Vous et les livres...

Rappel du dernier message de la page précédente :
Zorzi a écrit :
je ne décroche pas d'un recueil de trois courts romans de l'Américain Jim Harrison, hélas disparu il y a peu, sous le titre de Légendes d'automne. C'est le genre de livre qu'on quitte à regret même quand nos yeux pleurent de fatigue.


Vous conseilleriez quoi de Jim Harrison ?
Je suis intéressé par Wolf, c'est intriguant la description que j'en ai lu colle pas vraiment au film avec Nicholson (dans mes souvenirs).
jules_albert
As the Sioux used to say, “Be brave; the earth is all that lasts.” [...] If we can’t comprehend that the reality of life is an aggregate of the perceptions and nature of all species, we are doomed with the earth we are already murdering.

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Invité
Pareto a écrit :
Zorzi a écrit :
je ne décroche pas d'un recueil de trois courts romans de l'Américain Jim Harrison, hélas disparu il y a peu, sous le titre de Légendes d'automne. C'est le genre de livre qu'on quitte à regret même quand nos yeux pleurent de fatigue.


Vous conseilleriez quoi de Jim Harrison ?
Je suis intéressé par Wolf, c'est intriguant la description que j'en ai lu colle pas vraiment au film avec Nicholson (dans mes souvenirs).


J'avais acheté un recueil dans la collection "bouquin"(?) ou je sais plus quel éditeur... tout est bon !
Neredev
Pareto a écrit :
Zorzi a écrit :
je ne décroche pas d'un recueil de trois courts romans de l'Américain Jim Harrison, hélas disparu il y a peu, sous le titre de Légendes d'automne. C'est le genre de livre qu'on quitte à regret même quand nos yeux pleurent de fatigue.


Vous conseilleriez quoi de Jim Harrison ?
Je suis intéressé par Wolf, c'est intriguant la description que j'en ai lu colle pas vraiment au film avec Nicholson (dans mes souvenirs).


Un bon jour pour mourir et Sorcier son excellents - des personnages désabusés qui se retrouvent ballottés au gré de leur incapacité à agir de manière rationnelle. Le second est mon Jim Harrison préféré. Tous ses romans/nouvelles/novellas avec le personnage de Chien Brun sont eux aussi très drôles. Je crois qu'il est sorti un recueil avec toutes les histoires en question.

Dans les récents, The River Swimmer est super aussi. C'est un drôle d'auteur, très peu connu en Angleterre et quasi-confidentiel aux Etats-Unis...

Un autre type qui a un peu le même statut, c'est Rick Bass, peut-être un peu plus abstrait et minéral que Jim Harrison (il est géologue de formation), mais c'est l'autre auteur essentiel pour qui s'intéresse à la nature américaine. J'ai lu un de ses recueils de nouvelles l'année dernière (The Watch) qui envoyait pas mal.

Je suis en plein dans une sorte de binge-reading d'auteurs du Sud - le premier Truman Capote (Other Rooms, Other Voices), Carson McCullers (un recueil de ses premiers travaux & machins peu édités qui s'appelle The Mortaged Heart), et, présentement, un recueil des histoires de Flannery O'Connor qui est déroutant de modernité (ça date des années 50), très sec et très drôle. L'auteur, comme McCullers, est morte assez jeune après des années de maladie. Je recommande...
rapideyemove
Flannery O' Connor, une lecture indispensable, et pas seulement cantonnée au Deep South.
Pour les francophones, la traduction des Œuvres Complètes chez Gallimard (collection "Quarto") est de très très bonne tenue.
Par exemple, le recueil de nouvelles Les braves gens ne courent pas les rues (A Good Man Is Hard To Find), sans doute son œuvre la plus connue.
Mais aussi le roman Et ce sont les violents qui l'emportent (The Violent Bear It Away, 1960).

Carson Mc Cullers une autre évidence, trop discrète.
The Ballad of the Sad Café, pour continuer dans les nouvelles.

Et la réussite du genre très prolifique de la nouvelle (au cas où : short story, et non novel) dans le monde anglophone mériterait à lui seul un détour (Raymond Carver, Sherwood Anderson, Francis Scott Fitzgerald, Henry James...etc.)

Enfin, parce qu'il n'y a pas dans le Sud, que le génie incantatoire de Faulkner (ah, Light in August ), reste à lire au moins All the King's Men (Les fous du roi), le roman de Robert Penn Warren, dont il existe une excellente traduction française..

Des écrivains rock, comme le requiert un autre topic ?
Je ne sais pas et renonce à savoir ce qu'une telle catégorie peut sérieusement prétendre envisager.

Mais des voix, des visions et des prosodies inspirantes, des flows (donc des rythmes, voir la pensée et l'œuvre de Henri Meschonnic pour cela), ça ne fait aucun doute.

Idem Samuel Beckett, Franz Kafka, James Joyce, Varlam Chalamov, Virginia Woolf, Julien Gracq, Jorge Luis Borges, Robert Musil, Malcolm Lowry, Ossip Mandelstam, Claude Simon, Katherine Mansfield, Marcel Proust, Marina Tsvétaïeva ou Paul Celan...
Bref, mon name–dropping habituel, mais soigneusement écourté, ici....

@ Neredev, merci encore pour les hiéroglyphes de David Thomas que tu avais utilement signalés à ma myopie distraite, il y a presque deux ans, en mémoire d'une certaine boutique de disques, du côté de Euclid Avenue, 41 ans plus tôt .
«Wir leben unter finsteren Himmeln, und –es gibt wenig Menschen. Darum gibt es wohl auch so wenig Gedichte. Die Hoffnungen, die ich noch habe, sind nicht groß. Ich versuche, mir das mir Verbliebene zu erhalten. »
Paul Celan, 18 mai 1960, Lettre à Hans Bender.
(Ok merci pour vos réponses les gars c'est cool. )
jules_albert
un livre d'entretiens avec françois guérif (éditeur de jim thompson, siniac, manchette, ellroy, etc.) vient de paraître en poche.

tout en esquissant une histoire du roman noir, le livre est rempli d'anecdotes et de remarques cocasses sur des romanciers fréquentés par guérif, comme par exemple robin cook, l'auteur de j'étais dora suarez :

Ce qui fait l'importance de Robin Cook, c'est d'abord son écriture, qui est magnifique. C'est aussi le fait qu'il aborde des sujets très durs à sa façon, avec cette espèce d'incroyable compassion. Il est en rupture totale avec le paysage du roman policier anglais. [...] Il brise ces codes et promène un regard impitoyable sur la société anglaise, doublé d'un discours politique radical. Chez lui c'est très violent. D'autant plus violent par rapport à ce qu'il représente pour la société anglaise : il est quand même issu de la haute société ! [...] C'est un homme révolté. [...] Robin Cook est entré à Eton, l'école la plus convoitée d'Angleterre et il en est sorti de sa propre volonté en disant : "Vous êtes des tarés. C'est le cimetière ici, vous perpétuez des traditions obsolètes, vous êtes le berceau du fascisme, vous êtes de la merde !"


françois guérif, du polar
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Lao
  • Lao
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  • #4328
  • Publié par
    Lao
    le 13 Mai 2016, 22:01
Ca me rappelle l'ambiance d'un film culte des années 60 "If"
jules_albert
oui, il y avait certainement des affinités entre le free cinema (lindsay anderson, karel reisz), les "angry young men" (alan sillitoe, etc.), et robin cook (qu'il ne faut pas confondre avec le robin cook américain, auteur de thrillers médicaux).
tous ces auteurs avaient à peu près le même âge et partageaient sans doute la même révolte... robin cook, obsédé par le mal, a laissé derrière lui une œuvre singulière ("dostoïevskienne" selon guérif).
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jules_albert
cet éloge poétique de la splendeur du désert est aussi un manifeste contre le saccage de la nature par la société marchande :



Peu de livres ont autant déchainé les passions que Désert solitaire. Publié pour la première fois en 1968, Désert solitaire est en effet de ces rares livres dont on peut affirmer sans exagérer qu'il "changeait les vies" comme l'écrit Doug Peacock dans sa préface.

À la fin des années 1950, Edward Abbey travaille deux saisons comme ranger dans le parc national des Arches, en plein cœur du désert de l’Utah. Lorsqu’il y retourne, une dizaine d’années plus tard, il constate avec effroi que le progrès est aussi passé par là. Cette aventure forme la base d'un récit envoûtant, véritable chant d'amour à la sauvagerie du monde, mais aussi formidable coup de colère du légendaire auteur du Gang de la Clef à Molette.

Chef-d'œuvre irrévérencieux et tumultueux, Désert solitaire est un classique du Nature Writing et sans conteste l’un des plus beaux textes jamais inspirés par le désert américain.


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jim204
  • jim204
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Gang de la Clef à Molette se lit aussi très bien
jules_albert
bel article sur désert solitaire : http://anagnoste.blogspot.com.(...).html

L’impression ne tient pas seulement au mode de vie d’Edward Abbey, qui sa vie durant coura après « tout ce qui se trouve au-delà du bout des routes », mais aussi au fait que ce monde est, aujourd’hui, déjà, un monde mort. Ce qu’il pressentait, en 1967, avertissant que son livre était déjà « une élégie, un tombeau » ; et de préciser : « Ce que vous tenez entre vos mains est une stèle. Une foutue dalle de roc. Ne vous la faites pas tomber sur les pieds ; lancez-la contre quelque chose de grand, fait de verre et d’acier. Qu’avez-vous à perdre ? ». On mesure mieux, et la distance qui nous sépare, et le triomphe de ce qu’il avait en horreur – « un système économique qui ne peut que croître ou mourir est nécessairement traître à tout ce qui est humain. »

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Épuisé chez Payot, réédité chez Gallmeister tout comme les autres ouvrages du père Abbey
hercule01
Je lis ca en ce moment.





Lecture peu évidente (surtout dans le métro) mais passionante. Lisant ce livre très lentement, j'en suis à la définition du sur-travail à l'origine de la plus-value. Ayant une formation d'économiste type classique et keynésienne la découverte du marxisme offre une vision autre et enrichissante.
Clip de mon groupe Triptyque
https://youtu.be/ztcqWq84pXA

Twitter:@triptyque11
jules_albert
il y a quelques jours, je suis tombé sur la brochure que mustapha khayati avait rédigé anonymement en 1970 pour l'encyclopédie du monde actuel (e.d.m.a.) qui avait son siège à lausanne.
les marxismes : idéologies et révolution est une sorte de "que sais-je ?" qui synthétise bien les différents avatars du marxisme, en voici un extrait éclairant :


L'œuvre maîtresse de Marx, Le Capital, n'est pas tant un traité d'économie qu'une critique de l'économie politique, comme l'indique le sous-titre même de l'ouvrage. Malgré certaines références à la rigueur scientifique, Marx n'a pas cherché à faire œuvre d'économiste, ni a fortiori à enrichir la science économique.

La théorie exposée dans Le Capital vise avant tout à démonter les fondements de l'économie politique, science "bourgeoise" par excellence. La critique de la marchandise, de la forme marchande de production, en est le centre, et le "fétichisme" est le concept qui résume cette critique.

La révolution prolétarienne devient une nécessité inhérente à l'être même du prolétariat. Celui-ci est "révolutionnaire ou il n'est rien". Son internationalisme ne découle pas d'une option "idéologique", mais de la force même des choses ; c'est la bourgeoisie et son système marchand qui ont unifié le monde, et la lutte contre eux ne peut être menée que mondialement. Dernière révolution de classe, la révolution socialiste a pour but d'abolir définitivement les classes et d'instaurer une société où rien ne pourra plus exister "indépendamment des individus". L'abolition de l'Etat en est une condition sine qua non. Dès lors que "l'émancipation des travailleurs eux-mêmes", la libération de la classe ne peut se faire que collectivement, en dehors de toute représentation (principe bourgeois). La "dictature révolutionnaire du prolétariat" abolira en même temps que la propriété privée, le principe hiérarchique, les classes et l'Etat, la marchandise et le salariat.

Tel était le noyau fondamental de la théorie de Marx lorsqu'elle est apparue. Depuis plus d'un siècle, il a été rarement admis - dans sa totalité - par tous les disciples. Déjà de son vivant, devant les déformations de sa pensée, Marx protestait en écrivant : "Je ne suis pas marxiste". D'un côté le marxisme deviendra non seulement une idéologie (au sens de Marx), mais une justification de la politique des partis ouvriers réformistes et staliniens. D'un autre côté, il ne cessera d'inspirer, en dehors des appareils politiques et des luttes ouvrières, une réflexion "critique et révolutionnaire" fidèle à ses origines sinon à ses buts.

Le processus d'idéologisation de la pensée de Marx a commencé avec son plus fidèle compagnon, Engels, à la fin de sa vie. L'accord établi entre celui-ci et les dirigeants du plus puissant parti ouvrier de l'époque, la social-démocratie allemande, va faire école et devenir la justification de nombreux compromis politiques. En admettant le parlementarisme comme moyen possible d'accéder au socialisme, Engels - dans ce qu'il est convenu d'appeler son testament - semblait entériner la politique réformiste des leaders du mouvement ouvrier. Auparavant, il avait déjà insisté sur le caractère "scientifique" du socialisme, ouvrant par-là la voie à tous les idéologues de la IIème Internationale, essentiellement au Kautskisme. En un mot, à l'idéologie marxiste.



à propos de louis althusser :

Professeur à l'Ecole normale supérieure où il a rassemblé de nombreux disciples, Louis Althusser se réclame de la grande tradition philosophique du "socialisme scientifique" : "Marx - Engels - Lénine - Staline - Mao Tsé-toung". Tout en demeurant membre du parti, Althusser ne craint pas de proclamer que "Staline est l'un des plus grands philosophes de notre temps".


d'autres photos : https://situationnisteblog.wor(...)1974/


sur le même sujet, celui de l'idéologie marxiste particulièrement froide :


kostas papaïoannou, l'idéologie froide : essai sur le dépérissement du marxisme, 1967.
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