De manière plus générale, son analyse des tendances complotistes est assez édifiant.
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Le complotisme est une béquille intellectuelle face à la complexité du monde, mais aussi une béquille psychologique face à une réalité difficile à assumer. Le discours conspirationniste relayé par Gims vient à la fois flatter l'idée d'une grandeur passée de la civilisation africaine et désigner en même temps un coupable. L'afrocentrisme vient ici panser des blessures narcissiques profondes, issues à la fois de la domination coloniale et de la réalité contemporaine, la réalité déceptive d'un continent qui, certes, concentre d'immenses ressources et sort progressivement de l'extrême pauvreté, mais continue, malgré cela et soixante ans après la décolonisation, à accumuler les handicaps et à être assujetti politiquement et économiquement.
Adopter un discours conspirationniste sert aussi à se présenter avantageusement sous les atours de celui qui ne s'en laisse pas conter, celui à qui on ne la fait pas, celui qui est plus malin que les autres, les « moutons », tous ceux qui, paraît-il, ne se posent pas de questions. Le conspirationnisme est un discours extrêmement méprisant à l'égard de tous ceux qui ne partagent pas ses vues, on ne le souligne pas suffisamment. Hélas, le conspirationnisme revêt aussi une dimension addictive. On sait que croire à plusieurs théories du complot a tendance à vous rendre plus disponible que la moyenne à n'importe quelle autre théorie du complot.