Article ce jour dans "Le Progrès" : "Comment mieux protéger les animaux sauvages?"
""Comment mieux préserver les espèces animales sauvages et assurer leur protection au même titre que les animaux domestiques? Telles étaient les questions débattues mardi par des associations, élus, juristes et scientifiques à Paris, avec la Fondation Droit Animal Ethique et Sciences (LFDA).
Préserver les espèces sauvages en déclin, protéger ces animaux des actes de cruauté infligés par l'Homme... Ces thèmes discutés mardi lors du colloque de la Fondation Droit Animal Ethique et Sciences occupent une place grandissante dans le débat public et politique.
Les chiffres du déclin de la biodiversité sont en effet inquiétants: en 50 ans, 70% des vertébrés ont disparu dans le monde. En France, 18% des espèces sont menacées de disparition selon le dernier rapport de l'Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN). En cause, la destruction de leur habitat, l'artificialisation des sols, ou encore le réchauffement climatique.
Autant de dommages directement causés par l'action humaine. Cohabitation difficile avec le loup dans les Alpes, disparition des primates dans les forêts primaires, déclin alarmant des oiseaux dans nos campagnes... Les nombreux exemples d'atteinte aux animaux sauvages évoqués par les intervenants ont conduit à une conclusion unanime: "il faut que l'on considère le vivant comme ayant autant de droit que nous à vivre sur cette planète", a résumé Hélène Soublet, vétérinaire et directrice de la Fondation pour la Recherche sur la Biodiversité.
Les intervenants du colloque se sont interrogés sur le mal fait aux animaux. Un animal sauvage en liberté ne bénéficie en effet d'aucune protection juridique individuelle, excepté s'il appartient à une espèce protégée. "Vous coupez un renard en deux, il ne se passe rien. Alors qu'avec le même geste envers un chien vous risquez des sanctions pénales," a déploré le député des Alpes Maritimes, Loïc Dombreval, rapporteur de la loi sur la maltraitance animale, actuellement étudiée au Parlement.
"Une incohérence juridique" également dénoncée par la juriste Muriel Falaise, qui a évoqué les sévices infligés à certains animaux sauvages au cours de chasses traditionnelles comme la vènerie sous terre ou la chasse à la glu, de plus en plus critiquées par l'opinion publique. "C'est étonnant que dans notre pays on maintienne des pratiques d'un autre temps!" a t-elle fustigé.
Ce sujet pourrait bien s'immiscer dans la campagne présidentielle: selon un sondage Ifop pour la LFDA paru en septembre, 85% des Français et 81% des ruraux sont favorables à l'extension de l'interdiction des actes de cruauté infligés aux animaux sauvages. Pour Louis Schweitzer, président de la LFDA, "on est donc face à un mouvement de fond que les Français souhaitent voir se traduire par des actes!"