière et Kandinsky le premier s'y établissant fermement. Peu après, le « suprématisme » de Malevitch atteignait consciemment le stade suprême de la destruction de la peinture. Ayant exposé, en 1915, un simple carré noir peint sur fond blanc, il en vint à peindre en 1918, dans la Russie en évolution, un carré blanc sur fond blanc.

4. Plus immédiatement déterminante dans l'explosion du surréalisme sera l'anti-peinture du mouvement dadaïste : collage, mélange de l'image et de l'écriture, correction de tableaux fameux (la Joconde embellie de moustaches) ou objets directement provoquants, tel le miroir exposé sous le titre « Portrait d'un imbécile », dans lequel les amateurs ne voient que leur propre traits. Cet extrémisme absolu a été surtout le fait de Francis Picabia. Par ailleurs la figuration angoissante des paysages construits par Giorgio de Chirico dans sa « période métaphysique » (avant 1917) a constitué une des sources de la sensibilité surréaliste, dans la peinture et en dehors d'elle.

5. Une autre expérience déterminante pour la peinture surréaliste est celle de Marcel Duchamp qui, depuis 1912, s'était borné à signer des objets tout faits (les « Ready-made ») et à composer une peinture sur verre, « La Mariée mise à nu par ses Célibataires mêmes », qu'il laissa inachevée après plusieurs années de travail. Depuis la première guerre mondiale, réitérant le refus dédaigneux dont Rimbaud avait donné l'exemple, Duchamp a abandonné l'art et, pendant un demi-siècle, s'est intéressé principalement au jeu d'échecs. Son prestige a toujours été grand chez les surréalistes, qui n'ont pas tous poussé aussi loin le mépris des activités artistiques.


Freud et l'exploration de l'inconscient

1. Toutes les remises en question qui éclatèrent au début du siècle dans les différents domaines de la connaissance eurent une influence sur la pensée et l'affectivité que devait définir le mouvement surréaliste. Toutes confluèrent vers un refus du rationalisme dit cartésien, qui avait régné universellement dans un moment de l'histoire de la société européenne. L'ethnologie aussi bien que la reconnaissance des arts non européens ou primitifs, les théories d'Einstein sur la relativité dans l'espace-temps ou les découvertes de Planck sur la structure de la matière brisaient la vieille image du monde, tandis que certains aspects de la pensée dialectique issue de Hegel mettaient en cause la société. Rien cependant ne produisit sur le surréalisme naissant un impact aussi déterminant que la psychanalyse de Freud.

2. Les découvertes de Freud sur le rôle de l'inconscient, la répression, l'interprétation des rêves et des « actes manqués », le refoulement et l'étiologie des névroses appartenaient aux dernières années du XIXe siècle. Le freudisme était devenu vers 1910, un mouvement international développant une théorie et une thérapeutique. Mais en France, comme plus généralement dans les pays soumis à l'influence du catholicisme, la pensée psychanalytique restait, même dans l'après-guerre, à peu près inconnue ou tournée en dérision. Elle se trouva reçue dans l'avant-garde poétique avant de l'être dans le milieu médical.

3. André Breton, qui avait étudié la médecine, fut un des premiers défenseurs de Freud en France. De la technique freudienne des associations spontanées, Breton devait tirer une nouvelle forme de poésie, l'écriture automatique, inaugurée dans son livre de 1921, Les Champs magnétiques, écrit en collaboration avec Philippe Soupault. Pour le surréalisme, le recours à l'automatisme où s'inscrit la créativité de l'inconscient représente la méthode même, maintenant rationnellement comprise, qui rend compte du langage poétique de Lautréamont et de Rimbaud, et même de toute la part de création poétique effective, décelable dans la masse des poèmes des époques antérieures.

4. Le surréalisme considère que l'usage possible des découvertes de Freud va très au-delà de la fondation d'une nouvelle poésie : c'est une arme absolue pour la libération du désir humain. Bien qu'une telle interprétation rende justice au côté le plus révolutionnaire de l'œuvre de Freud, elle ne pouvait manquer de s'opposer aux tendances conformistes qui demeuraient dans la pensée sociale de celui-ci. La position surréaliste était plutôt comparable à celle de Wilhelm Reich ou à l'interprétation qu'a présentée depuis Herbert Marcuse. Mais un malentendu plus fondamental découlait de l'option surréaliste unilatérale en faveur de l'irrationalisme, poussée jusqu'à une certaine croyance en l'occultisme. Freud, au contraire, avait toujours scientifiquement poursuivi un élargissement du rationnel.



Le malaise dans la civilisation

1. Ce qui a unifié, dans la révolte surréaliste, le refus des anciennes conditions poétiques et le refus de toutes les valeurs morales et sociales, ce fut évidemment l'expérience de la première guerre mondiale, dans laquelle les futurs surréalistes avaient été pour la plupart jetés. De l'atrocité du conflit et de l'absurdité de l'ordre social qui se reconstituait imperturbablement sur les ruines, le dadaïsme avait tiré sa violence absolue et collective qui, dans l'Allemagne troublée de 1919, le mêla aux tentatives de révolution ouvrière des spartakistes. Le surréalisme, qui hérita en ceci du dadaïsme, ne revint pas en arrière. Dans un milieu social moins étendu, mais plus longuement, il incarna une critique totale des valeurs dominantes.

2. Le mouvement surréaliste s'est affirmé radicalement ennemi de la religion, de la patrie, de la famille et de la morale. Il a repris, avec une vigueur accentuée par les formes surprenantes de son langage, toutes les positions de l'anarchisme extrémiste (en y ajoutant une négation de la science et du sens commun). Il a salué dans l'œuvre du marquis de Sade une manifestation exemplaire de la pensée révolutionnaire.

3. Dostoïevski avait constaté que « si Dieu n'existe pas, tout est permis ». Les surréalistes en viennent même à penser que tout est possible, et cette confiance euphorique a fortement coloré les premières années du mouvement. C'est qu'à leur critique sociale (« Il faut une nouvelle déclaration des droits de l'homme », annonce le premier numéro de leur revue, La Révolution surréaliste) ils joignent une ferme croyance en la valeur magique efficace de la poésie enfin portée à son degré absolu. La dictée de l'inconscient va se substituer aux autres mécanismes psychiques « dans la résolution des principaux problèmes de la vie ».

4. Le surréalisme a été ainsi, dès son apparition, le constat d'une faillite historique de la société bourgeoise, mais il ne l'a comprise alors que sur le plan de l'esprit. Il a ressenti et dénoncé la crise de la bourgeoisie comme étant essentiellement la crise des mécanismes psychiques, et il a attendu de la découverte d'autres mécanismes psychiques une libération concrète. Les désillusions des surréalistes à ce propos les ont vite placés devant l'alternative de reconnaître une lutte révolutionnaire dans la société réelle ou bien d'accepter de s'enfermer dans la représentation artistique qu'ils voulaient dépasser : seul secteur du monde réel que leur abandon à la dictée de l'inconscient pouvait transformer effectivement.


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coyote
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coyote a écrit :
lo-fi reup a écrit :
coyote a écrit :
jim204 a écrit :

Blow up et Jules Albert, je me demande si vous n'avez pas tué ce topic avec vos assomoirs.




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"Have you ever been to Electric Ladyland"

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Lao
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  • Publié par
    Lao
    le 30 Nov 2016, 00:02

Qu'entendez-vous par « médiocratie » ?
La médiocratie vient d'abord de la division et de l'industrialisation du travail qui ont transformé les métiers en emplois. Marx l'a décrit dès 1849. En réduisant le travail à une force puis à un coût, le capitalisme l'a dévitalisé, le taylorisme en a poussé la standardisation jusqu'à ses dernières logiques. Les métiers se sont ainsi progressivement perdus, le travail est devenu une prestation moyenne désincarnée.
Aux yeux d'un grand nombre de salariés, qui passent de manière indifférente d'un travail à un autre, celui-ci se réduit à un moyen de subsistance. Prestation moyenne, résultat moyen, l'objectif est de rendre les gens interchangeables au sein de grands ensembles de production qui échappent à la conscience d'à peu près tout le monde, à l'exception de ceux qui en sont les architectes et les bénéficiaires.

Comment résister à la médiocratie ?
Résister d'abord au buffet auquel on vous invite, aux petites tentations par lesquelles vous allez entrer dans le jeu. Dire non. Non, je n'occuperai pas cette fonction, non, je n'accepterai pas cette promotion, je renonce à cet avantage ou à cette reconnaissance, parce qu'elle est empoisonnée. Résister, en ce sens, est une ascèse, ce n'est pas facile.
Revenir à la culture et aux références intellectuelles est également une nécessité. Si on se remet à lire, à penser, à affirmer la valeur de concepts aujourd'hui balayés comme s'ils étaient insignifiants, si on réinjecte du sens là où il n'y en a plus, quitte à être marginal, on avance politiquement. Ce n'est pas un hasard si le langage lui même est aujourd'hui attaqué. Rétablissons-le.
jules_albert
Lao a écrit :

Qu'entendez-vous par « médiocratie » ?
La médiocratie vient d'abord de la division et de l'industrialisation du travail qui ont transformé les métiers en emplois. Marx l'a décrit dès 1849. En réduisant le travail à une force puis à un coût, le capitalisme l'a dévitalisé, le taylorisme en a poussé la standardisation jusqu'à ses dernières logiques. Les métiers se sont ainsi progressivement perdus, le travail est devenu une prestation moyenne désincarnée.
Aux yeux d'un grand nombre de salariés, qui passent de manière indifférente d'un travail à un autre, celui-ci se réduit à un moyen de subsistance. Prestation moyenne, résultat moyen, l'objectif est de rendre les gens interchangeables au sein de grands ensembles de production qui échappent à la conscience d'à peu près tout le monde, à l'exception de ceux qui en sont les architectes et les bénéficiaires.

Comment résister à la médiocratie ?
Résister d'abord au buffet auquel on vous invite, aux petites tentations par lesquelles vous allez entrer dans le jeu. Dire non. Non, je n'occuperai pas cette fonction, non, je n'accepterai pas cette promotion, je renonce à cet avantage ou à cette reconnaissance, parce qu'elle est empoisonnée. Résister, en ce sens, est une ascèse, ce n'est pas facile.
Revenir à la culture et aux références intellectuelles est également une nécessité. Si on se remet à lire, à penser, à affirmer la valeur de concepts aujourd'hui balayés comme s'ils étaient insignifiants, si on réinjecte du sens là où il n'y en a plus, quitte à être marginal, on avance politiquement. Ce n'est pas un hasard si le langage lui même est aujourd'hui attaqué. Rétablissons-le.

les discours d'alain deneault me laissent dubitatifs... il dit dans télérama que les médiocres ont pris le pouvoir en politique et dans les entreprises... que souhaite-t-il ? l'avènement d'une élite qui viendrait redresser la civilisation en prenant la tête des gouvernements et des entreprises ?
il fait l'éloge du travail à l'ancienne, travail auquel il faudrait redonner sa dignité, on sent là une nostalgie du bon artisan ayant porté à la perfection son habileté manuelle et son intelligence technique.

le problème c'est que cet universitaire ne retient pas la dignité artisanale dans le sens des artisans en lutte voulant s'arracher aux fonctions dans lesquelles la société les asservissaient, mais une dignité rabattue et morale sur la simple fierté du métier, sur l'image du travailleur exemplaire qui fait du bon travail.
deneault mésestime les rapports coercitifs qui présidaient à l'existence de l'artisanat, il ne se soucie guère de la lutte qu'engageaient ces artisans pour s'arracher des limites d'une identité fixée par les rapports sociaux dominants.

le temps volé par ces artisans à la succession du travail et du repos, ces nuits de rêves, de discussions, d'écritures et de combats, lancées contre le cauchemar quotidien d'une réalité misérable, n'étaient pas destinées à l'acquisition avide d'une plus forte maîtrise du métier face au développement industriel, mais bien pour envisager les formes futures d'une égalité sociale et les forces capables de développer des transformations émancipatrices.

tous ces artisans qui savaient mieux que personne l'impossibilité d'exister librement dans le simple exercice du métier se voient maintenant reconnus par ce contre quoi ils s'étaient élevés en tant que révolutionnaires, à savoir leur condition de classe. deneault, qui aime bien se référer à marx pour lui faire dire des banalités, devrait creuser un peu plus la question de la lutte sociale et celle de la liberté au lieu de les dissoudre dans le seul problème de la production matérielle.

il a évidemment raison sur la dégradation du langage (cf. "défense et illustration de la novlangue française"), mais il a un côté ascète protestant, socialiste chrétien, qui idéalise trop le travail du passé, continuant à ravaler la communauté des hommes au règne totalitaire du travail producteur, réduisant ainsi la question de la vie à celle de la survie.
à aucun moment il ne remet en cause les fondements de la domination capitaliste, se contentant de vœux pieux réformistes.

quelqu'un comme moishe postone est allé plus loin dans la critique du travail.



pour rappel:
Seuls quelques-uns, avec les surréalistes et les situationnistes, ont su s’opposer d’une façon résolue au devenir ouvrier du monde et saper la base morale qu’on entendait accorder alors sans reste au travail. Et il faut être encore bien aveugle pour n’apercevoir aujourd’hui dans le « Ne travaillez jamais » de ces derniers qu’une négation abstraite du travail au profit d’un parasitisme généralisé, ou, pire encore, l’une des sources de la déliquescence des rapports sociaux actuels. Moralistes poussiéreux et idéologues du travail sont encore les derniers à baver sur les vertus de l’effort et de la contrainte autrefois offertes en privilège par l’atelier du faubourg Saint-Antoine, les usines Ford ou la belle place d’employé chez I.B.M.

On sait malheureusement trop bien pourquoi. Exercé au nom des strictes nécessités productives, le chantage trimestriel à la mobilisation laborieuse est dans le capitalisme la négation même de tout début d’action libre. La liberté ne commence jamais qu’au-delà, dans des activités dont la lutte révolutionnaire demeure, primordialement, la démonstration en acte. Ce détour n’est pas sans importance à un moment où, d’un côté, la vieille vision marxiste, prisonnière de son économisme, trouve sa forme renouvelée dans des mouvements tel A.T.T.A.C. et où, de l’autre, on tente une nouvelle fois de présenter le travail, avec la famille, comme les ultimes remparts moraux aptes à endiguer la dissolution généralisée des anciens rapports sociaux.



coyote a écrit :


un texte quasiment inédit de debord, c'est plutôt pas mal comme contribution sur un topic consacré aux livres, pas aussi intéressant et fun que les posts à base d'emoticons , mais pas mal quand même.
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Masha
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Ce manuscrit est le parcours initiatique et hilarant d'un maître de la séduction, le so frenchy lover. L'action débute fin des années 1980 et s'achève aujourd'hui. L’ouvrage se définit de deux manières. En premier lieu, telle la Bible du dragueur, où sont répertoriées 86 techniques visant à charmer le beau sexe. En parallèle, les tribulations d'un Casanova de notre époque, attachant, parfois horripilant et quelque peu manipulateur, mais toujours très drôle et lucide quant aux directions prises lors de ses multiples aventures. Autour d'une trame plus constructive, ce so frenchy lover reviendra sur les époques marquantes de son évolution, à Paris, à Marseille ou à l'étranger, s'épanchant sur cette incessante fringale amoureuse, une boulimie inhérente à la quête de la muse idéale.
Interdit aux femmes, ce roman est la solution aux problèmes de beaucoup, le livre attendu par les hommes du XXIe siècle…
Postez des recettes, bordayl de merde.

Fâchez-vous comme vous voulez, je m'en fous.
Invité
c'est le livre de GX ?
Blow Up
Après s'être fait arnaquer pour promouvoir son shred le plus rapide du monde, il s'est fait arnaquer par une boite d'édition a compte d'auteur. C'est un peu le JPD du pauvre manu
"Macron est de gauche" BluesBarbu le 20/02/2021
GuitaristeX
Ouai en gros c'est le Neil Strauss Français rien que ça
J'aurais plutôt dit que cela pouvait être le livre de Sauron
Masha
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Trois Mélenchons de suite
Postez des recettes, bordayl de merde.

Fâchez-vous comme vous voulez, je m'en fous.
Invité
GuitaristeX a écrit :
Ouai en gros c'est le Neil Strauss Français rien que ça
J'aurais plutôt dit que cela pouvait être le livre de Sauron
Marseille et parti à l'étranger ça fait penser à toi.
GuitaristeX
Bertrand69 a écrit :
GuitaristeX a écrit :
Ouai en gros c'est le Neil Strauss Français rien que ça
J'aurais plutôt dit que cela pouvait être le livre de Sauron
Marseille et parti à l'étranger ça fait penser à toi.


Ahahah du coup j'pense que je dois connaitre le gars , c'est probable... , c'est peut être un fake le nom et prénom. j'avais monté un dossier sur ce monde là des PUA que j'avais transmis à deux médias. 7 ans de boulot, confiée à une nana féministe
jules_albert
s'il y a des hispanisants, une nouveauté sur cervantes :


emilio sola, cervantes libertario (ou pourquoi les anarchistes aiment cervantes)

présentation du livre: http://www.lamalatesta.net/pro(...)59417

[...]C'est pourquoi, Cervantes, libertaire raisonnable et lucide, est forcé d'inventer don Quichotte, le libertaire fou, pour pouvoir dire ce qu'il a à dire, pure recherche de liberté d'expression pour « atteindre liberté en cette vie ». [...]



- La liberté, Sancho, est un des biens les plus précieux que le ciel ait accordé aux hommes. De tous les trésors enfouis sous la terre ou cachés sous les mers, aucun ne saurait l'égaler. C'est pour sa liberté, et aussi pour l'honneur, que l'on peut, que l'on doit risquer sa vie ; car l'esclavage est le pire des maux qui puissent accabler les hommes. - don quichotte, tome 2
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La peste citoyenne. La classe moyenne et ses angoisses : http://parolesdesjours.free.fr(...)e.pdf
jim204
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J'ai lu dans l'ordre "Le diable, tout le temps", et "Knockemstiff" de Donald Ray Pollock

C'est noir, malsain, sale mais je n'accroche pas vraiment.
Déjà pour "le diable", le roman repose sur des allées et venues d'histoires croisées. A la fin du livre on n'arrive a rien d'autre qu'à la fin du livre, et toute cette débauche de noirceur n'y change rien.

J'ai préféré "Knockemstiff" car le principe du recueil de nouvelle est affiché dès le départ, et c'est là justement que l'on prend plaisir à chaque nouvelle les voir se dérouler dans la même ville et les histoires s'entrechoquer sans impact les unes sur les autres.

Il écrit bien et il aime ça, pour autant je ne pense pas qu'il faille le compter parmi les grands auteurs américains contemporains. Pour son premier roman le diable on a l'impression qu'on l'a poussé à aller plus loin qu'un recueil de nouvelles et qu'il s'est pris les pieds dans le tapis.

Je n'ai pas lu son dernier bouquin car je me suis planté à la commande et j'ai reçu deux fois le diable

En ce moment sur backstage...