la responsabilité des dirigeants de la c.n.t. et des staliniens dans l'assassinat de durruti n'est pas vraiment un scoop puisque abel paz avait établi cette responsabilité dans sa biographie publiée dans les années 1970.
très belle biographie d'ailleurs, qui est un vrai western avec cette qualité joyeuse typiquement anarchiste qui consiste à énoncer naturellement des conduites qui sont une abomination pour les bourgeois, et qu'un auteur "de gauche" essaierait "d'excuser".
exemple :
"Durruti et Ascaso discutèrent de l'affaire avec leur ami cubain. Ils décidèrent qu'il fallait exécuter le patron."
le livre est plein de péripéties aussi joyeuses que savoureuses :
"Et durant les quatre mois du séjour de Durruti au Mexique, les attaques de banques se multiplièrent. Chaque fois, la police organisait des battues plus sévères. Mais les perquisitions se portaient généralement vers les milieux mal famés, tandis que Durruti et Ascaso vivaient dans l'un des hôtels les plus luxueux de Mexico sous le nom de Mendoza, se faisant passer pour de riches propriétaires de mines du Pérou."
l'avantage du livre de miguel amorós sur celui d'abel paz, c'est qu'il tranche de façon claire, tandis qu'abel paz avait des scrupules à trop charger la c.n.t.
l'éditeur gérard lebovici en août 1980 (
correspondance de champ libre, vol. 2) avait envoyé la lettre suivante à abel paz lui signalant où se situait le défaut de son livre :
Monsieur,
Dans la perspective d'une republication de votre biographie de Durruti, j'étais un peu embarrassé, comme je vous l'ai dit, par le fait que, quant à la dissimulation des circonstances de son assassinat, votre travail avait établi clairement la terrible responsabilité des dirigeants de la C.N.T. de ce temps-là, sans que vous ayez vous-même voulu conclure clairement.
Contrairement à ce que vous m'aviez laissé entendre, la postface que vous m'avez remise depuis, ne tournant qu'autour du mystère qui enveloppe l'inhumation de Durruti, aggravait ce malaise, car je comprends bien ce que vous insinuez, et je sais que vous insinuez une vérité : mais Champ Libre ne publie jamais d'auteurs qui insinuent, quelles que soient les nécessités politiques qui les y portent.
Je pensais donc devoir encore vous préciser ma position là-dessus. Mais je lis dans
Solidaridad Obrera nº 66 que l'article publié en page 10 qui avait pour titre "Sartre : combatiente de la Libertad", avait pour auteur Abel Paz. Sartre a été successivement le valet et le défenseur public des bureaucraties et des polices de Russie, Pologne, Cuba, Algérie, Chine, et de quelques autres États. Si vous appelez cela, en vous autorisant de votre qualité de biographe de Durruti, un "combattant de la liberté", je pense que l'estimable Durruti mérite un biographe moins incertain.
Veuillez croire, Monsieur, à l'expression de nos sentiments distingués.
Gérard Lebovici
différentes éditions de la biographie d'abel paz:
Lao a écrit :
Durruti -
Il est question de sa mémoire (et de sa progéniture) dans le truculent roman de Jean-Bernard Pouy "Nus".