Les expressions/tics de langage qui vous énervent...

Rappel du dernier message de la page précédente :
deadproz
skynet a écrit :
deadproz a écrit :
Ben j'sais pas, merde?



Ce mot est un peu vulgaire, plutôt "Excrément" dans ce cas.


Certes, voir fiente...
rapideyemove
Kandide a écrit :
On peut écrire alors:
Guitaristiquement ?

Le correcteur ne semble pas le vouloir....

Qu'est-ce qu'on peut mettre alors si on a plus le droit de dire cordialement ?


Je ne sais pas.
"Avec magie", "Votre main et mon salut"
(discutable, celui-ci, même à l'envers...
...) ?
Ou "lotta continua"...?
Puis quoi, encore ?

En tout cas, pas trop d'adverbes.
Quoique ce "cordialement", je trouve ça pas mal du tout.

Politesse ?
Lisse, poli, propre, brillant, mais uni.

La "polis" grecque ( πόλις, en grec ancien), la cité, la ville, ce qui fait acte de société, d'agora, de forum, donc d'urbanité, contre la sylve (silva), la forêt de bêtes sauvages.
Chez Hobbes : "bellum omnium contra omnes", l'état de guerre de chacun contre chacun :

"I demonstrate in the first place, that the state of men without civil society (which state we may properly call the state of nature) is nothing else but a mere war of all against all ; and in that war all men have equal right unto all things." (De Cive, Du Citoyen).

D'où, sans doute, le recours à la "police", ou aux coquilles d'huîtres (ostraca) quand l'assemblée des citoyens (ecclesia) inventait ce qui ne s'appelait pas encore le bannissement.

Ou alors à la façon de Cervantès concluant, en 1605, la 1° partie de Don Quichotte avec une citation de L'Arioste tirée de L'Orlando furioso :
"Forse altro canterà con miglior plettro".
Ou il est question de chanter, la prochaine fois, avec un bien meilleur plectre...

Donc, pour mettre un terme, à ce mot, je dirai peut-être ...
... à la prochaine, je chanterai avec un bien meilleur médiator !


«Wir leben unter finsteren Himmeln, und –es gibt wenig Menschen. Darum gibt es wohl auch so wenig Gedichte. Die Hoffnungen, die ich noch habe, sind nicht groß. Ich versuche, mir das mir Verbliebene zu erhalten. »
Paul Celan, 18 mai 1960, Lettre à Hans Bender.
numero27 a écrit :
Malgré que ...

je veux pas faire le casse couille, enfin si un peu, mais faut bien reconnaitre que ça écorche les oreilles pire qu'une vieille corde détendue au milieu d'un accord.
Il faut reconnaitre aussi qu'il y a une recrudescence de "malgré que" sur le forum, alors il est temps d'agir, de se lever, de dire stop, parce que ça ne peut plus durer.
Donc une bonne fois pour toute,
par pitié,
on ne dit pas "malgré que,
mais "bien que".


Certains universitaires ont réussi a faire passer la locution « Malgré que » comme tout à fait fautive.
C'est pourtant une locution conjonctive tout ce qu'il y a de plus normale, utilisée par les écrivains depuis toujours.
Exemples pris dans "Le Bon Usage" de Grevisse :

Proust :
« (…) malgré qu'elle fût close et qu'il fit nuit sur la terre. »

Alfred de Vigny :
« Malgré que je fusse mal satisfait de mon arrestation. »

Gide :
« (...) pour qui je ressentais une sympathie plus que vive, malgré qu'il eût vingt ans de plus que moi. »

Maupassant :
« Malgré qu'il n'entrât guère en ma chambre (...), j'entendis souvent, la nuit, un bruit furtif qui venait jusqu'à ma porte. »

Anatole France :
« Malgré que je ne le puisse imaginer. »

François Mauriac
« Malgré qu'il ait obtenu tous les prix de sa classe. »

Julien Gracq :
« (...) malgré qu'on eût chaîné les pneus (...) »

Alphonse Daudet :
« Malgré qu'on fût au déclin de la saison. »

On pourrait continuer avec Baudelaire, Mallarmé, Appolinaire, Paul Valéry, Colette, Saint Exupéry, Barrès, Jules Romains, Martin du Gard etc.

Voici ce que dit Gide à ce propos :
« J’ai écrit, avec Proust et Barrès, et ne rougirai pas d’écrire encore : malgré que, estimant que, si l’expression était fautive hier, elle a cessé de l’être. Elle ne se confond pas avec bien que, qui n’indique qu’une résistance passive ; elle indique une opposition. »

Malgré que se trouve dans des textes juridiques du 18ème siècle :

« Malgré l'égalité des voix et malgré même qu'il y en ait une de moins pour luy »
(Parlement de Dijon)


Il y a pourtant et il y aura toujours des gens, principalement parmi ceux qui ont fait des études universitaires, qui estimeront que "Ce n'est pas français ! C'est horrible ! Je blêmis je suffoque ouvrez la fenêtre, je n'en puis plus !"
Moi aussi je peux être pète-couilles (et encore, je suis pas à fond)

Il y a certaines locutions, certaines tournures qui sont considérées comme "pas françaises" sans le moindre fondement, ça se répercute de génération en génération dans les universités.

Une autre, c'est "par contre" qui devrait être remplacé par "en revanche" ou "en compensation" d'après Littré.
Voici ce qu'en dit encore Gide :

« Je sais bien que Voltaire et Littré proscrivent cette locution ; mais « en revanche » et « en compensation », formules de remplacement que Littré propose, ne me paraissent pas toujours convenables… Trouveriez-vous décent qu’une femme vous dise : « oui, mon frère et mon mari sont revenus saufs de la guerre ; en revanche j’y ai perdu mes deux fils » ? ou « la moisson n’a pas été mauvaise, mais en compensation toutes les pommes de terre ont pourri » ? « Par contre » m’est nécessaire, et, me pardonne Littré, je m’y tiens. »

Voici pourtant ce qu'en dit l'Académie Française :
« Condamnée par Littré d’après une remarque de Voltaire, la locution adverbiale "par contre" a été utilisée par d’excellents auteurs français, de Stendhal à Montherlant, en passant par Anatole France, Henri de Régnier, André Gide, Marcel Proust, Jean Giraudoux, Georges Duhamel, Georges Bernanos, Paul Morand, Antoine de Saint-Exupéry, etc. Elle ne peut donc être considérée comme fautive, mais l’usage s’est établi de la déconseiller, chaque fois que l’emploi d’un autre adverbe est possible. »

L'usage s'est établi ?! Oui, chez ceux qui se targuent d'un "bon français" et qui ne respectent même pas son histoire, ses auteurs, sa logique, que dis-je, son génie !

L'embêtant avec ces cuistreries c'est qu'elles sont tellement répandues qu'il faut effectivement éviter de les utiliser de peur d'être lu par quelqu'un qui se dira "Beurk ! que c'est horrible ! Mon Dieu que la langue de Molière est malmenée de nos jours ! Que de laisser-aller, tout va à vau-l'eau, notre civilisation s'effondre, les barbares sont à nos portes ! "
Putain je dis toujours "du coup"

C'est vraiment à chier comme expression...
J'sais pas, mais par contre je vais aller dormir parce que là... Voilà quoi?-.
phatatrax
les mecs qui disent " in fine" et "ca fait sens"

balle dans la tête !
phatatrax
Blue Moon a écrit :
Fallait pas habiter à Paris



ca fait sens !
fabh
  • fabh
  • Vintage Méga utilisateur
  • #1001
  • Publié par
    fabh
    le 31 Janv 2015, 00:56
Jamais entendu "ça fait sens" à Paris.
Biosmog: "T'es franchement pathétique."
rapideyemove
micmacfr a écrit :
Et tu vas faire quoi, du coup ?


En tirer ?
C'est accepté ?

Très bien tes remarques sur "malgré que", même si Gide y a été très mal inspiré sur Proust quand il reçut, début 1913 (je crois...), à la NRF (Gallimard) le 1° manuscrit de La Recherche et rédigea, à la suite, sa fameuse note au comité de lecture, note qui conduisit à l'éviction de l'œuvre de celui qui était encore un inconnu, qui dut courir chez Grasset faire éditer son livre à compte d'auteur.
Gaston Gallimard eut sérieusement à se décarcasser pour rattraper l'exclu les années suivantes.

Nickel aussi sur d'autres adversatifs, comme «par contre».

De toute façon, ce ne sont jamais les puristes–proscripteurs qui font vivre et bouger une langue. Ce sont les œuvres et les peuples.
Les prescripteurs.

Exemple, l'immense La Fontaine.
Exemple, la Révolution française. Et 1830. Et 1848.
Exemple, enfin, les œuvres romanesques du XIX° siècle publiées d'abord en feuilletons, dans les journaux, avant de l'être plus tard en livres ( Le Père Goriot, de Balzac, en 1834, ou les Pickwick's Papers de Dickens en 1836.)

On pourrait ajouter à tes remarques de langue, l'interdiction d'employer l'indicatif avec «jusqu'à ce que» au profit du seul subjonctif.
Condamnation qui souligne, encore une fois, l'incapacité des puristes à procéder autrement que par termes normatifs et dogmatiques... Et nullement à raisonner en termes de logique syntaxico–sémantique...
Cette Logique du Sens que développa Gilles Deleuze, en son temps.

«Wir leben unter finsteren Himmeln, und –es gibt wenig Menschen. Darum gibt es wohl auch so wenig Gedichte. Die Hoffnungen, die ich noch habe, sind nicht groß. Ich versuche, mir das mir Verbliebene zu erhalten. »
Paul Celan, 18 mai 1960, Lettre à Hans Bender.
Biosmog
  • Biosmog
  • Vintage Méga utilisateur
Oui, j'ai quand même l'impression que ce topic est un peu le point de ralliement de tous les censeurs psychorigides de g.com! la langue est une chose vivante, c'est notre chose à nous, les locuteurs, pas celle des grammairiens. La maladresse, l'imperfection font partie de la parole, elle en sont les artisanes de son sens ultime, justement. On peut déplorer le manque de créativité de certaines personnes, et c'est d'ailleurs l'intention originelle de ce topic. Mais pointer les "fautes", les expressions que l'on juge "de mauvais goût" est un boulot de la police du langage. Et c'est dommage qu'un commissariat se soit installé sur g.com.
Vous battez pas, je vous aime tous
rapideyemove
Biosmog a écrit :
Oui, j'ai quand même l'impression que ce topic est un peu le point de ralliement de tous les censeurs psychorigides de g.com! la langue est une chose vivante, c'est notre chose à nous, les locuteurs, pas celle des grammairiens. La maladresse, l'imperfection font partie de la parole, elle en sont les artisanes de son sens ultime, justement. On peut déplorer le manque de créativité de certaines personnes, et c'est d'ailleurs l'intention originelle de ce topic. Mais pointer les "fautes", les expressions que l'on juge "de mauvais goût" est un boulot de la police du langage. Et c'est dommage qu'un commissariat se soit installé sur g.com.


C'est bien le sens de mon message...


Et en même temps, on retrouve beaucoup de plaisanteries et de frivolités heureuses, bien légères, dans ce Topique, à la grecque, comme des champignons, parce que, parce que, eh ben, «topic» ça m'agace.
Et puis, "topique" ça te vous a un furieux petit côté aristotélicien.
Très très chic.

«Wir leben unter finsteren Himmeln, und –es gibt wenig Menschen. Darum gibt es wohl auch so wenig Gedichte. Die Hoffnungen, die ich noch habe, sind nicht groß. Ich versuche, mir das mir Verbliebene zu erhalten. »
Paul Celan, 18 mai 1960, Lettre à Hans Bender.
Adam Bopel
Biosmog a écrit :
Oui, j'ai quand même l'impression que ce topic est un peu le point de ralliement de tous les censeurs psychorigides de g.com! la langue est une chose vivante, c'est notre chose à nous, les locuteurs, pas celle des grammairiens. La maladresse, l'imperfection font partie de la parole, elle en sont les artisanes de son sens ultime, justement. On peut déplorer le manque de créativité de certaines personnes, et c'est d'ailleurs l'intention originelle de ce topic. Mais pointer les "fautes", les expressions que l'on juge "de mauvais goût" est un boulot de la police du langage. Et c'est dommage qu'un commissariat se soit installé sur g.com.
Pourquoi avoir créé ce sujet, dans ce cas ?

ça m'aurait étonné que nous ne passions pas pour des "censeurs psychorigides" ... "Police" ? "commissariat" ? Euh ...ça va un peu loin, non ?

Pour ma part, ce n'est pas le manque de créativité qui m'agace, et je trouve la maladresse très touchante, si l'intention n'est pas de vouloir épater l'interlocuteur.
En revanche, j'ai un peu de mal avec cette forme de paresse intellectuelle et un certain snobisme qui consistent (par exemple) à user et abuser d'anglicismes ou à se satisfaire de néologismes fumeux, souvent par les journalistes .. Tout ça pour quoi ? Pour "ringardiser" notre langue ...
Par pitié, ne me sors pas le couplet de la "langue-qui-doit-nécessairement-évoluer", car tu ne me feras jamais croire que les gens qui maltraitent à ce point une langue sont capables de s'exprimer correctement, que ce soit en français, ou en anglais (cf. Pidgin English).
Ceci écrit, je te rassure : quand des expressions de gens "bien intentionnées" (qui, pour le coup, estiment faire preuve de "bon goût") me "piquent" les oreilles*, je ne les assomme jamais avec des remarques cassantes ... Pas même mes collègues -bien que ce ne soit pas l'envie qui me manque, car je pense que les profs ont une sacrée responsabilité dans ce domaine ...
Je voue une admiration sans bornes pour Cavanna, tombé amoureux fou du français en lisant des bouquins étant môme, et qui savait passer d'un registre à l'autre sans jamais se complaire dans la facilité.


*Explique-moi comment on peut être "impacté" par un roman ... Ne peut-on simplement être "touché", "ému" ? C'est si ringard d'utiliser ces mots-là ?

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