J'ai été aussi un peu déçu par Anatomie d'une chute.
Visiblement le film cartonne à l'international (les mauvaises langues diront que c'est parce que la plupart des dialogues sont en anglais) Tant mieux, c'est bien écrit (pour le coup c'est pas la chute d'un couple, mais la réussite vu que le scénario est signé avec son mec qui a réalisé dernièrement le très bon film Onoda) c'est bien interprété, réalisé avec intelligence. Mais de là a parler de grand film, de mécanique d'orfèvre, de pignolage intello sur Deleuze (parce qu'il est remercié au générique). Faut pas pousser mémé du troisième étage du chalet dans les orties.
Sybelle a écrit :
- un peu de wokisme de ci, de là, pas méchant mais gratuit et qui n'apporte pas grand chose «mon statut matrimonial n'a rien à faire dans un tribunal», alors que si, justement, à cet instant que je ne vais pas dévoiler.
J'ai pas vu de propos woke dans ce film
(il faut arrêter de voir des wokes partout). Le féminisme de Triet il est quand même beaucoup plus dilué. Ses personnages féminins sont pas sympathiques, opaques, durs, glacés, avec des personnalités fragmentées.
Le féminisme il apparait dans la critique de l'angle d'attaque du procureur : la femme hystérique violente face au mari fautif, jaloux et castré. Le vocabulaire a changé, mais ça n'a pas beaucoup évolué depuis madame Bovary c'est toujours aussi simpliste. Mais le propos du film est plus large sur les limites de la perception de l'âme humaine par le factuel d'un tribunal.
Pareil pour le couple, les mecs qui ne s'adaptent pas aux changements sociétaux dans les rapports zhoms/fams ont de grands risques de se casser la gueule. Mais c'est aussi plus large, sur les rivalités dans le couple, les égos en compétition pour de la reconnaissance.
Après (c'est sans doute voulu). Le film est assez terne, morose (la photo est neutre, ça fait penser aux premiers films "sociaux" de Tavernier comme "des enfants gâtés" ou à Pialat) avec des effets naturalistes (zoom, recadrage faussement raté, balayage). les comédiens sont bons mais un peu incolores sans "lumière". Il n'y a pas d'effet de manche, de twist de la mort, de plaidoiries théâtrales etc... Pas de morale, de récompense ou d'explication. Les personnages ne sont pas mieux à la fin qu'au début, ils sont juste sorti de la merde où ils étaient (un peu comme chez De Palma de façon récurrente).
Le film dure quand même 2H30, c'est assez bavard et je ne me suis pas endormi. C'est donc réalisé avec talent, c'est pas sexy mais il y a un rythme qui fait qu'on ne lâche pas. On sent qu'il a eu du taf à la réa (pas mal de références et de citations au cinéma de genre, le ballon qui descend l'escalier, Argento) et à l'écriture (tout le boulot sur les sens, les yeux du gamin du et chien, le flair du chien, les enregistrements/souvenirs audio, les flashbacks piles au bon moment etc...)
Succès mérité et film à voir, mais de là a parler de chef d'œuvre, de meilleure palme d'or depuis longtemps, faut pas déconner.
"Macron est de gauche" BluesBarbu le 20/02/2021