Adam Bopel a écrit :
Biosmog a écrit :
Oui, j'ai quand même l'impression que ce topic est un peu le point de ralliement de tous les censeurs psychorigides de g.com! la langue est une chose vivante, c'est notre chose à nous, les locuteurs, pas celle des grammairiens. La maladresse, l'imperfection font partie de la parole, elle en sont les artisanes de son sens ultime, justement. On peut déplorer le manque de créativité de certaines personnes, et c'est d'ailleurs l'intention originelle de ce topic. Mais pointer les "fautes", les expressions que l'on juge "de mauvais goût" est un boulot de la police du langage. Et c'est dommage qu'un commissariat se soit installé sur g.com.
Pourquoi avoir créé ce sujet, dans ce cas ?
ça m'aurait étonné que nous ne passions pas pour des "censeurs psychorigides" ... "Police" ? "commissariat" ? Euh ...ça va un peu loin, non ?
Pour ma part, ce n'est pas le manque de créativité qui m'agace, et je trouve la maladresse très touchante, si l'intention n'est pas de vouloir épater l'interlocuteur.
En revanche, j'ai un peu de mal avec cette forme de paresse intellectuelle et un certain snobisme qui consistent (par exemple) à user et abuser d'anglicismes ou à se satisfaire de néologismes fumeux, souvent par les journalistes .. Tout ça pour quoi ? Pour "ringardiser" notre langue ...
Par pitié, ne me sors pas le couplet de la "langue-qui-doit-nécessairement-évoluer", car tu ne me feras jamais croire que les gens qui maltraitent à ce point une langue sont capables de s'exprimer correctement, que ce soit en français, ou en anglais (cf.
Pidgin English).
Ceci écrit, je te rassure : quand des expressions de gens "bien intentionnées" (qui, pour le coup, estiment faire preuve de "bon goût") me "piquent" les oreilles*, je ne les assomme jamais avec des remarques cassantes ... Pas même mes collègues -bien que ce ne soit pas l'envie qui me manque, car je pense que les profs ont une sacrée responsabilité dans ce domaine ...
Je voue une admiration sans bornes pour Cavanna, tombé amoureux fou du français en lisant des bouquins étant môme, et qui savait passer d'un registre à l'autre sans jamais se complaire dans la facilité.
*Explique-moi comment on peut être "impacté" par un roman ... Ne peut-on simplement être "touché", "ému" ? C'est si ringard d'utiliser ces mots-là ?
oui, je suis du côté la langue-qui-doit-nécessairement-évoluer
Il faut pour moi éviter le fétichisme de la langue qui est l'ébauche de la prétention immense à en prendre le pouvoir. En général, quand une institution essaie d'imposer le sens des mots, elle essaie d'imposer des manières de voir le monde et de se l'approprier. Le français est un bon exemple de totalitarisme langagier, avec une campagne de stérilisation des parler et cultures populaires, sans précédent, fin XIXème, début XXème. Nous, pauvres francophones nous sommes handicapés de la communication parce qu'on a vécu à grande échelle l'imposition d'une norme linguistique mort-née.
D'après ta localisation, tu parles ce français qui a la prétention d'incarner la norme francophone (tu serait même pas loin du cœur historique). Je viens d'une périphérie de la langue française, pas français mais fier francophone. J'expérimente tous les jours ce métissage créatif qu'est la langue vivante, ce qui nait uniquement dans les villes-frontières, les villes-ports, les villes de passage. J'habite un pays qui a quatre langue nationale, et je travaille dans une institution germanophone. Je mesure très bien je crois, ce qu'est une langue dans son existence concrète, de langue de travail, non pas de langue d'école, de langue de livre et de manuel, ou de langue pour touristes.
Mais sinon, je n'ai rien contre ce ... sujet de discussion. Je trouve juste que parfois, il dérive vers un côté normatif qui n'a pas lieu d'être.
Vous battez pas, je vous aime tous